Le parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) ne s’est jamais accommodé de l'amitié entre Hama Amadou et Tandja Mamadou. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Lorsque le second était président de la république (1999 - 2010) le PNDS à l’opposition avait tout fait pour désunir les deux hommes. Après 6 années de tentatives, c’est finalement en 2007 qu’il réussira son coup. Avec l’aide de Tandja, le parti rose arrivera à bout du gouvernement -de Hama Amadou et parviendra à faire emprisonner celui-ci pendant 10 longs mois.
Ironie du sort, c’est finalement Hama Amadou qui épaulera le candidat du PNDS Tarayya Mahamadou lssoufou à accéder à la magistrature suprême du Niger en Avril 2011. Victoire sur toute la ligne pour le parti rose qui est arrivé à briser une amitié de 34 ans, disloquer son principal adversaire le MNSD-Nassara pour enfin conquérir le pouvoir d’Etat. Mais apparemment, ce succès éclatant est en deçà des ambitions.
Selon Tandja Mamadou, le président lssoufou lui aurait demandé de l’aider « à se débarrasser » de Hama Amadou qui était pourtant son allié à la date de son vœu à l’ancien président. Le chef de l’Etat serait même allé plus loin en mettant dans la balance la libération de l’ancien directeur général de la NIGELEC Foukouri lbrahim très proche de Tandja. Cela renforce l'hypothèse très tôt développée par ceux qui soutiennent que l’arrestation de Foukori lbrahim n'était qu’une façon de mettre la pression sur le président Tandja. Un peu comme font les djihadistes qui enlèvent des ressortissants occidentaux pour ensuite les monnayer contre rançon ou échange de prisonniers.
Pourquoi tant d’adversité contre une simple amitié ?
En vérité, malgré sa victoire les choses ne se sont pas passées comme l'avait planifié le PNDS-Tarayya. En parvenant à livrer Hama Amadou mains et pieds liés au président Tandja, le parti de lssoufou Mahamadou espérait vraisemblablement créer une animosité qui résistera au temps et à l’espace. Et lorsque Hama Amadou avait fait irruption au Palais des sports au 22ème anniversaire du MNSD-Nassara auquel Tandja a pris part aussi, c’était la panique dans les rangs du parti au pouvoir. Les propos du président du MODEN FA Lumana Africa n’étaient guère rassurantes :
« je suis un musulman, je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ». Ces propos ont sonné comme un nouveau défi, une nouvelle mission pour le parti rose ragaillardi par le pouvoir d’Etat. Cette réconciliation, ce pardon de Hama au MNSD et ses militants n’est rien d’autre qu'une compromission avérée d’un second mandat pour le président lssoufou en 2016. Alors, il fallait coûte que coûte démanteler ce nouvel amour après divorce puisque c’est le genre le plus enflammé chacun ayant reconnu ses erreurs et sans doute-aussi s’étant rendu compte de la place de l'autre dans sa vie.
En politique comme en amour ça ne change rien. Ainsi, le premier acte aurait été la confidence faite à Tandja par le président Issoufou. Comment expliquer qu’un chef d’Etat demande le concours d’un ancien président pour se « débarrasser » de son allié du jour ? Difficile à admettre. Soit Tandja à raconter des bobards, soit, le Guri system est prêt à tout pour conserver le pouvoir comme le soutiennent certains observateurs. Ce qui est sûr, les nigériens ne connaissent pas Tandja comme un menteur. L’homme est très respecté par ses compatriotes mais surtout il ne parle pas beaucoup. Aussi, depuis la divulgation de l'entretien qu’il a accordé à des ressortissants de Tahoua, ni le président de la république, ni sont entourage n'ont réagi jusque-là en tout cas.
En dehors de quelques publications proches du pouvoir qui en ont fait une affaire personnelle. Pourtant d’autres révélations n'ont moins graves ont été publiées par la même occasion. Les 400 milliards CFA laissés dans les comptes du Niger à la date du 18 février 2010, le jour où Tandja a été renversé par un coup d’Etat militaire.
Le silence du pouvoir plus d’une semaine après ces révélations inquiète à plus d’un titre. En attendant un éventuel démenti, les propos de Tandja démontrent que pour cette fois, le PNDS-Tarayya n'est pas près de parvenir à l'éloigner de Hama Amadou encore moins du MNSD-Nassara, le parti qui l’a porté au pouvoir par deux fois.