Le président de la HALCIA, Gousmane Abdourahamane, a confirmé dans un point de presse qu’il a tenu ce vendredi 16 Août à Niamey, que le processus de passation et d’exécution du marché relatif à la confection du nouveau permis de conduire biométrique est entaché d’irrégularités.Comme nous l’avons précédemment rapporté dans un précédent article, face au tollé que cette affaire a provoqué, la HALCIA s’est saisie d’office du dossier, en vertu de ses prérogatives. Selon les explications du président de la HALCIA, au stade actuel de l’enquête, presque tous les documents relatifs à cette convention ont été mis à la disposition des enquêteurs. Aussi, Gousmane Abdourahamane a annoncé qu’une dizaine des réquisitions ont été adressées aux services concernés en vue de faire certaines vérifications, et une dizaine de responsables ont été également entendus.
Selon les premières constatations qui ressortent des investigations qui sont toujours en cours, la HALCIA a relevé que « des agents de l’Etat ont été mis à la disposition de la société délégataire en violation des dispositions de l’article 165 du décret portant modalités d’application de loi sur le statut général de la Fonction publique de l’Etat ». Ce qu’a dénoncé déjà le Syndicat national du personnel de l’administration du secteur des transports (SYNPAT) qui a déposé un préavis de grève pour les 8 et 9 Août, avant de finalement signer un protocole d’accord, le jeudi 15 Août, avec la tutelle.
« Des proches de certains hauts responsables du ministère concerné seraient impliqués dans le processus d’exécution de cette convention ; des sociétés ont été créées, apparemment pour la circonstance ; la procédure de passation du marché semble elle-même entachée d’irrégularités ». Gousmane Abdourahamane, président de la HALCIA.
Les investigations se poursuivent et selon les explications du président de la HALCIA, l’enquête est actuellement à la phase de rassemblement des preuves et d’identification formelle des auteurs, co-auteurs et complices de cette entreprise.
En attendant la fin de l’enquête, des inquiétudes à l’horizon
En attendant la fin des investigations que mènent la HALCIA, les informations que nous avions précédemment rapportées sur des « choses louches au ministère des transports » se confirment. Au centre de l’affaire, le ministre Karidjo Mahamadou ; le premier responsable du département ; ainsi que certains cadres du ministère et les membres de la Commission des marchés publics qui dépend du cabinet du premier ministre. Les révélations préliminaires de la HALCIA sur les conditions irrégulières d’attribution de ce marché à Haroun Printing, une société appartenant à un libanais, remettent en cause les explications données par les cadres du ministère des Transports dans leur conférence de presse du samedi 28 juillet. Du reste, la décision prise au plus haut sommet de l’Etat de stopper le processus de délivrance du nouveau permis de conduire biométrique a déjà confirmé que la passation du marché n’a pas respecté les conditions légales en la matière.
Il reste à attendre la suite qui sera donnée à ce dossier. Interrogé par Actuniger sur la suite qui sera réservée aux dossiers qu’elle traite, le président de la HALCIA a déclaré qu’à chaque fois, un rapport est adressé au Président de la République et au procureur. Devant le tollé qu’a provoqué cette affaire, qui a beaucoup défrayé la chronique, les coupables devront nécessairement payer au risque de promouvoir la culture de l’impunité au Niger. Les enjeux sont énormes sans compter aussi, qu’un dénouement malheureux de cette affaire pourrait être préjudiciable à l’Etat. La société Haroun Printing a déjà consenti des investissements et selon les responsables du ministère, le marché a été attribué dans des « conditions régulières ». A l’horizon, se pointent les prémices d’un scénario à la « Africard » !