Le Niger abrite du 18 au 20 Juin, le pré-Forum régional de concertation avec les organisations de la société civile, les associations des jeunes et des femmes, les chefs traditionnels et religieux et les universitaires du Bassin du Lac Tchad. L’ouverture des travaux a été présidée hier matin à Niamey par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses, M. Bazoum Mohamed. Cette rencontre régionale est une occasion pour les participants de s’imprégner de la stratégie régionale de stabilisation, de redressement et de résilience des zones du Bassin du Lac Tchad.
Le forum convoqué par la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) avec l’appui de l’UA, du PNUD, de l’Agence Allemande pour le Développement GIZ et de l’ONG Internationale CMI (Crisis Management Initiative) vient en prélude au Forum des gouverneurs du Bassin du Lac Tchad prévu en Juillet 2019. Il vise particulièrement à élargir l’espace pour l’engagement et la participation des citoyens et à bâtir la confiance entre les différentes couches sociales. Pendant trois jours, les jeunes et les femmes échangeront sur les questions qui touchent la participation de la société civile aux efforts de stabilisation et de consolidation de la paix dans le bassin du lac Tchad, en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes et des jeunes.
Spécifiquement, le forum vise à informer les participants de la Stratégie Régionale de Stabilisation (SRS), de ses objectifs et de ses modalités de mise en œuvre, en particulier du rôle de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), du Forum des Gouverneurs et de la société civile. Le forum devrait également servir de plateforme d’échanges pour les représentants des communautés touchées du Bassin du Lac Tchad afin de partager le Projet de note conceptuelle publique, leurs expériences et leurs bonnes pratiques. Ils vont aussi discuter des moyens devant permettre une contribution efficace et inclusive de la société civile aux efforts de stabilisation, y compris la participation active des femmes et des jeunes.
A l’ouverture des travaux, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses a souligné que ces assises ses tiennent dans un contexte marqué aussi bien par une pression démographique croissante – la densité est passée de 10 à 60 habitants au km² dans certaines zones – que par une réduction drastique des ressources naturelles, « les tensions communautaires se sont exacerbées entre agriculteurs et éleveurs ». Toutefois, a-t-il ajouté, c’est surtout l’activisme du groupe terroriste nigérian Boko-Haram dans l’Etat du Borno, et l’implantation de certains de ses éléments dans le lit du Lac Tchad, qui apparaissent comme l’une des menaces sécuritaires majeures dans la Zone. « Le défi pour les Etats riverains est de définir une approche convergente de la maitrise et de l’éradication de la menace, pour éviter à la région le destin d’une nouvelle zone à la merci de dynamiques incontrôlables» a déclaré M. Bazoum Mohamed.
C’est dans cette optique, a a-t-il dit, que le Forum des Gouverneurs du Bassin du Lac Tchad a été identifié comme un mécanisme primaire de promotion de la coopération politique transfrontalière en même temps que la plateforme régionale de la société civile. Pour le ministre d’Etat, l’instabilité que connait le Bassin du Lac Tchad aujourd’hui ne peut qu’exacerber les tensions qui mènent aux violences contre les filles, les femmes et les jeunes. « Il est important que, collectivement, nous exigions un plus grand leadership de la part de tous les acteurs, que ce soit les politiciens, les forces de défense et de sécurité, les autorités locales et les chefs communautaires (traditionnels et religieux) pour la consolidation de la paix dans le bassin du lac Tchad », a-t-il souligné.
Pour sa part, la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Mme Ruby Sandhu-Rojon a félicité les acteurs de ce Forum pour leur engagement dans la lutte contre Boko-Haram avant de saluer les efforts que déploie la Force mixte multinationale dans ce sens. « Au niveau de l’ONU, nous sommes interpelés par l’augmentation des activités de Boko-Haram et toutes les menaces qui se posent sur la paix et la sécurité dans la Région du Sahel avec les conséquences dramatiques au niveau humanitaire avec près 100 000 déplacés au Niger. J’attire votre attention sur la résolution 23-49 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui met un accent particulier sur la nécessité d’avoir une Stratégie régionale qui pose la problématique de la cause profonde de la crise de Boko-Haram, une approche qui aligne la sécurité, la gouvernance et le développement, tout en soulignant le rôle que doit jouer ces participants pour atteindre un tel objectif »,a déclaré Mme Ruby Sandhu-Rojon.