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Alternance / Bazoum Vs Salou Djbo : qui doit être trahi ?

Publié le samedi 27 juillet 2019  |  Autre presse
Bazoum
© Autre presse par DR
Bazoum Vs Salou Djbo
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Des candidats se sont déclarés pour les prochaines élections présidentielles, prévues normalement en 2021, fin légale du deuxième et dernier mandat du président sortant qui a, maintes fois, affirmé son intention d’organiser des élections transparentes, inclusives et justes avant de s’en aller et consacrer, pour renter dans l’histoire certainement, la première alternance démocratique et pacifique dans le pays depuis qu’il est entré en démocratie. Mais peut-on croire à la profession de foi quand, ne serait-ce que par rapport à l’aspect pacifique des prochaines consultations, bien d’éléments perturbateurs persistent, corsés par les rigidités d’un pouvoir qui refuse tout compromis salvateur pour apaiser un climat déjà délétère, potentiellement explosif. Peut-on rendre possible la quiétude avec une CENImaison, et un code électoral taillée sur mesure, concocté dans le cadre d’un agenda que tout le monde comprend aujourd’hui ?

En effet, lorsque tout est arrangé pour exclure délibérément et à dessein certains candidats, et non des moindres, du débat politique et ce dans le seul but de favoriser un candidat à succéder au président sortant, peut-être pour protéger des arrières, il faut croire que l’avenir est plein d’incertitude pour ce pays car le problème n’est pas tant de proclamer des résultats inventés pour promouvoir une victoire factice, mais serait demain, faute de légitimité, de pouvoir bien gouverner si ce n’est par la répression et la terreur policière. Or, ce Niger si fragile ne peut s’offrir le luxe, si c’en est un, de ces brutalités qui ont causé tant de frustrations dans le peuple, éloignant des frères d’une même nation qui ne savent plus que se porter des haines.

Mais les problèmes ne viennent pas que de là. Alors que le président sortant faisait le serment maintes fois renouvelées de quitter le pouvoir en 2021 en laissant un président démocratiquement élu, l’on voit des situations qui se créent autour de lui, situations qui ne devraient pas rendre facile le respect de l’engagement. La promesse est-elle vraiment tenable ? Difficile de le croire quand on peut se rappeler qu’en 2016, la même promesse avaient été faite, sans être tenue, disant même pour rassurer davantage que des élections tropicales qui le couronneront seraient pour lui un échec personnel, mettant pour cela en exergue et en avant son parcours pour montrer à quel point il ne peut s’accommoder d’élections bancales. Les Nigériens, à l’époque avait apprécié les décalages entre la parole et les actes posés.

La promesse renouvelée pour 2021 est d’autant plus cruciale qu’on se demande, au-delà des candidats déclarés et issus de l’opposition qu’on veut à tout pour à tout prix éloigner du processus en créant des conditions qu’ils ne peuvent accepter, qui des deux candidats qui lui sont proches, l’un, Bazoum par le parcours politique fait ensemble, et l’autre par les affinités cultivées sous la dernière transition de laquelle, dit-on, il tient les faveurs qui lui ont permis d’accéder au pouvoir, devra finalement avoir la bénédiction d’Isoufou Mahamadou qui s’apprête à faire ses valises, même si certains pour diverses raisons n’y croient pas, pour lui succéder ? Alors que Bazoum Mohamed est le candidat qu’il préféra face à Hassoumi Massaoudou pour l’imposer au parti quand même il sait qu’on n’impose pas un candidat, l’autre, Salou Djibo, selon certaines indiscrétions n’a choisi de quitter l’armée pour s’aventurer sur le terrain politique qu’il quittait huit ans plus tôt que parce qu’il tient des garanties de la part de celui qu’il avait installé avant de s’en aller à la fin de sa transition.

L’on peut dès lors imaginer le dilemme du président nigérien pour se sortir de cette situation que, du reste, il aura lui même créée, est-on tenté de dire. Quelle parole lui faudra-t-il honorer ? Quel engagement devrait-il tenir ? Bazoum ou Salou Djibo ? Drame cornélien…

Bazoum sait que depuis que l’ancien chef de la transition est sorti des bois, annonçant sa retraite anticipée de l’armée et créant son propre parti politique, la carte de celui qui est désormais ancien soldat vient compliquer les choses et brouiller le jeu qu’il pensait s’être simplifié par une disqualification programmée mais difficile à tenir jusqu’au bout de l’adversaire qu’il redoute, à savoir Hama Amadou. Pour le moment, il ne peut que se réjouir et de se rassurer d’être officiellement le candidat du PNDS. Mais de quel PNDS ? Tout le problème est là quand on sait à quel point sa candidature ne fait pas l’unanimité tant dans ce parti que dans l’alliance qui soutient le pouvoir, l’on ne peut qu’avouer que les prochains jours vont être difficiles pour le philosophe candidat. On sait qu’il en a conscience, pour courir dans tous les sens ces derniers temps pour ratisser large dans les autres partis dans lesquels, par les crises qui les traversent, certains voient sa main. Faut-il craindre pour lui de se faire escroquer par la foule intéressée de ceux qui frapperont à sa porte ʺdiamantifèreʺ en passe de devenir une caverne d’Ali Baba ? Et ceux qui, il y a quelques jours voyaient déjà en lui le prochain président du Niger, ont commencé à être habités par le doute, peu visibles depuis quelques temps, l’équation étant à plusieurs inconnus. Et c’est d’autant compliqué pour lui que des pontes du parti désormais connus, ne portent pas sa candidature. D’ailleurs, si un papier attribué à l’AFP qui circule sur les réseaux sociaux, attestant que le fils serait engagé du côté du Général, Bazoum a de réelles raisons de se faire du souci. Peut-on alors croire malgré tout que c’est ce candidat qui finira par bénéficier de la bénédiction du président sortant pour remporter les prochaines élections même si ce devrait être à la gondwanienne ?

L’autre, pour l’instant, est resté stratégiquement à l’ombre, discret, loin des caméras et des micros, menant, dit-on depuis peu, un travail souterrain pour nouer des alliances, recruter ses nouveaux « soldats », contracter des amitiés politiques fortes, pour trouver une base solide à son aventure. Il a raison de ne pas se hasarder dans la communication, étant entendu qu’il a peu de talent d’ailleurs pour un tel exercice pour travailler à constituer son « armée » pour sa prochaine bataille qui ne sera pas, on l’imagine, de tout repos. Mais a-t-il plus de chance que l’autre candidat du sérail pour avoir les faveurs décisives du Chef ? Des rumeurs persistantes prétendent qu’il serait entouré de certaines précautions pour que son « allié » ne puisse pas se dérober à ses engagements qui seraient pris dans le grand secret, devant un huissier prétend-on et à la clé avec un serment sur le Coran. Un tel scénario est-il imaginable ? Le désir du pouvoir, peut-il conduire à de telles précautions, surréalistes et loufoques ? Issoufou, aurait-il fait cela, obnubilé par le pouvoir qu’il voulait tant à tout prix, ne pouvant penser, face à d’autres pesanteurs, les difficultés à tenir les clauses d’un tel commerce périlleux et surtout, les risques qu’il prend vis-à-vis du pays et de son parti, vis-à-vis de partenaires qui ne peuvent comprendre ces arrangements entre démocrates et putschistes qui inaugurent une nouvelle forme de conquête et de conservation du pouvoir sous les tropiques ? Faut-il croire qu’une telle alliance consacre le kidnapping du pouvoir au Niger par la stratégie du binôme ? Et après le général, est-ce le tour du fils ?

Si ces garde-fous avaient été pris par le soldat qui, on l’imagine ainsi, ne devrait pas faire confiance à son allié, on peut comprendre que le deal pourrait bel et bien être une réalité, auquel cas, Bazoum ne pouvait avoir aucune chance dans les prochaines batailles. On pourrait même croire que lorsque chacun sortira pour se déterminer pour un camp ou pour un autre, la situation pourrait s’envenimer au détriment des deux d’ailleurs. Partageant le même monde, le PNDS en l’occurrence, les militants finiront par en avoir marre au point de se dégoûter des deux. On peut se rappeler qu’un journal de la place, il y a quelques jours annonçait sur la foi de ses sources que le Général aurait déjà eu une rencontre avec le président sortant. Est-ce pour parler sur la stratégie à adopter pour faire aboutir le deal que l’on soupçonne ? Ou est-ce parce que le général voit des signes qui ne le rassurent, voyant venir une trahison et il serait parti pour rappeler à un autre le contrat qui les lierait ?

A-t-il alors plus de chance que l’autre pour être préféré par le président Issoufou ? Difficile à savoir, Issoufou étant luimême une énigme.

Bref, il y a bien de ces éléments qui ajoutent beaucoup d’inconnus dans le jeu politique qui se prépare.

Comment donc Issoufou pourra-t-il concilier ces contradictions qu’il aura luimême créées ? Faut-il croire que c’est une stratégie pour lui, de créer les conditions d’un désordre face auquel, demain, il pourrait convaincre, d’être la seule alternative possible pour maintenir le statu quo et éviter que le pays ne sombre ? Ce n’est pas à exclure quand autour de nous, l’on peut voir chez beaucoup d’autres en fin de mandat la tentation du remake, jouant au dilatoire et au charme à coups de marketing politique. Comment ne pas y penser quand on voit tout ce monde qu’on pousse à applaudir et à féliciter pour la tenue du sommet de l’UA, louant la grandeur d’un homme, son caractère irremplaçable et incomparable ? Sans doute qu’on n’est pas loin de ces appels à la Tazartché. Comment ne pas le croire quand malgré les mises en garde ce 7 avril 2011 de Madame Bazeye, cette brave femme qui donne tant de fierté aux Nigériens, l’on est quand même resté à écouter les flatteurs, à s’abreuver de leurs litanies et de leur escroquerie ?

Ainsi qu’on le voit, les deux marchent dans une obscurité dense qui ne donne aucune lumière sur l’avenir, sur leur avenir. Au stade actuel, il est difficile de savoir, dans la complicité des intriques, qui devra être trahi au profit de l’autre. L’un ou l’autre ? Les deux ?

Tant les deux marchent sur des chemins incertains.

ISAK.
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