Le tribunal hors classe de Niamey, a déclaré «nulle», le mardi passé, la poursuite engagée par le président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, contre Aksar Moussa, Directeur de Publication de l’hebdomadaire, « L’Evénement », assigné en justice par celui-ci pour «diffamation » relativement à un article de presse que sur les rapports conflictuels entre le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée.
En motivant sa décision, le juge a estimé que la citation de la partie demanderesse ne contient pas tous les éléments et l’a annulée. Selon l’avocat de Aksar Moussa, Me Soulèye Oumarou, quand une « poursuite est nulle », dans le cadre de la liberté de la presse qui est spéciale au Niger, « cela veut dire que cette plainte est définitivement enterrée et personne ne peut plus la réveiller ». Rappelons que Hama Amadou avait déjà porté plainte devant l’ONCau sujet du même article.
L’institution de régulation avait donné raison à Hama Amadou en prononçant une peine d’amende d’environ 457 euros contre l’Evénement ainsi qu’un certain nombre de sanctions accessoires. Selon le conseil de Aksar Moussa, à travers une telle sanction, « l’ONC a plus rendu service à Hama Amadou qu’à la justice elle-même». Nous allons continuer ce combat, a ajouté Me Soulèye Oumarou.
Commentant cette décision du tribunal, l’avocat de Hama Amadou, Me Marc Le Bihan, a dit y relever « une appréhension du droit » qu’il « trouve en tout cas totalement infondée ». Selon ce dernier, la juridiction du premier degré « vient d’inventer un droit sus generis ».
Marc Le Bihan, considère que si «une juridiction administrative, (ndlr : l’Observatoire national de la communication), condamne une personne sur des faits jugés diffamatoires » le tribunal devrait nécessairement s’aligner sur la même décision en condamnant le journaliste. C’est ainsi qu’il promet d’aller jusqu’au bout en interjetant appel devant la cour d’appel et devant les autres juridictions, dans l’espoir d’obtenir gain da cause.
Une telle victoire du journaliste Moussa Aksar contre le président de l’Assemblée nationale, n’a suscité à cette date aucun commentaire dans les milieux de la presse, notamment au sein des organisations socioprofessionnelles. En mars dernier, le président de l’Assemblée Hama Amadou s’est laissé aller dans des attaques contre la presse, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, allant jusqu’à caresser le rêve de remettre en cause le principal acquis qu’est la dépénalisation du délit commis par voie de presse. Sur la vingtaine de structures des medias, seules deux à savoir: le SYNATIC et l’ANEPI, ont déploré cette attitude de Hama contre la presse. Les autres organisations se sont tues de peur d’être considérées comme des défenseurs de la cause du journaliste Moussa Akssar, alors même que leur réaction ne vise qu’à sauver un acquis et non une personne.
Rappelons que de tous les hommes politiques nigériens, c’est surtout avec Hama Amadou que les journalistes de la presse privée ont eu plus de "misères" dans le cadre de leur travail. Plusieurs journalistes ont été jetés en prison sur plaintes de celui-ci, à l’époque où il était premier ministre. Hama Amadou a toujours considéré les critiques acerbes des journalistes comme des attaques contre sa personne. Pourtant, l’essentiel de ces critiques sont faites sur les actes qu’il pose en tant qu’homme publique et n’ont rien à voir avec sa vie privée.