Les opérateurs de téléphonie mobile Atlantique Telecom (Moov) et Airtel ont été épinglés pour fraude début juillet 2019 par l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep) du Niger.
Selon les conclusions d’une enquête conduite par le régulateur télécoms en février dernier, passée inaperçue dans les médias locaux, les deux compagnies ont mis en place, en complicité avec l’opérateur historique Niger Telecom également épinglé, des solutions de contournement qui leur ont permis de payer bien moins chers les frais de location de la capacité de transmission par fibre optique sur la ligne Niamey - Malanville.
Niger Telecom a en effet donné à ISOCEL, un FAI (fournisseur d'accès à Internet) opérant sans habilitation légale au Niger, un accès à ses infrastructures de fibre optique pour cette activité parallèle qui a ainsi permis à Moov et Airtel de payer un tarif annuel de 39 713 760 FCFA, location de la capacité de transmission par fibre optique. Un montant contraire à celui validé par l’Arcep.
Cependant, ce n’est qu’à l’opérateur Orange que Niger Telecom a appliqué le véritable montant annuel de l’interconnexion, soit 700 903 200 FCFA. Les opérateurs télécoms Airtel et Moov, respectivement premier et troisième du marché national en termes de part, paye ainsi près de dix-sept fois moins cher qu’Orange pour le même service.
Cette situation, que l’Arcep a jugée comme une violation grave des clauses de non-discrimination, a réduit la pression sur Moov et Airtel alors qu’elle l’a accentuée davantage sur Orange Niger qui est actuellement en difficulté financière.
L’entreprise qui n’est d’ailleurs finalement pas parvenue à un accord avec ses partenaires, au terme de l’audience du 23 juillet 2019 qui s’est soldée par la fermeture de la procédure de règlement préventif ouvert auprès du tribunal de Commerce de Niamey, a indiqué qu’elle reste prête « à examiner toute solution alternative qui préserverait le maintien de l’activité et les intérêts de son personnel ».
Au-delà de l’impact sur Orange Niger, la fraude orchestrée par Niger Telecom, Airtel et Moov a également eu des conséquences financières sur les caisses du Trésor public.