Depuis la formation du deuxième gouvernement de la 7ème République, suivie aussitôt d’un remaniement technique après le départ de Lumana de la MRN, une nouvelle race de politiciens refait surface : les arlequins politiques. On se rappelle que l’ARN, saisie par le président de la République pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, a décliné l’offre, préférant rester dans les limites de son rôle constitutionnel d’opposition.
De même, l’allié principal du parti présidentiel, le MODEN de Hama Amadou s’est retiré de la mouvance présidentielle suite à la formation du gouvernement hybride pour les raisons que le Bureau politique a avancées dans sa déclaration du 17 août passé. Mais des hommes et des femmes, que ceux-là mêmes qui les ont cooptés aujourd’hui, n’hésiteraient pas à qualifier de « ventres mous », ou d’« intestins fragiles » s’ils étaient sortis de leurs rangs, ont bravé le mot d’ordre de leurs partis politiques pour répondre à l’appel du ventre.
Ils sont partis, sur la pointe des pieds, avec leurs bagages au « Projet Guri », sûrement plus payant que l’opposition politique. Sans aucun scrupule apparent, ces personnages continuent encore à se réclamer des partis dont ils ont piétiné les textes et qu’ils tentent de détruire par tous les moyens qui leur sont offerts par le Guri system, l’employeur temporaire. Comme Arlequin, personnage de la « Commedia dell’arte », avec une grande complexité psychologique schizophrénique, ils portent des habits politiques bariolés qui rendent inconciliables les deux positions antinomiques, et les rendent de ce fait eux-mêmes difficilement saisissables pour les esprits logiques.
Pour se donner bonne conscience, ils tentent vainement, sur les plateaux de télévision que met gracieusement à leur disposition le système, de se justifier en peignant en noir leurs partis, au grand dam et aux dépens du contribuable nigérien qui ne comprend pas le rôle actuellement dévolu aux médias publics, encore moins ce qui arrive à ces hommes politiques dont certains étaient auparavant à cheval sur les valeurs de dignité, constance et détermination.
Beaucoup d’observateurs parlent de pratiques corruptives, de soutien contre postes, et d’achat de conscience, des pratiques aussi néfastes à la démocratie et à l’édification d’une société libre, travailleuse et prospère, que le striga l’est au mil. Ce genre de pratiques était pourtant le cheval de bataille des camarades durant les deux décennies d’opposition qu’ils disent avoir vécues. Aujourd’hui malheureusement, ils les ont érigées en mode de gouvernance et de conservation du pouvoir. Ce faisant, le Guri system fait la promotion des contre- valeurs.
On conçoit mal alors comment de tels personnages, mus essentiellement par leurs intérêts primaires, incapables de respect du moindre principe qui fait la dignité de l’humanité, peuvent contribuer à l’épanouissement des Nigériens dont la force réside justement dans l’observance stricte de nos valeurs de civilisations. On ne peut pas acheter le peuple nigérien avec tout l’or du monde. Et c’est l’insulter que de croire que c’est possible. Ceux qui l’ont tenté l’ont appris à leurs dépens. « Celui qui croit qu’il peut, en faisant la même chose et aboutir à des résultats différents, se trompe », dit à ce propos Einstein.
Quant aux arlequins, ou contractuels politiques, qui se révoltent contre leurs partis pour aller à la mangeoire, ils vont vite déchanter. Juste le temps qu’ils fassent ce qu’attendent d’eux les camarades qui ne vont pas se lâcher pour leur faire une place. La chute peut être plus rapide que prévue, car Mahamadou Issoufou qui s’est débrouillé pour casser sa mouvance pour des raisons que beaucoup ne comprennent pas, se rendra vite compte que ces sous-traitants politiques ne sont pas aussi populaires qu’ils lui ont fait croire. Lui-même le savait. Alors pourquoi tout ça ? Et, comme pour une hyène devenue aveugle, le réveil sera dur.
Elle ne pourra ni retourner en brousse ni rester au village, elle sera la risée des enfants. D’ailleurs, si ce n’est pas par souci de faire respecter les textes, les partis d’origine de ces personnages qui sont plus à plaindre qu’à craindre ne doivent même pas convoquer des instances onéreuses pour prendre des mesures disciplinaires à leur encontre : ils se sont euxmêmes exclus.
N.B : cet article est encore publié à la demande des lecteurs