Bruxelles - Le ministre de l'Économie Bruno le Maire a indiqué vendredi que la France ne voulait pas "imposer quoi que ce soit" pour réformer le franc CFA, au lendemain de déclarations du président béninois Patrice Talon annonçant un important changement dans le fonctionnement de cette devise.
"Nous restons ouverts à une réforme ambitieuse du franc CFA. Il y a une condition et elle est impérative c'est que la proposition vienne des Etats-membres de la zone franc", a indiqué le ministre, en marge d'une conférence de presse à Bruxelles.
"Ce n'est pas à la France de faire des propositions ou d'imposer quoique ce soit", a martelé le ministre.
Jeudi, le président béninois Patrice Talon a annoncé le retrait des réserves de change du franc CFA qui se trouvent en France.
Selon lui, la banque centrale des pays d'Afrique de l'UEMOA (Union économique monétaire ouest-africaine) gérera désormais la totalité de ces réserves de devises pour les répartir auprès de plusieurs banques centrales dans le monde.
Aucun calendrier précis n'a été donné pour cette mesure, mais si elle se concrétise, le fonctionnement du franc CFA pourrait être profondément bouleversé.
A l'heure actuelle, les Etats africains doivent déposer 50% de leurs réserves en France, obtenant en contre-partie une convertibilité illimitée avec l'euro qui leur donne une certaine crédibilité internationale.
"Si une majorité d'Etats-membres de la zone franc veulent avancer vers une réforme ambitieuse nous répondrons oui", a indiqué M. Le Maire sans réagir directement à cette proposition.
Huit pays d'Afrique de l'Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et six d'Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad), qui constituent deux unions monétaires distinctes, utilisent toujours le franc CFA comme monnaie officielle, soit 155 millions de personnes.