Bassora. La simple évocation du nom de ce quartier périphérique de Niamey fait trembler plus d’un conducteur. Du reste, les taxis urbains se refusent systématiquement à desservir ce quartier, tant l’état des routes (plutôt des pistes) est tout simplement lamentable. Sablonneuses en saison sèche, ces pistes deviennent marécageuses par endroit en saison de pluies, isolant certaines zones. Bassora est en effet, un quartier sans aménagements, installé dans une zone d’écoulement des eaux. En cette saison des pluies, se déplacer à Bassora, c’est la croix et la bannière. Les habitants dudit quartier, en particulier ceux qui ne disposent pas de véhicules, trouvent leur salut grâce aux taxis à tête bleue.
Ces taxis d’un autre genre qui sont l’initiative de certains citoyens ont décidé de faciliter l’accès de ces quartiers en mettant en place des transports particuliers adaptés à ces zones. Les taxis à tête bleue ont leur QG au niveau du marché de Wadata, point de départ pour le quartier Bassora et les autres quartiers adjacents comme Talladjé 50m, une partie du quartier Niamey 2000. Ces modes de transport périurbain se sont aussi développés au niveau d’autres quartiers ayant les mêmes difficultés. Toutefois leurs appellations diffèrent : « Faba-Faba » pour l’axe centre-ville- Aéroport et centre-villeKoiraTégui ; « KabouKabou » (moto taxi) à l’intérieur des quartiers Talladjé, Pays Bas et Aéroport et entre ces trois quartiers ; les kongou-frein (ou Lazaret-Lazaret) qui font l’axe Katako Lazaret, etc.
Les taxis à tête bleue ont commencé leurs activités en 2002 alors que le quartier Bassora était encore peu peuplé, selon M. Ali Dandakoye, chef de ligne des taxis Bassora. Ces taxis appelés aussi « Bassora Bassora » assurent la navette entre le marché Wadata et le quartier Bassora sur des pistes traversant la ceinture verte de Niamey.Comprenant à la création seulement quatre (4) voitures, la famille des taxis à tête-bleue compte aujourd’hui une cinquantaine de véhicules pour assurer le transport des habitants du quartier Bassora. Cette idée de créer un transport propre au quartier est née de l’initiative de militaires retraités comme Ali Dandakoye,qui voulaient permettre aux habitants de Bassora de circuler librement, aux malades d’être évacués vers les centres de santé quelle que soit l’heure et aux commerçants de se ravitailler régulièrement, malgré la difficulté d’accès à leurs quartiers.
Ces taxis à tête-bleue sont composés généralement de voitures d’anciens modèles, considérés par les conducteurs comme plus résistantes et donc plus conformes aux routes et pistes difficiles qu’ils affrontent au quotidien pour relier le quartier Bassora au marché Wadata.Ainsi, malgré les conditions rudes de travail, ces conducteurs de taxi à tête bleue assurent les mêmes tarifs de transport (soit 200 FCFA) que les taxis à tête-rouge circulant au centre-ville.
Les principales difficultés qui sont rencontrées par les conducteurs de taxi à tête-bleue sont le mauvais état des pistes qui donne accès au quartier et qui renvoient constamment leurs véhicules au garage.