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Contribution de Djibril Baré au post de Souley Adji « DU COSIMBA AU COSBAM »

Publié le mercredi 21 aout 2019  |  Tamtaminfo
Djibril
© Autre presse par DR
Djibril Baré : « Moi j’ai un programme ambitieux …et Incha Allah je serais candidat en 2021 ! »
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M. ADJI, j’ai lu avec intérêt votre post de ce jeudi lié au fait que M. Mohamed Bazoum a créé le COSBAM, comité de soutien à sa candidature, auquel vous prédisez que le sort du Cosimba du Colonel Ibrahim Mainassara Baré risque de se produire une seconde fois.

Tout en comprenant votre désarroi, je me suis alors interrogé si l’objet de votre post est de dénoncer les pratiques antidémocratiques en cours ou tenter de salir la mémoire du président Baré en justifiant au passage l’assassinat dont il a été victime.

Quand vous qualifiez de prestidigitateur « le Colonel Baré qui avait réussi à se faire élire au premier tour des présidentielles (en 1996)… flanqué des petits partis sans base populaire aucune », l’analyse n’engage que vous et vous seul puisque vous n’ignorez pas que les partis que vous estimez grands avaient été amputés de nombre de leurs grands électeurs. Et que faites-vous des erreurs commises par les opposants et leurs tentatives de fraude qui ont incontestablement profité au général qui n’a jamais caché son aversion pour cette démocratie copier-coller ?

Que sont-ils devenus, ces grands partis dont vous parlez ? Quand vous déclarez péremptoirement, urbi et orbi, que « les élections locales de 1999, tout aussi tropicalisées, sonneront pourtant le glas du régime et finalement l’assassinat du mal-élu lui-même par sa propre garde sécuritaire », je vous laisse la paternité d’une telle affirmation gratuite, puisque, à ce que je sache, vous n’êtes ni juge, ni criminologue. Vous auriez pu nuancer votre assertion en accusant le chef de sa garde qu’Allah (SWT) a lourdement sanctionné.

Surtout que votre assertion est le prolongement de celle développée par des responsables et autres proscrits de tous bords qui avaient très vite cherché des boucs émissaires ou des raisons pour justifier un acte aussi ignoble. Comme si une telle ignominie pouvait trouver des circonstances atténuantes pour avoir été vigoureusement condamnée par la communauté nationale et internationale.

M. le sociologue, souvenez-vous du discours du 4 mai 1993 à Nevers, prononcé lors des obsèques de Pierre Bérégovoy par François Mitterrand président de la République Française, auteur du discours de La Baule qui a lancé démocratie dans nos pays : « […] Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie, au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous… ».

M. Adji, si vous estimez que le président a été tué pour avoir organisé ce que vous appelez « des élections locales tropicalisées », quel sort réserveriez-vous alors à ceux qui les ont organisées avec des années de retard ou même, refusent délibérément de les organiser, en violation de la constitution ? Et quel sort vous réserveriez-vous à celui qui voulait transformer la république en monarchie après avoir suspendu la constitution ? La bombe à neutrons dans les cas peut être ?

L’assassin du Président Baré, qu’Allah (SWT) a rappelé à Lui dans les conditions que tout le monde sait, dès qu’il a été saisi de doutes, a déclaré sur les médias, sans avoir jamais été démenti de son vivant, qu’il a accompli sa macabre besogne « après consultation de la classe politique et la société civile ». Vous avait-il consulté ? Si oui, ceci explique alors cela.

Pour l’heure, notez bien que la Cour de Justice de la CEDEAO saisie qui s’est déclarée compétente, a jugé l’affaire et a donné son verdict par l’arrêt du 23 octobre 2015 dans lequel elle a tranché : « Il convient donc d’affirmer un droit à la vérité pour les victimes. Concrètement, celui-ci se traduit par le devoir des autorités étatiques de mener des enquêtes et investigations relativement aux faits et événements en cause…» (Paragraphe 55).

En l’absence de telles enquêtes vous versez dans la conjecture. Or, à ce propos, Allah (SWT), Gloire à Lui, a dit : « Ô vous les croyants ! Evitez de conjecturer sur autrui : certaines des conjectures sont des péchés…. ! Ne dites pas de mal les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? Non, vous en auriez horreur. Craignez donc Dieu !… » (Sourate 49, Verset 12).

Rappelez-vous, ceux qui avaient assassiné le Président Baré avaient tenté, avec cynisme, de faire passer l’acte comme un « accident malheureux ». Même si l’auteur de la déclaration avait fini par avouer que ce « n’était qu’un mensonge destiné à calmer les ardeurs des partisans de Baré, afin d’éviter un bain de sang…C’était « l’accident malheureux » ou « la Sierra Leone », avait-il ajouté (en référence aux massacres de civils perpétrés dans les années 90).

Si, comme vous me l’apprenez, M. Mohamed Bazoum a créé un comité de soutien à sa candidature, c’est son droit, même si ce qui est interdit c’est la campagne électorale déguisée et anticipée, mais je ne suis point surpris puisque l’historien et écrivain russe, Nikolaï Karamzine m’a bien prévenu que “L’histoire est encore plus rancunière que les hommes”.

« La rupture d’égalité pratiquée lors de la tenue des scrutins » n’a jamais été une exclusivité du président Baré ou celle de notre pays. Elle s’est pratiquée avant lui et se pratiquera pendant longtemps encore et dans plusieurs autres pays en transition vers la démocratie tant que la culture démocratique tardera à s’ancrer dans nos mœurs politiques.

Si je vous réponds aujourd’hui après vos nombreux écrits des vingt (20) dernières années sur ce sujet aussi sensible, c’est parce qu’il me semble que vous perdez souvent de vue que « la parole » de ce qu’en dit le Sage Amadou Hampâté Bâ : « écorche et coupe. Elle modèle, déforme et module. Elle irrite, amplifie, apaise, rehausse et abaisse. Elle perturbe, guérit, rend malade et selon sa charge parfois tue net… » ?

Sinon, j’avais pris la décision de ne plus répondre sur le sujet, pour avoir entendu toutes sortes d’inepties sur cet assassinat de la part d’acteurs intolérants à propos desquels Mohamed Talbi, l’un des historiens et penseurs les plus éminents du monde arabo-musulman et premier doyen, en 1966, de la faculté des lettres et sciences humaines de Tunis, avait dit :

« On ne peut pas empêcher l’homme d’être imbécile, c’est ce qui fait d’ailleurs son charme. L’idiotie est un aspect de l’humain. Imaginez un monde fait d’êtres super intelligents. Il serait insipide. Nous avons besoin d’imbéciles, à condition qu’ils ne deviennent pas explosifs, dans le sens littéral et figuré du terme. »

Et vous, quelle est votre part dans « l’éternel recommencement ou à la stagnation voire à la régression démocratique » puisque sur le sujet Achille Mbembé, l’Eminent Penseur a conclu : « Pour leur part, les intellectuels n’ont pas réussi à dépasser le chaos, se contentant d’un saupoudrage étonnant : la démocratie est mise en pratique sans pensée démocratique… » ? Il pourrait certainement ajouter que la démocratie ne se prépare pas par Facebook et sur des palabres sur des plateaux de Télévision. Et pour faire de la démocratie, il faut des démocrates.

In fine, même si vous êtes sociologue, retenez, comme l’a dit Tajar Ben Jelloun que « la démocratie n’est pas un comprimé qu’on dissout dans l’eau ; c’est une culture qui demande du temps et de la pédagogie ».
Question ultime : dites-moi, de la classe politique actuelle, qui est plus démocrate (au sens noble du terme), plus nationaliste, plus Nigérien, plus courageux, plus humain, plus généreux, plus noble, plus tolérant que Baré ?
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