La Commission électorale du Niger vient de dévoiler le calendrier électoral. Et dans le landerneau politique du Niger, on se demande si l’ancien président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, plébiscité par les deux ailes de son parti sera de la course. Hama Amadou fondateur du Moden en 2009, a été adoubé par les deux factions de son parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden), principal parti de l’opposition pour la présidentielle de 2021.
En effet, alors que l’ancien premier responsable du Parlement nigérien désormais réfugié en France, a été condamné pour «trafic illégal de bébé au Nigeria au profit de l’une de ses épouses», il a eu la caution de ses ailes de son parti malgré sa déchéance prononcée il y a quelques jours par un juge. Résultat, en guise d’adoubement, Hama Amadou a été très gâté, car ce sont les deux ailes du parti qui ont décidé de soutenir sa candidature.
En effet, les deux obédiences pourtant rivales du Moden, ont tenu des congrès simultanés à Niamey et à Dosso (sud-ouest) pour plébisciter Hama Amadou. De ces deux ailes rivales, ce sont les assises de Dosso qui ont surpris les observateurs avertis.
“Les participants au troisième congrès ordinaire du parti réitèrent leur soutien sans faille à la candidature de Hama Amadou aux élections présidentielles 2021”, souligne le communiqué du congrès de Dosso. En effet, l’initiateur de cette rencontre n’est que Oumarou Noma, président par intérim du Moden pourtant éjecté mi-juillet du fauteuil par Hama Amadou.
Dans son discours, le président par intérim s’est prononcé sur «Le mal qui est profond, parce que nous avons une rébellion dans le parti, mais il n’y a pas de problème sans solution», a déclaré de son côté Oumarou Noma devant ses partisans, qui l’ont désigné “président du Moden” en remplacement de Hama Amadou.
Un doublon qui handicape
En dépit de cet activisme débordant de ses ex camarades qui étaient à Dosso, Hama Amadou, a au contraire, exprimé son “soutien” au congrès de Niamey par visioconférence. Et dans un réquisitoire, il n’a pas manqué de dénoncer la volonté manifeste de certains qui ont par tous les moyens semer au sein du parti les graines de la division et du chaos.
Comme on le voit, le Bureau politique national du Moden, fidèle à Hama Amadou et soutenu par les députés du parti, avait donc les faveurs du grand manitou, Hama Amadou. Que se passera-t-il au regard de ce doublon qui s’observe avec ces deux ailes qui se réclament du Moden ?
En effet, au regard de ces deux congrès organisés, les spécialistes de droit ont désormais le regard tourné vers la justice. Il reviendra donc aux juges d’arbitrer cette bataille pour reconnaitre l’un des deux congrès.
Mais d’ores et déjà, les nuages ont commencé par s’amonceler, car le 26 juillet dernier, un juge de référé saisi par ce président par intérim, Oumarou Noma, avait déclaré “de nul effet la décision” de Hama Amadou évinçant M. Noma du poste de président par intérim. Le juge avait “constaté la déchéance de Hama Amadou de la présidence du Moden”, en raison de sa “condamnation à un an de prison”, et qu’il n’avait pas qualité pour agir au nom du parti.
Au regard de ces premiers détails, la justice tranchera-t-elle finalement au profit de l’ancien président du Parlement du Niger, Hama Amadou ? On attend de voir surtout qu’il a été déchu de son poste de député et remplacé par son suppléant sera-t-il écarté du prochain scrutin présidentiel ? La peine infamante à lui infligée relativement à cette «affaire de trafic international de bébés», une affaire que Hama Amadou a toujours qualifié de complot politique du pouvoir pour l‘écarter, aura-t-il d’effets ? Hama Amadou qui vit actuellement en exil après sa condamnation à un an de prison en mars 2017, sera-t-il écarté de la présidentielle de 2021?
L’Union sacrée
Comme on le voit, Hama Amadou arrivé deuxième à la présidentielle de 2016, ne sait encore à quel saint se vouer pour sa candidature en 2021. Si le Moden se déchire dans la perspective de la prochaine présidentielle, c’est l’union sacrée autour du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, ou PNDS, parti au pouvoir.
En effet, pour 2021, c’est Mohamed Bazoum, le ministre de l’Intérieur qui a été quant à lui plébiscité lors d’une cérémonie d’investiture qui s’est déroulée au Palais des sports de Niamey devant des milliers de militants des partis de la coalition au pouvoir.
Plusieurs fois ministre, Mohamed Bazoum est un proche du président Issoufou. Celui-ci au regard de la Constitution ne peut se représenter pour un troisième mandat. Au PNDS, le président sortant Mahamadou Issoufou, a su taire les tiraillements internes.
En effet, au sein du parti présidentiel, le PNDS, la guerre de leadership n’est plus d’actualité depuis janvier 2019, suite au limogeage de Hassoumi Massaoudou, le redoutable ministre des Finances.
Mais au-delà, de son poste gouvernemental, Hassoumi Massaoudou, avait aussi un autre atout, celui d’être le secrétaire général du parti. Mais au finish, Mahamadou Issoufou, a pris fait et cause pour Mohamed Bazoum, compagnon de lutte et co-fondateur du PNDS.