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Lettre ouverte au Président de la République du Niger, Président en Exercice de la CEDEAO sur le refus du droit à la vérité sur la mort du président Baré en dépit l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO de 2015

Publié le vendredi 8 novembre 2019  |  Agence Nigerienne de Presse
Lettre
© Autre presse par DR
Lettre ouverte au Président de la République du Niger, Président en Exercice de la CEDEAO sur le refus du droit à la vérité sur la mort du président Baré en dépit l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO de 2015
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Monsieur le Président de la République,

Permettez-moi tout d’abord de souhaiter la bienvenue aux Chefs d’Etat et de Gouvernements dans notre sympathique capitale.

Je m’autorise à vous rappeler, et à travers vous à l’opinion nationale, régionale et internationale, que l’arrêt n° ECW/CCJ/APP/25/13 ; ECW/CCJ/JUD/23/15, rendu par la Cour de Justice de la CEDEAO, le 23 octobre 2015 sur « l’affaire AD Ibrahim Baré et 17 autres » relative à la requête introduite par le Conseil de la Famille Baré sur l’assassinat du président Ibrahim Mainassara Baré le 09 avril 1999, avait conclu, sur le volet pénal, à « un droit à la vérité pour les victimes ». C’est donc sur ce volet pénal que vous m’autoriserez à m’adresser à nouveau à vous, puisque l’éminent Albert Einstein, qui a prescrit : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent et laissent faire ».

propos du droit à la vérité, il vous souviendra que ladite Cour avait tenu à préciser, au point 54 de son arrêt, que « les lois d’amnistie ne sauraient constituer un voilage forcené du passé, une fin de non-recevoir péremptoirement opposée à toute entreprise légitimement curieuse de connaître la vérité. La loi d’amnistie laisse intact le droit à la vérité…. ».

Et au Paragraphe 55 dudit arrêt, la Cour avait précisé : « Il convient donc,… d’affirmer un droit à la vérité pour les victimes. Concrètement, celui-ci se traduit par le devoir des autorités étatiques de mener des enquêtes et investigations relativement aux faits et événements en cause et à assurer, sinon une publication des résultats de la recherche, du moins, le libre accès à ceux-ci. Il s’agit là d’une obligation minimale, à laquelle l’Etat du Niger n’a jamais satisfait en l’espèce… » .

J’ai également le devoir fraternel de vous rappeler qu’en 2012, lors d’une audience que vous aviez bien voulu accorder à la Veuve du président Baré (PSA), en présence de deux (2) de ses orphelins, vous aviez eu la bienveillance de reconnaître « un droit à la vérité sur la mort du président Baré » que vous aviez promis de respecter. Et c’est seulement suite à votre silence pesant, que la Famille Baré Mainassara s’était résignée à saisir la Cour de justice de la CEDEAO d’une requête en décembre 2013, pour violation de son droit d’accès à la justice et du droit à la vie du président Baré. Auriez-vous perdu de vue cet engagement pris en face d’une veuve et des orphelins, vous qui vous réclamez d’être l’admirateur du Calife Omar Ibn Al Kattab, protecteur de la veuve et des orphelins ?

Pourquoi alors refuser le droit à la vérité aux ayants droit Baré puisque l’article 15 du Traité révisé de la CEDEAO dispose que « Les arrêts de la Cour de Justice (de la CEDEAO) ont force obligatoire à l’égard des Etats Membres, des Institutions de la Communauté, et des personnes physiques et morales » ?

C’est pourquoi, sur notre demande, notre Conseil vous avait adressé une correspondance le 26 février 2018 aux fins d’exécution de ce point précité de l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO recommandant l’ouverture d’une enquête sur la mort du président Baré et sa publication auxquels la Famille Baré attache le plus grand prix. Cette sollicitation est demeurée sans suite à ce jour. Pourtant, vous ne cessez de nous administrer chaque jour que Dieu fait, que « la personne humaine est sacrée », tel que le consacre de notre Loi fondamentale en son article 11.

Vous avez, en votre double qualité de Magistrat suprême du Niger et de président en Exercice de notre communauté, la lourde responsabilité et l’opportunité de prendre la décision historique de déclencher cette enquête au regard des suspicions qui pèsent sur une certaine classe politique, qui permettra de dissiper les soupçons pesant sur les uns et les autres.

Je vous rappellerais, pour vous y encourager, les mots d’Henri Moret qui prennent à l’occasion tout leur sens : « on ne peut jamais être neutre. Le silence est une opinion ».

Monsieur le président,

« L’Histoire » (avec un grand H), de ce qu’en dit Paul Valéry, Ecrivain, Philosophe et Académicien Français, « ….est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré...Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs,…les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution.. ».

C’est pourquoi, je vous prie de croire que vous, en tant que contemporain du président Baré et acteur politique majeur aux moments des faits, donc nécessairement rangé dans une des catégories « auteurs, co-auteurs ou complices » de son assassinat, lorsque l’occasion vous est offerte de noircir l’une des pages, même la plus sobre de l’Histoire politique du Niger, ne vous en privez pas. Sinon, d’autres se chargeront de l’écrire à votre place et selon leurs souvenirs. Puisque tôt ou tard cette page s’écrira, avec ou sans nous autres. Antoine Loisel, célèbre Jurisconsulte a bien dit : « Qui peut et n’empêche, pèche ».

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma déférence.

A Niamey, le 08 novembre 2019

Djibrilla Mainassara Baré

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