L’année prochaine, à pareil moment, en principe si la machine ne se fait pas gripper quelque part, le Niger sera en pleine fièvre électorale. Les élections locales, fixées au 29 novembre, seront un challenge à relever pour les partis politiques. Pour certains, c’est une question de survie ; pour d’autres, il faut, sinon confirmer son poids électoral, du moins conserver sa place sur l’échiquier politique. Mais, de la coupe aux lèvres, dit-on, il y a parfois la mer à boire. Ce jour-là est loin et le chemin pour y parvenir est parsemé d’embûches. S’ils l’attendent, donc, avec fébrilité, les Nigériens n’en ignorent pas toutefois la charge de périls qui guettent la stabilité politique, par conséquent la paix sociale. Le processus électoral inquiète au plus haut point. Objet de vives contestations de la part de l’opposition politique qui revendique un processus consensuel, mais aussi d’un large pan de la société civile, le processus électoral est sujet à caution. Dans un pays où le passé récent a été ponctué de crises politiques majeures, il faut craindre le pire à l’occasion des prochaines élections. La surenchère a déjà commencé. Chaque camp joue à se faire peur. Tandis que l’opposition alerte régulièrement sur les risques de périls qui pèsent sur la paix sociale si le pouvoir maintient le code électoral actuel et la commission électorale qu’elle juge partisane, celui-ci affiche une indifférence totale aux mises en garde et aux menaces proférées. Les tendances sont pourtant inquiétantes.
Un code électoral fortement contesté
Une loi électorale n’a jamais suscité autant de polémiques au Niger. Elaboré de façon unilatérale par le pouvoir en place et qui l’a fait adopter dans un cercle fermé de partis membres de la majorité présidentielle, le code électoral actuel est un véritable bunker pour la préservation du pouvoir. Outre l’article 8 qui est la consécration d’une procédure judiciaire au forceps qui aura violé toutes les règles de droit afin d’éliminer un adversaire politique qui gêne énormément, la loi électorale est truffée de dispositions qui ne garantissent pas la tenue d’élections crédibles. Entre autres griefs portés contre le code électoral, il est légalement permis, selon l’article 201 du code électoral, d’enrôler les Nigériens qui ne disposent pas d’un document d’état civil, sur simple déclaration sur l’honneur de l’individu et sur témoignage du chef de la concession ou du ménage de leur représentant ". Dans une note parvenue à la rédaction du Courrier, Soumana Sanda indique que " cette disposition montre clairement que les audiences foraines sont du pipo et que le pouvoir en place n’a jamais eu l’intention de délivrer des pièces d’état-civil aux citoyens qui ne l’ont. La preuve, elles ont été arrêtées sans aucune explication ". Les articles 46 (alinéa 2), relativement au pouvoir dont dispose le président de la Commission électorale pour faire décider ou non de l’audit du fichier électoral, l’article 47 qui conditionne la délivrance éventuelle de la liste électorale à un parti politique ou à un candidat au paiement de frais dont le montant est fixé par la CENI , constituent d’aspects que l’opposition conteste et souhaite voir changés.
Au coeur du pouvoir, l’incertitude
Par delà les dénonciations et les mises en garde de l’opposition, c’est l’incertitude totale au coeur du pouvoir. Le Président Issoufou, qui est en fin de second et dernier mandat présidentiel, semble jouer sur deux tableaux. S’il n’arrête pas de clamer que Mohamed Bazoum est son candidat, à lui, il reste que l’ombre du général à la retraite Djibo Salou plane, inquiétante. Qui sera le candidat de Mahamadou Issoufou ? Malgré les assurances répétées du Président Issoufou, des observateurs notent que, entre le ministre de l’Intérieur et président du Pnds et le général à la retraite, les choses vont nécessairement tourner à la tragédie pour l’un.
Une commission électorale acquise au Pnds Tarayya
Figurant parmi les griefs de l’opposition, la Ceni est composée d’hommes et de femmes dont les structures de provenance, selon le Front pour la restauration de la démocratie et la République (Frddr), cachent mal le parti pris. Voici le point fait par ledit front de l’opposition .Le Frddr souligne par ailleurs qu’il va de soi que le président de la CENI détenant les pleins pouvoirs pour nommer (article 30 du code électoral), après avis du bureau (contrôlé par le PNDS), les présidents des commissions électorales déconcentrées, celles-ci ne peuvent être qu’à l’image de la CENI nationale.
Au niveau des représentations diplomatiques, dirigées à 98% par le PNDS, le mode de désignation du président et la composition de la CENI déconcentrée sont fixés par acte réglementaire du président de la CENI, après délibération.