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Yahaya Garba, secrétaire permanent du conseil national de dialogue politique (CNDP) : «depuis sa création en janvier 2004, le CNDP a été une sorte de régulateur des processus électoraux au Niger»

Publié le vendredi 8 novembre 2019  |  Le Sahel
Yahaya
© aNiamey.com par DR
Yahaya Garba, secrétaire permanent du conseil national de dialogue politique (CNDP)
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Le Conseil National de Dialogue Politique a connu une période d’agitation avec notamment le boycott des partis membres de l’opposition politique. La semaine dernière, ils ont repris leur place au sein de ce Conseil et le dialogue a abouti à la mise en place d’un Comité ad hoc. Quelles sont les caractéristiques de ce Comité et quel est son cahier de charge ?



C’est juste, le Conseil National de Dialogue Politique a connu une période de dysfonctionnement avec les absences répétées d’une de ses composantes, en l’occurrence l’opposition, à ses assises. En effet, depuis 2016, l’opposition a boycotté à plusieurs reprises les réunions du CNDP. Néanmoins, il faut souligner que toute la classe politique est consciente du rôle primordial que joue le CNDP dans le bon fonctionnement de notre démocratie. Cette classe politique a toujours cru et continue à croire à cet organe, ce qui est un acquis important et un bon rempart pour la prévention et le règlement des conflits politiques dans notre pays. Du reste le CNDP a fait ses preuves en cette matière. Il a fait école également au niveau de plusieurs pays qui tentent de créer des structures similaires chez eux.

Pour revenir à votre question, je précise que les structures composant le CNDP ont permanemment interagi entre elles malgré le boycott des réunions par l’opposition. Durant cet intervalle de temps que vous qualifiez de «période d’agitation », le CNDP a réussi à mettre autour de la même table et à plusieurs reprises la majorité, l’opposition et les non affiliés. C’est ce qui a permis de mettre en place, à un certain moment, le comité ad hoc chargé de réfléchir sur le Code Electoral et le Règlement Intérieur du CNDP. Ici, un grand pas a été franchi parce que l’ensemble des articles du Code Electoral ont été passés en revue et à la fin des travaux, seuls quatre (4) articles n’ont pas fait l’objet de consensus au niveau du comité avant la poursuite des débats au sein de la plénière du CNDP. En dehors de la réflexion sur le code électoral, Son Excellence Brigi Rafini, Président du CNDP, a réussi également à rassembler les différents groupes politiques pour échanger, de façon informelle, sur les obstacles qui minent le bon fonctionnement du CNDP, mais également sur les solutions en vue d’une reprise effective du dialogue.



La dernière rencontre du 9 octobre 2019 procède de cette série d’initiatives qu’a eue régulièrement le Premier Ministre, Président du CNDP, dans la plus grande discrétion. Au cours de ladite rencontre, il a interpellé les leaders des différents groupes politiques sur leurs responsabilités et sur la nécessité de créer un climat de sérénité, au regard des défis énormes auxquels fait face notre pays, notamment les questions sécuritaires, le processus électoral en cours et la redynamisation du joyau commun qu’est le CNDP. Et cerise sur le gâteau, tous les leaders ont été sensibles à son message. Apparemment, la ferveur patriotique a été remuée en eux tous, ce jour là. Ainsi il a été décidé de se retrouver autour de la table dans le plus bref délai avec les principaux leaders des partis politiques pour matérialiser cette volonté unanimement partagée. A l’issue des consultations, il a été décidé de mettre en place un comité avec un agenda bien précis composé des points suivants : les élections, la CENI, le CNDP, l’accès équitable aux médias publics et le comité de suivi des recommandations.



Ce Comité devrait parvenir à des décisions consensuelles. Pensez-vous que toutes les conditions sont réunies pour que cet objectif soit atteint ?

Le comité a toutes les chances pour réussir sa mission. Les discussions préliminaires du dialogue donnent une idée du niveau important de représentation des différentes structures. Du côté de la majorité comme du côté de l’opposition et même des non affiliés, ce sont les premiers responsables qui se sont invités aux échanges préliminaires contrairement aux réunions classiques du CNDP où les partis se font représenter souvent par des ‘’second ou troisième couteaux’’.

En dehors des partis politiques, d’autres acteurs non moins importants vont participer à ce forum. Il s’agit de la Société civile, des grands témoins nationaux, des observateurs internationaux et des centrales syndicales. A la limite, c’est un «comité de sages » qui sera installé dans quelques jours. A croire la bonne ambiance, qui a prévalu au cours des premiers échanges, on peut espérer légitimement des résultats importants à la fin des travaux et une relance effective du dialogue. En réalité, c’est dans l’air du temps. Beaucoup de pays comme le Sénégal, le Cameroun, le Burkina Faso, le Bénin, le Tchad, etc. sont dans le processus du dialogue aujourd’hui pour un retour à la sérénité et au bon fonctionnement de la démocratie.



Certains citoyens pensent que le CNDP dans sa composition actuelle privilégie la politique politicienne au détriment des intérêts de la nation. Est-ce que vous partagez ce point de vue ?

Le CNDP œuvre dans la prévention et la gestion des conflits politiques. Le CNDP peut se pencher également sur toute autre question d’intérêt national d’ordre social ou autre. Depuis sa création en janvier 2004, le CNDP a été une sorte de régulateur des processus électoraux au Niger en facilitant les débats sur les textes qui encadrent les élections tels que la Constitution, le code électoral, le code général des collectivités, la charte des partis politiques, le statut de l’opposition… Toutes les questions liées à la conduite des activités électorales sont débattues et traitées au niveau du CNDP en vue de la tenue d’élections libres et apaisées dans un cadre consensuel. Le CNDP donne la possibilité à tous les partis politiques, l’occasion de se prononcer sur des questions cruciales avant qu’elles soient soumises au Gouvernement et à l’Assemblée Nationale pour adoption. Et selon une tradition non écrite, les avis et recommandations du CNDP sont rigoureusement pris en compte au niveau de ses instances de décisions. Autrement dit, les cent trente deux (132) partis politiques qui composent le CNDP donnent leur avis sur les questions engageant la nation particulièrement dans le domaine politique, alors que seize (16) partis politiques seulement sont représentés à l’Assemblée Nationale.



Quelles sont les difficultés auxquelles le Secrétariat Permanent fait face dans l’organisation du dialogue politique au Niger ?

A l’occasion du dixième (10ème) anniversaire du CNDP célébré en 2014, des réflexions ont été menées sur les lacunes du cadre organisationnel du CNDP et des suggestions ont été faites pour renforcer l’efficacité de cet organe. Un des problèmes soulevés à cette occasion est relatif au champ d’intervention du CNDP qui se réduit au niveau national. Des recommandations ont été faites pour trouver un mécanisme permettant d’instituer le dialogue au niveau des régions et des communes qui constituent des foyers de tensions potentiels du fait de l’insuffisance de l’information et de la sensibilisation des militants des partis politiques.

L’autre faiblesse du CNDP est liée à ses moyens d’actions pour assurer une de ses missions importantes qui est le renforcement des capacités des partis politiques à travers les formations et la production en quantité suffisante des textes fondamentaux du pays.




Oumarou Moussa
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