En rupture de ban avec sa hiérarchie depuis bientôt trois ans, M. Maiga est rentré dans une rébellion assimilable à un règlement de compte. La brouille découle d’une mutation à Niono, où l’employé était censé animer la radio rurale de l’Office. Mais à la différence d’autres collègues mutés – notamment Mahamady Faïenke, Fily Faïenke, Alpha Maiga, Cheick Oumar Doumbo et Traorė Aissata Koné -, l’intéressé, jusqu’au 28 octobre 2019, était encore absent de son nouveau poste. Ce qui lui a valu un licenciement pour abandon de poste qu’il présente, lui, comme une réaction à son combat contre la corruption, suite à une dénonciation de la gestion du PDG auprès du Pôle économique et financier de Bamako.
Joint par son soin, le PDG de l’ON, Mamadou M’baré Coulibaly donne sa version du motif du licenciement de M. Maiga. « Il n’a pas été licencié (Moustapha Maïga, ndlr) à cause de sa dénonciation au pôle économique, mais pour abandon de poste aux termes des articles 21 du règlement intérieur et 29 de l’accord d’établissement et conformément aux conclusions du conseil disciplinaire », a-t-il déclaré au sujet de son employé, précisant qu’il est lié à l’Office du Niger par le contrat de travail N°021/PDG-DAF-Sa en date du 1er octobre 2003. Et de mentionner par la même occasion que l’alinéa 2 dudit contrat de travail stipule le droit de l’employeur d’utiliser les services du travailleur dans toute la zone d’intervention de l’Office du Niger et que l’accord d’établissement de l’Entreprise dispose également que le déploiement du personnel s’opère par la Direction générale selon les besoins du service. Tou en confiant par ailleurs avoir pris soin de requérir auparavant l’avis de la Direction régionale du travail, le PDG assure n’avoir rien contre la personne de Almoustapha Maiga. « J’ai juste appliqué les textes qui règlementent le contrat qui le lie à l’Office depuis 2003, au risque de créer une jurisprudence qui pouvait affecter le fonctionnement de l’entreprise », explique le PDG.
Qu’est-ce qu’il s’est-il réellement passé ?
En retour d’une formation en France, Almoustapha Maiga a été muté à Niono, le 4 octobre 2019, pour servir à la radio rurale comme animateur. Une décision que l’intéressé, explique-t-on, a contestée au point de refuser de prendre service à son nouveau poste. La Direction de l’ON a ainsi jugé opportun de recourir à un huissier de justice pour lui notifier la décision de sa mutation. Maitre Alpha Hamane Traoré, dans son PV, mentionne qu’après plusieurs tentatives sans succès de lui remettre sa décision d’affectation, M. Maiga a pu être joint au téléphone où il a demandé d’en connaître le contenu. Mais après explication de l’huissier, il rétorque être absent du pays en promettant de rappeler aussitôt de retour dans 48 heures.
Quelques jours plus tard, son chef hiérarchique de la zone Niono, Daouda Diarra, fait constater une absence non justifiée par une lettre en date du 14 octobre 2019 et invite le PDG à prendre les dispositions qui s’imposent en la matière.
C’est ainsi que l’administration M’Baré a soumis la question en conseil disciplinaire conformément à l’article 28 de l’accord d’établissement. Composé de six membres répartis entre la direction et le syndicat, le collège, conformément aux dispositions en vigueur sur les absences non motivées, a recommandé à la direction générale l’application de la sanction au prorata de la faute commise.
Cependant, avant de prendre la décision de licenciement, la direction de l’Office du Niger a jugé nécessaire de demander au préalable l’avis de la Direction régional du travail de Ségou, le 15 octobre 2019. Dans sa réponse en date du 22 octobre 2019, le Directeur régional du travail de Ségou, Oumar Sanogo, en vertu des articles 21 du règlement intérieur et 29 de l’accord d’établissement – et conformément aux conclusions du conseil disciplinaire – a pris acte de l’abandon de poste de M. Almoustapha Maiga. Et de demander à la Direction générale de l’ON de mettre l’intéressé dans les droits auxquels il peut prétendre.
Mais aux yeux du licencié, l’avis favorable du Directeur Régional du Travail est intervenu le même jour que sa convocation pour l’enquête contradictoire. Celle-ci était en effet prévue à la même date du 22 Octobre 2019 à 9 H, sauf que l’intéressé, selon des sources concordantes, ne s’y est pas présenté parce qu’il était probablement absent de Ségou.
Quoi qu’il en soit, il n’est point exclu que le dossier échoit au tribunal du travail aux fins d’annulation de la décision N°222/PDG-DAF-SA en date du 28 octobre dernier.