Le parti de Bazoum Mohamed, a tenu en fin de semaine dernière, ce qu’il appelle, dans le copiage complexé de dernière, ce qu’il appelle, dans le copiage complexé de ce que font les socialistes de l’Hexagone, « les Universités d’été » de l’OJT, l’Organisation des Jeunes Tarreya. Si pour le président de cette organisation, ces assises se tiennent à un moment où, comme pour en saisir leur portée, le candidat du parti est déjà investi et que le processus d’élaboration du fichier biométrique est en marche, il reste que, malgré la volonté de donner à l’événement des éclats fastueux, c’est aussi et surtout au moment où le parti se porte mal, le malaise étant visible et réel ; le mal que le parti de Bazoum a voulu semer ailleurs, s’y est déplacé et planté, poussant dru en son sein, s’enracinant dans son sol et semant le doute dans tous les coeurs et dans tous les projets, dans toutes les aventures.
Les visages étaient graves, visiblement inquiets mais surtout ne sachant pas trop, où on mène le bateau. Et d’ailleurs qui mène le bateau ? A faire croire que Bazoum n’est qu’un faire-valoir et que le capitaine serait ailleurs, jouant sur les manettes, conduisant le navire affolé sur des quais non moins incertains. Mais le président du parti et candidat déclaré du pouvoir peut bien lire dans ce rassemblement, devenu un prétexte, des signes qui rassurent ou des signes qui inquiètent. De ce point de vue, ces universités d’été pourraient être d’un certain intérêt pour le candidat relativement à l’enthousiasme que pourrait entrainer son leadership et son aventure présidentielle. Et sans doute qu’il a pu faire ces lectures de bien d’images de cette messe pour comprendre que son aventure sera longue et rocambolesque, faite de péripéties et de suspens, à provoquer une crise cardiaque. Le visage du patron du parti, porte bien le poids de la peur et de la mélancolie, de l’anxiété et du doute. De la fatigue aussi. Mais veut-il seulement s’habiller de la robe du présidentiable qui ne lui est jamais convenue ? En tout cas on peut le voir débiner son discours plus lentement, trahissant sa nature portée plus sur les envolées lyriques héritées de son parcours syndical qui le hante toujours, tentant de donner l’image d’une force tranquille qui ne lui sied pas. Et les mots ne viennent plus naturellement chez le philosophe, avec ce regard cartésien éparpillé, scrutant un horizon absent, perdu. Comme les temps sont durs…
De la permanence du malaise…
Le PNDS, comme le Niger qu’il a torturé et terrorisé, va mal. Il y a quelques jours, l’on voulait par un simple déplacement des noms dans l’équipe gouvernementale, consacrant l’entrée d’un autre qu’on y a éjecté brutalement, faire croire que l’harmonie y est revenue par la simple magie d’un remaniement technique alors même que l’on sait que les plaies creusées sont bien plus profondes et douloureuses pour ne pas se guérir par une aussi simple suture, somme toute artificielle. Dans la salle bien de regards étaient hagards : sur certains visages, on peut même lire une sorte de dépit, de dégoût, comme s’il arrivait que certains se rendent compte qu’on se joue d’eux pour ne servir d’eux comme paravent afin de protéger ces hommes, tous ces parvenus auxquels le pouvoir a profité sans qu’ils ne soient capables de partager, laissant les militants lambda dans la misère crasse.
D’ailleurs, pour qui connait comment le parti rose ne lésine pas sur les moyens pour donner à ses rencontres toutes les extravagances que l’on sait, l’on peut comprendre, en observant les allures moches de cette rencontre, qu’un ver est dans le fruit et que le PNDS traverse un moment crucial de son histoire, traversé luiaussi par des dissensions muettes mais réelles et incontestables.
La salle manque tragiquement d’engouement : le parti fait face à lui-même, tiraillé par plusieurs forces. Chez la foule de ceux qui étaient là, dédaigneuse et souvent triste, on peut bien voir que des repères sont perdus quand, certains visages restent toujours en marge, ne pouvant honorer l’événement et le parti, le président du parti et son combat présidentiel. Tous les observateurs, y compris les moins avisés ont compris que bien de ces visages connus du parti n’étaient pas là. Peut-on déjà lire là, la réalité des fissures que traçaient les adversités que provoquait la succession au président sortant depuis que, rassurant son monde qu’il ne se représenterait plus pour briguer les suffrages de ses compatriotes, le président a laissé le jeu drôlement ouvert-fermé. Est-ce que tous ceux-là qui n’étaient pas là, pouvaient justifier leur absence par un problème de calendrier ou est-ce une attitude délibérée de leur part, pour boycotter un événement politique auquel ils ne croient pas, pour dire simple ? Et déjà, Bazoum peut-il savoir, dans le parti, qui est avec lui et qui ne l’est pas ? Depuis des mois, il se raconte qu’à travers les comportements de certains, et notamment des ténors du parti, il avait commencé par comprendre et par douter. Dès lors, ceux qui croient à la thèse du deal, estiment que le candidat précocement déclaré du PNDS serait au coeur d’un vaste complot et pour avoir perçu des signes qui ne trompent pas, il doit aussi l’avoir compris. Mais s’y est-il préparé en conséquence ? Sa survie politique en dépend !
Bazoum, comme on peut le voir est une candidature qui s’affaiblit de jour en jour car incapable de fédérer les forces politiques, tant à l’interne du parti qu’à l’externe où la seule garantie qu’il a reste Kassoum Moctar et STJ qui dessinait, peut-on se rappeler, à l’occasion d’une manifestation d’un parti politique, l’armature du prochain régime que devrait conduire le camarade Bazoum. Mais, même ces soutiens connus se sont faits discrets, ne se hasardant plus sur les pronostics laborieux ni même ne pouvant exprimer les optimismes débordants d’une époque. Il peut aussi compter sur Zakaï, le tapissier brocanteur vilipendé hier par les socialistes, et qui part dans son Zarmaganda pour mobiliser ces foules incertaines, faites d’enfants et de jeunes à qui, peutêtre, il a lancé ces « grains de mil » pour meubler son événement. Seul à ne pas comprendre les jeux qui se font dans le système, celui qui a fait le pari de faire voter Bazoum dans le Zarmaganda alors qu’il ne l’a jamais pu avec Issoufou, risque de se réveiller quand il sera tard pour lui et pour ses calculs faits d’équilibrismes, tombant des nues pour se retrouver dans une « pirogue en banco » qu’il a horreur d’en emprunter. Comme le dit un adage connu de son terroir, « on a beau être malin, l’on ne peut emmener son champ dans sa maison pour le protéger des intempéries de la nuit… ».
On peut dire qu’avec le temps, le candidat semble ne plus croire en lui-même. Comme Descartes, il doute. Bazoum doute. Il doute depuis des semaines… Et le candidat ne convainc pas…
Quand on voit la mine de certains participants pendant que parle le président du parti, on aura compris que son discours ne passe pas dans l’auditoire. Empêtré dans des contradictions, on aura cru que pour le moment, le candidat du PNDS n’a même pas un programme précis pour le Niger et pour les Nigériens. Mais bondissant sur le thème de l’université d’été, on peut l’entendre plus vaguement parler de « transformation économique », et de manière trop profane de « prix de l’énergie ». Cette simple vue de l’esprit qui ne saurait correspondre à une ambition programmatique raisonnée ne peut servir de plateforme politique et de programme de société cohérent pour faire changer une société. Bazoum n’a pas encore de programme précis pour le Niger. Aussi, comment peut-on croire à un ambitieux programme pour le Niger avec un tel candidat dont l’ambition, pour ne plus faire croire au changement auquel aspirent légitimement les Nigériens, est d’inscrire son action dans la « continuité » et donc à marcher dans les pas de son mentor comme s’il était devenu un modèle politique, oubliant que les Nigériens se plaignent de son action et de son socialisme, de ses injustices et de sa gestion oligarchique ? Peut-il, pour ce, inscrire, son action, dans ce qui serait, une rectification pour avoir des chances de se faire entendre par des Nigériens déçus ? Peutêtre sait-il vaguement qu’il doit faire comme Issoufou… Même dans cette optique qu’il se fixe, il ne rassure pas. En effet, lorsqu’on l’entend dire que la transformation économique ne saurait être possible tant que les tarifs d’électricité ne sauraient pas à portée, il est clair qu’on aura compris qu’il souligne là une divergence avec son système dont il serait curieusement la continuité, notamment la loi de finances de leur gouvernement qui a porté l’eau et l’électricité à des seuils inaccessibles, alors même qu’il reconnait implicitement que les tarifs actuels de l’énergie, ne peuvent pas permettre à notre économie d’être compétitive et donc de prospérer.
Le PNDS, tragiquement doute et se perd. Le temps des grands enthousiasmes est passé.
Le parti et ses militants ont peut-être pris conscience des fragilités de leur organisation…