A la tête de la capitale nigérienne depuis un peu plus de deux ans, M. Mouctar Mamoudou, met en œuvre plusieurs programmes et projets pour faire de Niamey une ville coquette, ‘‘Nyala’’, où il fait bon vivre. Faire de cette vitrine nationale une capitale moderne, comme le souhaitent les Autorités de la 7ème République, sous la houlette du Président de la République, Issoufou Mahamadou, tel est aussi le rêve de M. Mamoudou, qui ne ménage ni son temps ni les moyens, pour l’atteinte de cet objectif. La communication, l’information et la sensibilisation sont les outils appropriés qu’il utilise pour faire adhérer la population à cet idéal. Les obstacles n’en manquent pas. Dans cet entretien, il nous parle du chemin parcouru sur cette trajectoire, les obstacles rencontrés au quotidien mais aussi les perspectives pour Niamey-Nyala.
A la faveur des préparatifs de la Conférence de l’UA 2019, la ville de Niamey a bénéficié d’importantes infrastructures modernes. Comment compter vous capitaliser ces acquis ?
Je dois d’abord dire que, jamais dans son histoire, la ville de Niamey n’a connu un tel intérêt et une telle dynamique ainsi qu’une volonté politique de ci-haut niveau. Le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou a eu la belle initiative de dédier à la ville de Niamey un Programme spécial, appelé Programme ‘‘Niamey-Nyala’’ ou Niamey la coquette. Ce programme est une grande ambition, celle de faire de Niamey une grande ville. Et cela à travers la dotation d’infrastructures et équipements structurants. Aujourd’hui, cela est une réalité et a permis à tous les pays africains de faire confiance au Président de la République, Issoufou Mahamadou, de faire aussi confiance à la ville de Niamey pour accueillir le plus grand sommet de notre continent. Il est unanimement reconnu que ce sommet a été un grand sommet, une vraie réussite et un succès total et cela à tous points de vue. La ville de Niamey a su accueillir l’Afrique chez elle, elle a su organiser ce sommet dans des très bonnes conditions de sécurité, d’hospitalité. Elle a su mettre à la disposition de ses hôtes des équipements adéquats pour leur séjour. Ce défi a donc été relevé par la volonté de tous, chacun et chacune s’est investi et à contribuer à cette réussite. Maintenant, le sommet de l’UA est passé. Reste la sauvegarde et la pérennisation de ces acquis. La ville de Niamey est en train de s’investir, avec tous les acteurs, pour sauvegarder ces acquis. Mais aussi pour continuer à faire de notre capitale une ville Nyala. L’ambition du Président de la République pour la ville de Niamey se poursuit. Pour cela, il faudrait aussi une implication, une mobilisation et surtout un changement de mentalité et de comportement de toute la population de Niamey. Un changement, dis-je pour s’approprier toutes ces réalisations, faire siennes de toutes ces réalisations. Que ça soit les routes, les hôtels, les échangeurs, les espaces publics aménagés, les bénéficiaires de tout cela c’est avant tout la population de Niamey. Donc ces populations doivent prendre soin de tous ces investissements et de toutes ces réalisations, en ne commettant pas des dommages là-dessus, en empêchant qu’on y commette des dommages, en les protégeant. C’est d’ailleurs, pour cela que nous avons mis en place des comités de quartiers, autour de ces comités nous avons réunis toutes les organisations sociales, civiles comme militaires, nous avons aussi initié plusieurs programmes, comme I-Nyala, qui est une plateforme interactive, il y aussi le numéro vert, pour permettre une interaction avec la population, nous avons aussi dédié une journée pour Niamey-Nyala, qui est le 1er dimanche de chaque mois, nous avons lancé le concours du quartier le plus propre, mais aussi Nyala Challenge. Tout récemment, nous avons lancé l’évènement Nyala Bayan Sallah, qui est une initiative qui a pour objectif d’inscrire la salubrité dans notre culture, dans notre tradition et dans nos habitudes. Car nous estimons que, de la même manière qu’avant une fête chaque famille apprête son ménage, il doit, tout autant, le faire aussi après la fête. Cela n’est ni plus ni moins qu’une question de bon sens. Cette opération de Niamey Bayan Sallah sera répétée à chaque fête. Certes nous demandons la compréhension, la mobilisation et l’association de la population dans le cadre des initiatives que nous proposons mais nous devons aussi créer des cadres, donner des outils qui peuvent permettre à cette population de nous suivre et d’agir. Nous comptons continuer dans cette démarche pour que s’instaure dans la ville de Niamey une véritable dynamique de prise en charge de la gestion urbaine. Cette responsabilité urbaine va au-delà de la responsabilité collective, qui est celle des autorités, aller jusqu’à la responsabilité individuelle. Chacune et chacun doit comprendre que la gestion de notre capitale est une affaire de tous. Aujourd’hui les agents de la Mairie sont constamment sur le terrain, de nuit comme de jours, pour rendre la ville propre. Cependant, il y a deux phénomènes qui entravent ce processus. Il y a d’abord que là où nous nettoyons d’autres salissent. Nous devons faire en sorte que cela s’arrête par la sensibilisation et la communication. Il y a aussi le fait qu’au moment où nous prenons en charge tous ces espaces, il y a des ménages qui ne font rien. Alors nous devons créer les conditions pour amener chaque ménage à prendre en charge son périmètre de vie.
Vous avez récemment pris de nouvelles mesures visant à imposer l’ordre et la discipline, dans la ville de Niamey. A ce titre des brigadiers d’assainissement ont été instruits pour sanctionner et amender tout contrevenant aux consignes d’hygiène et d’assainissement et même de sécurité. Qu’est-ce-qui motive ces nouvelles mesures ?
D’abord pour toute activité de salubrité que nous menons, il y a de la sensibilisation à l’endroit des populations de Niamey. Il y a toujours un message direct que nous adressons que ce soit sur le terrain ou nous trouvons et à travers les médias pour ceux qui ne sont pas mobilisés, ils vont écouter le message, ils vont voire l’activité et ça peut faire école. Donc cette brigade était sur le terrain dans ce sens-là. Nous allons certes continuer la communication, mais aussi parallèlement nous allons sanctionner, pénaliser les contrevenants aux mesures et aux règles qui régissent le mieux de notre société ; c’est notre responsabilité et j’aimerais que les ménages comprennent que désormais toute la ville de Niamey, arrondissement par arrondissement, quartier par quartier, ménage par ménage, sera parcourue par les brigadiers sanitaires. Nous allons nous donner les moyens pour atteindre cet objectif pour que chaque ménage de Niamey puisse être visité par les brigades pour voir les conditions de vie de ces ménages et des alentours en termes de salubrité ; il faut que les gens comprennent que la salubrité d’un ménage impacte sur les voisins, impact sur le quartier et par conséquent impact sur la ville de Niamey d’une manière générale. C’est pour cela que nous devons absolument faire ce travail -là et nous souhaitons la bonne compréhension de la population. Qu’elle comprenne que ces brigadiers sanitaires ne sont pas des oppresseurs, ces sont des personnes qui s’investissent pour le bien-être général. C’est une équipe formée pour cette tâche et qui va la faire avec professionnalisme et responsabilité et j’en appelle à l’adhésion de la population pour la réussite de cette mission. Tout le monde aspire au bien-être dans un environnement physique beau et assaini. Cette volonté est soutenue par le premier responsable du Niger pour que notre ville, qui est la capitale, puisse être un modèle pour toutes les autres villes du Niger et au-delà que Niamey Nyala puisse inspirer les autre Pays. Au dernier sommet de l’UA, tous ceux qui sont venus ont apprécié, ont aimé notre ville et je pense que le pari est presque gagné. Nous n’allons pas nous coucher sur nos lauriers car beaucoup reste à faire.
Monsieur le Président, vous venez de le dire la tâche est âpre concernant plusieurs aspects comme l’occupation anarchique des espaces publiques, la mendicité, les animaux en divagation dans l’espace urbain, l’abattage clandestin, l’encombrement de la voie express par les étalages des commerces notamment vers les alentours de grand marché. Est-ce que vous avez réellement les moyens d’y mettre de l’ordre ?
Vous savez ces phénomènes que vous citez, c’est ça la ville ; la ville est le lieu de concentration d’activités et il y a des autorités, il y a une administration qui est là pour créer de l’harmonie pour que toutes ces activités se passent et se fassent dans des bonnes conditions et au bénéfice de toute la population de Niamey. Donc toutes ces activités que vous avez citées, nous allons travailler avec les acteurs concernés. Chaque aspect que vous citez est une problématique pour laquelle nous devons mobiliser des ressources humaines, des moyens logistiques, financiers. Aussi avec ce dont nous disposons nous allons mobiliser les moyens de terrain pour régler les différents problèmes identifiés.
A la veille de la tenue de la Conférence de l’UA, vous avez pris des dispositions pour atténuer le flot de mendiants dans les rues de la capitale. Juste après cette rencontre continentale, les mendiants ont repris du service. Est-ce à dire que ce fléau de mendicité dans les rues peut être résolu ?
En fait, la mendicité ne s’est pas installée en un seul instant, c’est un processus ; aussi pour renverser la tendance cela mettra aussi du temps. Nous sommes donc dans cette dynamique. Nous ne prétendons pas mettre fin à cette mendicité du jour au lendemain. Vous faites bien de le préciser et c’est l’occasion d’expliquer à l’opinion nationale et à la ville de Niamey que nous ne sommes pas en train d’interdire catégoriquement la mendicité. Nous avons associé les oulémas, les leaders religieux, les instances juridiques pour nous éclairer sur ce que dit la religion sur la mendicité, ce que dit la loi sur la mendicité. En terme de pratique, qui doit le faire, comment ça doit se faire, où et quand etc…nous avons réuni toutes ces intelligences, toutes ces connaissances pour prendre les dispositions que nous avons prises à travers un communiqué basé sur la réglementation juridique. Donc c’est à l’issue de ça que nous avons pris cette mesure pour interdire la mendicité dans les rues, et dans les ronds-points et orienter les mendiants a des lieux bien dédiés, bien indiqués, tout en proposant des solutions alternatives à ces mendiants dont la possibilité, la capacité de travailler. Je vais vous dire quelques chiffres, avant-hier, l’opération que nous avons menée sur le terrain, nous avons pris 77 mendiants, parmi eux nous avons 5 aveugles, 7 handicapés de membres ce qui fait 12 handicapés, 15 mineurs, nous avons 50 bras valides parmi lesquels 15 hommes et 35 femmes. C’est à dire près des 2/3 des mendiants pris sont des bras valides. Cela montre la pertinence et la nécessité d’une telle mesure. Pratiquement la majorité de ceux qui se trouvent dans les rues et ronds-points ne sont pas véritablement des mendiants d’où il faut comprendre cette mesure, l’accepter et apporter son concours pour son efficacité. Pour que nous puissions identifier les vrais mendiants et pouvoir apporter à ces nécessiteux de l’aide et de l’appui. Nous avons dans ce sens associé toutes les organisations caritatives pour que nous puissions collaborer avec elles et orienter les aides vers des vrais bénéficiaires. Il faudrait aussi que la population participe à ne s’adonnant pas à de l’aumône dans les rues par ce que tout simplement ce n’est pas sûr que vous donnez à des mendiants et aussi vous entravez la circulation. Au niveau de la ville de Niamey, nous avons dans nos services d’hygiène et d’assainissement recruté des personnes démunies, de femmes veuves, des jeunes qui n’ont pas par exemple réussi leur scolarité, nous leur proposons du travail. Et ils sont sur le terrain jour et nuit pour travailler dans la salubrité urbaine par exemple et à la fin de chaque mois ils ont des revenus. Cela permet tout simplement à ces personnes de ne pas se retrouver dans la rue pour s’adonner à des actes pas bien pour notre société. Voilà la dynamique dans laquelle on est je pense que c’est important que tous les acteurs puissent accompagner cette démarche de la ville de Niamey.
Monsieur le Président, cela fait un peu plus de deux ans que vous êtes sur le terrain de l’action, à la tête de la Mairie de Niamey. Quel regard jetez-vous sur toutes ces actions réalisées et quelles sont les perspectives ?
Après deux ans d’actions à la tête de la ville de Niamey on peut quand même dire que les choses avancent bien à tous les niveaux et dans tous les domaines. Je prends par exemple au niveau même de la ville de Niamey, le personnel a son salaire régulièrement, les conditions de travail, je ne dis pas que nous avons tout réglé, elles s’améliorent remarquablement, considérablement, progressivement. Et surtout le personnel de la ville de Niamey est mis au travail. Nous avons sur le terrain partout une présence des agents de la ville de Niamey qui travaillent dans tous les domaines, dans l’administration, la mobilisation des ressources, les services techniques que ça soit de l’ assainissement, de la voirie, de l’éclairage public, vous avez vu un travail remarquable a été fait. La ville de Niamey était jadis sombre, aujourd’hui la ville de Niamey est éclairée. Tout le réseau d’assainissement est pris en charge et traité constamment, les services d’éclairage, tout le temps, sont sur le terrain. Vous savez à Niamey nous avons un sérieux problème d’assainissement, d’abord nous avons un
réseau d’assainissement peu développé, soumis à des phénomènes d’ensablement parce que tout simplement les eaux qui ruissellent contiennent beaucoup de sable mais aussi des ordures. Les ordures jetées par-ci, par-là se retrouvent dans ces caniveaux. En amont nous sommes en train de lutter contre cela mais aussi pour que chacune de nos équipes, qui sont constamment sur le terrain pour suivre l’état de ces caniveaux pendant la saison des pluies, puissent jouer leur rôle et permettre l’amélioration de vie des populations surtout dans les quartiers inondables.