Issa Hayatou a les larmes aux yeux. Au moment de lire son discours de circonstance, la voix rauque du président de la Caf est entrecoupée par des sanglots. A peine veut-il continuer, que le ton baigne à nouveau dans l’émotion. C’est à peine s’il tient debout sur le pupitre. A l’aide d’un mouchoir, il s’essuie confusément le visage avant de continuer. Difficile pour le public qui l’encourage par des applaudissements, de comprendre qu’un haut responsable de sa trame peut encore se montrer aussi sensible devant un tel parterre d’invités. Mais Issa Hayatou a vite fait de répondre. « Je vis l’un des plus beaux moments de ma vie. Jamais je n’aurais pensé qu’après avoir été habitué à des circonstances pareilles un peu partout dans le monde, je puisse être aussi ému », confesse le prince de Garoua au service du football africain depuis 25 ans. C’est que la cérémonie d’hier restera l’une des plus mémorables pour le président de la Caf. Lui qui a reçu tous les honneurs de la patrie reconnaissante. En témoigne la longue file d’amis et proches qui sont venus lui dire toute leur reconnaissance.
Grégoire Owona, ministre du travail et de la sécurité sociale, André Mama Fouda, ministre de la santé publique qu’accompagnait Alim Hayatou, secrétaire d’Etat à la santé publique, Roger Milla, ambassadeur itinérant. Autres invités de marques, des amis du cercle très fermé de Issa Hayatou : le Guinéen Kabélé, le sénégalais Badara et le béninois Anjorin Moucharafou. Ce nouveau membre du comité exécutif de la Caf, actuel président de la Fédération béninoise de football (Fbf) a débarqué à Yaoundé avec deux autres amis du président Hayatou. Il s’agit du secrétaire général de la Fbf Quentin Didavi et du journaliste Jacques Roux conseiller spécial en communication du président Anjorin. L’heureux élu clôt son propos par un merci de déférence et de reconnaissance au Chef de l’Etat qui vient de l’honorer en le portant au rang de Commandeur de l’ordre de la Valeur. Pour Adoum Garoua, ministre des sports et de l’éducation physique, cette réélection et cette longévité à la prestigieuse fonction de président de la Caf depuis 1988, « témoignent des qualités exceptionnelles de manager de celui-là même qui aura permis à l’Afrique de progresser de deux à cinq places pour la participation à une phase finale de Coupe du monde de football ».
Performances
Et de continuer dans un discours des plus apologétiques « c’est aussi grâce à ce valeureux fils du pays que le continent noir a accueilli et organisé pour la première fois le Mondial en 2010 en Afrique du Sud, couronné de succès, de l’avis général. La Can, événement phare de la Caf, lui doit également son accroissement spectaculaire de (sa) notoriété avec une audience estimée aujourd’hui à plus de 6 milliards de téléspectateurs ». Pour Iya Mohammed, président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), le Cameroun célèbre l’un de ses plus grands fleurons sportifs et diplomatiques puisque cette marque de reconnaissance du Chef de l’Etat n’est rien d’autre que le résultat d’une longue et riche carrière de l’homme pour qui il a toujours eu de l’admiration. « J’ai toujours voulu l’imiter parce qu’il m’a beaucoup inspiré. Il m’a marqué par sa maturité, sa persévérance, son état d’esprit qui traduit à la fois de la rigueur et du sérieux. C’est un exemple qui devrait aider tous les sportifs aujourd’hui. Le président Hayatou est quelqu’un qui a beaucoup de foi puisqu’il a toujours su surmonter toutes les épreuves qui se sont dressé sur son chemin », confie-t-il.
En clair, cette médaille est une façon pour l’Etat du Cameroun de saluer l’œuvre que ce M. Hayatou a accompli pour le football africain. C’est lui qui a été à la manœuvre afin que le système de rotation pour l’organisation du Mondial soit adopté par le congrès de la Fifa et par son comité exécutif.
Ce, avec l’appui de ses collègues africains au comité exécutif de la Fifa soutenus par l’Europe. Ce système a d’ailleurs permis au continent africain (Afrique du sud) en 2010 d’accueillir la plus grande épreuve sportive au monde après les Jeux Olympiques. Que dire des excellentes performances réalisées par les équipes africaines dans diverses compétitions de la Fifa (médailles d’or aux Jeux Olympiques d’Atlanta et de Sydney), victoires au championnat du Monde des moins de 17 ans en 1991, 1993 et 1995, deuxième place au championnat du monde des moins de 17 ans en 1993, 1997 et 2001 et au championnat juniors en 1989, 1993 et 2001. C’est que, en sa qualité de membre du comité exécutif du Conseil supérieur du sport en Afrique (Cssa) et de 1er Vice-président de l’Ucsa, Issa Hayatou a su donner au football, sport numéro un aux Jeux Africains tout en permettant aux équipes africaines qualifiées de présenter uniquement leurs équipes olympiques, tout son sens et son contenu. Et l’aventure continue.