Almoustapha n’en croyait pas ses oreilles. Il était là, ridicule dans son canapé, au milieu de sa progéniture qu’il sentait lui échapper de plus en plus. Le week-end passé, il avait battu à mort Safia, sa deuxième fille qui n’avait que 14 ans, qui avait osé participer à une partie de pique-nique sans l’aviser.
C’était suite à un accident que son groupe avait essuyé en revenant de cette excursion au bord du fleuve que Almoustapha avait été informé par un de ses amis. Quand il avait cherché à comprendre une fois à la maison, tous les frères et soeurs de Safia s’étaient rangés du côté de leur soeur en lui faisant comprendre que Safia n’était pas der la partie. C’était ma nuit qu’il avait été réveillé par des gémissements de Safia qui se plaignait de mal de dos. Une fois à la clinique, on lui avait signifié que sa fille avait eu un choc violent mais que ce n’était pas très grave. C’était le coeur broyé dans la bouche qu’Almoustapha était rentré à la maison. Dans la nuit, il avait battu et Safia et ses frères complices.
Ce samedi soir, après le dîner, Almoustapha avait réuni toute sa famille au salon. La veille, il avait entretenu leur mère Hamsatou pour lui signifier qu’in tiendrait un conseil de famille pour attirer l’attention des enfants sur certains de leurs agissements qu’il trouvait très déplacés. A 21 heures30 minutes, toute la famille était donc au salon sur la demande du chef de la maison. Almoustapha occupait le canapé avec sa femme tandis que les enfants se tenaient respectueusement sur des strapontins, tel dans une salle de spectacle. Almoustapha commentait les informations qui passaient à l’écran, posant des questions aux enfants pour tester leur niveau de culture générale.
A chaque fois, il était édifié par les réponses que donnaient les enfants. Même quand pour répondre à une question sur la surpopulation Safi avait donné comme solution l’espacement des naissances en citant les différentes méthodes contraceptives en les expliquant, Almoustapha ne s’est douté de rien. Il l’a d’ailleurs encouragée à bien apprendre ses leçons de géographie comme elle vient de le faire pour sa leçon d’Economie Familiale. C’était à cet instant que la plus grande lui fit savoir que ce n’était vraiment pas une leçon d’Economie Familiale mais le résultat des recherches qu’elle et sa soeur ont puisé sur internet. Almoustapha a alors piqué une grande colère, leur faisant comprendre qu’il faut bien orienter ses recherches sur le net car très souvent il y a de très mauvaises lectures.
A l’instant, à peine revenu de sa colère, Almoustapha s’aperçut qu’un feuilleton avait relayé les informations à la télévision. Soudain, deux acteurs du film, un homme et une femme se jettent dans les bras l’un de l’autre. Almoustapha se saisit furtivement de la commande et arrête la télévision. Il cria : « ça ce sont des images à ne pas montrer à la télévision ». Les enfants se regardaient en coin, avec des oeillades meurtrières en direction de la petite Hindatou de 8 ans qui cherchait ses mots. Malgré les regards menaçants que ses frères et soeurs dardaient sue elle, Hindatou réussit à cracher :
« Papa, tu es le seul à n’avoir pas vu ce film ; c’est une rediffusion ». Almoustapha s’embourba dans son salon rembourré.