Insécurité transfrontalière : un atelier régional pour une meilleure coopération contre les menaces au Liptako-Gourma et dans la zone des Parcs « W », Arly et Pendjari
La capitale du Niger, Niamey, abrite du 30 juillet au 1er Août, un atelier régional de formation thématique sur les bonnes pratiques en matière de sécurité frontalière et de coopération régionale pour combattre les menaces transfrontalières au Liptako-Gourma et dans la zone des Parcs « W », Arly et Pendjari.
L’atelier qui est organisé par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), en collaboration avec le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies (UNOCT), et la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), dans le cadre du Projet « Haske DST», bénéficie du soutien financier du bureau international des Stupéfiants et de l’Application de la loi du Département d’Etat américain. Il a comme principaux objectifs, de renforcer les capacités des acteurs présents dans les zones frontalières du Liptako Gourma (Mali-Niger-Burkina) et des Parcs W/Arly/Pendjari (Bénin-Niger-Burkina), ainsi que d’améliorer la coopération régionale en matière de sécurité transfrontalière. Au cours de l’atelier, il sera aussi question d’améliorer la compréhension de la situation sécuritaire et criminelle dans ces zones, par les acteurs investis dans la gestion des frontières et la sécurité dans ces zones, et de « renforcer les capacités de ces acteurs à répondre à des menaces communes de manière coordonnée ». L’atelier régional devrait ainsi permettre aux autorités du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Bénin de partager des informations et prévisions sur les défis sécuritaires actuellement à l’œuvre dans ces régions. Il s’agira notamment, selon les responsables de l’OIM Niger et de l’UNOCT, « de produire une cartographie des menaces qui permettra aux acteurs de définir les zones prioritaires où renforcer la coopération transfrontalière ». Enfin, les travaux permettront d’examiner « les perspectives sécuritaires et criminelles dans la zone et leurs impacts sur les filières de trafics, les mouvements de population ou encore la situation humanitaire ».
Défis sécuritaires et coopération régionale
La cérémonie d’ouverture de l’atelier, qui se tient à l’hôtel Radisson Blu de Niamey, a été marquée par plusieurs allocutions. C’est ainsi que dans son intervention, le représentant de la DST, M. Alfa Abdourahamane, a tenu à souhaiter la chaleureuse bienvenue en terre nigérienne, à l’ensemble des participants représentant les services opérationnels du Niger, du Mali, du Bénin et du Burkina ; ainsi que les experts de l’OIM, de l’UNOCT, de l’ONUDC, de l’OMD, de l’UEMOA, de l’Autorité du Liptako-Gourma, et du Secrétariat permanant du G5 Sahel. « Votre présence à Niamey et la diversité des fonctions représentées témoignent à la fois de l’importance des enjeux sur lesquels nous allons travailler durant ces trois jours, ainsi que la nécessité d’y apporter une réponse coordonnée », a souligné M. Alfa Abdourahmane, avant de décliner les principales thématiques et activités qui structureront les travaux de l’atelier. Il s’agit d’abord , du partage d’informations entre les différents pays et services, qui constitue « la pierre angulaire de la coopération régionale et un préalable indispensable à l’efficacité de l’action commune sur le terrain ». Ensuite, l’échange de bonnes pratiques en matière de sécurité frontalière et de gestion des frontières, à travers les mécanismes propres dont disposent chaque pays, ainsi que les initiatives régionales. Enfin, un exercice animé par les experts notamment de l’OIM, donnera l’occasion aux représentants civils et des forces intérieures des 4 pays, de tester l’efficacité de leurs dispositifs et la pertinence des différents mécanismes de coopération transfrontalière. « La criticité des enjeux à nos frontières nous oblige à une réponse coordonnée. A travers cet atelier, l’occasion nous est donnée de parfaire notre collaboration nationale et régionale », a conclu M. Alfa Abdourahmane.
De son coté, la nouvelle responsable de l’OIM au Niger, Barbara Rijks, s’est également réjouie de la tenue de cet atelier thématique régional, qui s’inscrit dans le cadre de « trois partenariats novateurs pour le Niger ». Il est en effet organisé, comme l’a relevé Barbara Rijks, d’une part par la DST ; l’OIM et l’UNOCT, et consacre d’autre part, la qualité de la coopération entre la DST et l’OIM Niger, dans le cadre du projet « HASKE DST », financé par le bureau international des Stupéfiants et de l’Application de la loi du Département d’Etat américain. Enfin, a indiqué la chef de la mission de l’OIM au Niger, « l’atelier qui nous réunit aujourd’hui, a été rendu possible grâce au tout premier partenariat entre l’UNOCT et l’OIM ». La responsable de la mission de l’OIM, Barbara Rijks, n’a pas manqué par ailleurs, de remercier tous les partenaires pour leur soutien et surtout leur confiance.
Le représentant du Bureau de l’UNOCT, M. Rocco Messina, a mis l’accent sur l’importance de la cooperation régionale contre les menaces transfrontalières, soulignant que « les membres des organisations terroristes, y compris les combattants terroristes étrangers (FTF), continuent de tirer parti des frontières poreuses à travers le monde. Ainsi, dans le cadre de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies), l 'Assemblée générale a décidé d'intensifier les efforts nationaux et la coopération multilatérale afin d'améliorer le contrôle des frontières et de détecter et prévenir les mouvements de terroristes. Plusieurs initiatives ont été lancées dont l’Initiative triennale sur la sécurité des frontières (BSI), qui est mise en œuvre conjointement avec le Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), et qui est destinée à renforcer la coopération transfrontalière dans la Corne de l'Afrique et le Sahel. Il y a aussi un nouveau programme complet sur la sécurité et la gestion des frontières (BSM), qui oriente ses activités de renforcement des capacités pour les quatre prochaines années, et a été élaboré sur la base de consultations approfondies avec un grand nombre d'Etats membres, ainsi que d'autres entités des Nations Unies et INTERPOL. Il a comme objectif, de « renforcer les capacités des Etats Membres en matière de prévention des mouvements transfrontaliers de terroristes et de lutte contre le flux de FTF en améliorant la sécurité et la gestion des frontières ».
Foyers d’instabilité et menaces transfrontalières
Il convient de noter que l’atelier se déroulera à travers des modules thématiques sur les stratégies de gestion intégrée des frontières, les bonnes pratiques en matière de coopération transfrontalière et les recommandations internationales. Un exercice de simulation sur table permettra aux participants d’examiner les contours opérationnels de ces bonnes pratiques et de dresser un certain nombre de recommandations en faveur d’une meilleure coopération dans les régions concernées.
L’OIM au Niger compte 26 projets actifs, menés par plus de 500 staffs disséminés à Niamey, Agadez, Diffa, Arlit, Dirkou et Zinder. Ces projets couvrent les thématiques de protection des migrants, l’assistance au retour volontaire et à la réintégration, la gestion des urgences humanitaires, la stabilisation des communautés, la lutte contre la traite des personnes et la gestion des frontières.
Les activités de l'unité Gestion des frontières (Immigration and Border Management — IBM) de la mission OIM visent à soutenir le gouvernement du Niger dans le développement de ses capacités infrastructurelles, institutionnelles face aux crises transfrontalières provoquant des déplacements massifs de populations. Dans le cadre de ce partenariat, I’OIM, sur financement du Gouvernement des Etats-Unis, met en œuvre le projet « Haske DST » visant à soutenir les autorités nigériennes dans leur mission de gestion des frontières et de sécurisation du territoire à travers le renforcement des capacités de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), de la Police Nationale nigérienne. Ce projet comprend un volet d’appui à la coopération régionale entre la DST et ses homologues des pays frontaliers. Des missions au Bénin, au Burkina Faso et au Mali ont mis en exergue une véritable dynamique de coordination entre les différentes polices aux frontières et un besoin de partage des informations, d’homogénéisation des pratiques et de collaboration sur le terrain afin de renforcer l’efficacité de la lutte contre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.
Parmi les nombreux foyers d’instabilité qui entourent le Niger, les zones du Parc w/Arly/Pendjari (Bénin-Burkina Faso-Niger) et du Liptako Gourma (Burkina Faso-Mali-Niger) subissent un accroissement des incidents sécuritaires corrélé à une recrudescence des flux de personnes et des trafics. En particulier, les attaques terroristes et de groupes armés ont considérablement augmenté ces derniers mois dans l’est du Burkina Faso et le long de la frontière Mali-Niger. L’arrestation de présumés terroristes en avril 2019 dans le nord du Togo et l’enlèvement de trois civils dans le parc de la Pendjari au Bénin au mois de mai 2019 objectivent l’expansion de la criminalité transfrontaliére organisée et des activités terroristes vers les pays côtiers d'Afrique de Ouest. Les attaques mixtes de groupes islamistes, de bandits et d'autres criminels armés ont créé une situation complexe et en rapide évolution, exacerbée par les conflits communautaires et les filières de trafics, provoquant le déplacement de populations et la crainte que les attaques ne se propagent plus profondément dans le territoire des pays touchés. « Ces phénomènes requièrent une réponse commune à travers la mise en place d’une Stratégie concertée de gestion de ces espaces frontaliers », souligne-t-on à l’OIM, et justifient la pertinence et l’intérêt de cet atelier régional de formation qui portane spécifiquement sur les zones frontalières du Liptako Gourma et des Parcs W/Arly/Pendjari, « afin de favoriser la rencontre, l’échange et la coordination entre les acteurs investis dans la sécurisation de ces frontières ».