On attendait la réaction de Hama Amadou, et elle est venue. S’exprimant pour la première fois depuis le début le début de la nouvelle crise que traverse son parti, dont il vient d’être déchu de la présidence par décision de justice, l’opposant en exil a été « l’invité des 5 dernières minutes » du journal télévisé de Bonferey TV de ce jeudi 1er Aout.
L’ancien président de Lumana s’est prononcé sur la situation de son parti, qui se prépare à tenir son congrès, le 4 Août prochain, avec deux convocations différentes, dont l’une à Niamey et l’autre à Dosso. Pour Hama Amadou, seul le congrès de Niamey est légal et légitime, puisque convoqué par le bureau politique national, alors que celui de Dosso ne l’a été que par Oumarou Noma, qui se considère toujours comme président intérimaire, malgré sa destitution par le bureau politique national dirigé par Seydou Tahirou dit « Parc 20 ».
« Selon les textes fondateurs du parti Lumana, le Congrès ne peut être convoqué que par le bureau politique national, et le président du bureau n’est qu’un membre. A l’intérieur de notre parti, ce sont les organes qui prennent les décisions, ce ne sont pas des individus. Le bureau a décidé en toute légalité de convoquer le Congrès à Niamey, alors si d’autres jugent de convoquer un congrès ailleurs, je dirais qu’ils sont en réunion de groupe mais certainement pas en Congrès. Il n y a pas de débat en cela, et c’est un impératif absolu pour tous les militants et sympathisants de répondre au mot d’ordre du bureau politique national du parti, et certainement pas d’un individu dont la démission a été d’ailleurs constaté d’office par le bureau politique à une large majorité ». Déclaration de Hama Amadou
« Je reste un membre actif du parti et je ne peux pas dire que le pouvoir est derrière cette crise»
De son exil, Hama Amadou a donc et de nouveau apporté son soutien au bureau politique national dirigé par Seydou Tahirou dit « Parc 20 ». En évoquant le cas Oumarou Noma, il a estimé que pour lui, la démission d’office constaté par le bureau politique lors de sa réunion du 26 juillet est légale, car « elle relève des attributions du bureau politique ». En ce sens, le bureau politique national du parti peut également prendre librement toute décision qu’il estime nécessaire, a estimé Hama Amadou, s’adressant explicitement à ceux qui seront tentés de se rendre au Congrès de Dosso. Sur ce congrès de Dosso d’ailleurs, convoqué par l’aile de Oumarou Noma, et que l’opposant ne reconnait pas d’ailleurs, Hama Amadou a ironisé que « c’est risible » que son nom soit évoqué et utilisé, juste pour rassembler les militants. « Vous ne pouvez pas demander la déchéance d’une personne et ensuite organiser un congrès en son nom », a estimé l’opposant.
Dans l’entretien télévisé, l’ancien président de l’Assemblée nationale est aussi revenu sur sa situation au sein du parti, et surtout son assignation en justice par Oumarou Noma, à l’issue de laquelle il a été déchu de son poste, par l’ordonnance de référé du Tribunal de Niamey. Selon Hama Amadou, « c’est en réalité sans surprises », qu’il a pris connaissance de la décision de celui qu’il a placé comme intérimaire depuis des années, et qu’il a finalement déchu de son poste. Selon l’ancien président de Lumana, en écrivant au bureau politique national, pour que Oumarou Noma n’exerce plus les attributions de président par intérim en son nom, son intention était de ramener la cohésion au sein du bureau politique national, pour qu’il fonctionne normalement et prépare le prochain congrès du Parti. « Pour moi, c’était l’essentiel et je crois que le bureau politique a retrouvé la plénitude de ses attributions et prépare sereinement le Congrès», a ajouté Hama Amadou
Interrogé sur le rôle que certains attribuent au pouvoir dans cette crise, Hama Amadou a estimé qu’il n’a aucun élément au stade actuel pour accuser le régime, « même si cette situation pourrait lui en profiter ».
« Quand on est de l’opposition, on est tenté de voir la main du pouvoir dans de telles circonstances, mais pour être honnête, aucun élément ne me permet de dire que le pouvoir est derrière cette situation. Je ne pourrais que dire, que le pouvoir est heureux de ces perturbations que connait un adversaire, et pourrait en profiter ». Hama Amadou
Enfin, Hama Amadou s’est prononcé sur sa nouvelle situation au sein du Lumana. « Je reste un membre actif du parti, pour l’ensemble des militants du parti, même à travers les guéguerres que nous connaissons, vous voyez que tout le monde se réfère en moi. Je suis un fédérateur, un conseiller politique et peut-être le concepteur de l’avenir du parti, malgré ses nouvelles conditions que l’adversité m’impose », a conclut Hama Amadou, qui cette fois-ci, a soigneusement éviter de se déclarer président du Moden Lumana/FA, ainsi que sa candidature pour les prochaines présidentielles. La question qui se pose est de savoir s’il s’est résigné à accepter son sort, « celui que l’adversité lui a imposé », comme il l’a lui-même dit, ou s’il s’agit d’une stratégie politique? Et connaissant l’homme politique qu’il est, ce dernier cas de figure parait le plus plausible…