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Sahel : lancement des activités du projet « Médiation agropastorale » au Niger

Publié le jeudi 21 novembre 2019  |  actuniger.com
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© Autre presse par DR
Fin de la mission d`évaluation de la campagne agropastorale et hydraulique dans le 5ème Arrondissement de Niamey
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L’hôtel Radisson Blu de Niamey a servit de cadre, mardi 19 novembre, au lancement des activités du projet « Médiation agropastorale au Sahel ». Financé par l’Union européenne (UE) et le gouvernement du Danemark, ce projet qui sera mis en œuvre par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD), sera exécuté dans cinq pays du G5 Sahel afin de permettre aux agropasteurs de vivre dans la paix et d’adapter efficacement leurs systèmes de production aux changements climatiques.

Après le Burkina Faso le 23 octobre ; le Mali le 7 Novembre ; et en attendant la Mauritanie ce 21 novembre, et par la suite le Tchad ; le projet « Médiation agropastorale au Sahel » a officiellement lancé ses activités au Niger, le mardi 19 novembre. C’était au cours d’une cérémonie solennelle, à l’hôtel Radisson Blu de Niamey, qui a été présidée par le secrétaire générale du ministère de l’Intérieur, de la sécurité publique, de la décentralisation et des affaires coutumières et religieuses ; du représentant de la délégation de l'Union européenne (UE) au Niger, celui de l'ambassade du Danemark et celui du Centre pour le dialogue humanitaire. On notait également la présence des représentants de plusieurs ministères ; institutions et Organisations non gouvernementales nationales et internationales au Niger ; ainsi que celle des leaders communautaires.

Dans une brève intervention de présentation du projet, le chef de mission Adjoint au sahel du Centre pour le dialogue humanitaire, a rappelé que les pays du Sahel traversent de nos jours des crises multidimensionnelles : crise de sécurité, crise de développement mais aussi et surtout une crise liée aux changements climatiques. « Le corollaire de toutes ces crises est sans nul doute l’effritement de la paix sociale qui est une condition essentielle à tout développement », a-t-il indiqué, avant d’ajouter que c’est en vue de faire face à ces défis de développement, que le projet « Médiation agropastorale dans le Sahel » a été mis en œuvre, avec l’appui de l’UE et du Danemark.

La sécurité et la paix, des priorités pour le développement du Niger

En prononçant le discours de lancement officielle du projet, le secrétaire général du ministère de l’intérieur, M. Idder Adamou, a tenu tout d’abord à saluer, au nom des autorités du pays, saluer l’initiative du Centre pour le Dialogue Humanitaire, appuyé les ambassades du Danemark, des Pays-Bas et la Délégation de l'Union européenne, pour la mise en œuvre de ce projet aux ambitions nobles dans les régions de Tillabéry et Tahoua. Selon M. Idder Adamou, ce projet cadre avec les priorités du Niger, sous l’impulsion du Président de la République Mahamadoudou Issoufou et du Premier Ministre Birgi Rafini, qui ont mis fait de la sécurité une priorité pour préserver la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble dans notre pays. « A ce titre, je me réjouis du démarrage du projet « Médiation agropastorale au Sahel» car il apportera une plus-value aux efforts du gouvernement dans sa quête de la paix et la cohésion sociale entre les communautés », a déclaré le SG du ministère de l’Intérieur. Dans la même lancée, il a tenu à saluer les séances de travail, menée en amont par le Centre du Dialogue humanitaire avec les médiateurs communautaires, sur les activités de prévention et de gestion des conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles et les difficultés qu’ils rencontrent. «Je me réjouis d’'emblée de l’impact des activités de votre organisation dans le règlement des conflits entre communautés », a poursuivi M. Idder Adamou, qui a tenu par la même occasion à rassurer les leaders communautaires, « que les doléances formulées seront transmises aux plus hautes autorités du Niger qui accordent une importance toute particulière à la prise en compte des préoccupations des communautés dans les politique de développement ». Le représentant du gouvernement n’a pas manqué de saluer également sans l’appui des partenaires techniques et financiers notamment l’Union Européenne et Danemark, sans lesquels le projet n’aura pas vu le jour, et il leur a, à cette occasion, adresser « les sincères remerciements du gouvernement du Niger, pour tous les efforts consentis dans la promotion du développement au profit de nos populations ».

Paix, sécurité et changement climatiques : des défis stratégiques pour le Sahel

Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, M. Olai Voinmaa, conseiller politique de la délégation de l’UE et Représentant de l’ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne au Niger, Mme. Denisa-Elena IONETE, a indiqué, que dans le monde entier, la prévention, la consolidation de la paix, la résolution des conflits et des crises, ainsi que de la stabilisation est au cœur de l'action de l'Union européenne. « La paix fait partie intégrante de la raison d'être de l'Union, et cet objectif guide notre action à l’international - des discussions de politique de haut niveau aux projets concrets qui profitent aux populations dans le monde entier », a poursuivi M. Olai Voinmaa, avant d’ajouter que de plus en plus, « l’interaction entre les changements climatiques et les tensions sociales, voire les conflits, attire notre attention. Depuis plus de dix ans, I'UE s'efforce de mieux faire connaitre l'interconnexion entre le climat, la paix et la sécurité et de prendre des mesures en la matière. Il s'agit de mieux répondre aux défis d'aujourd'hui, aux attentes des populations ». C’est pourquoi, a souligné le représentant de la chef de la délégation de l’UE au Niger, la stratégie pour la politique étrangère de l'Union, appelée la stratégie globale et adoptée en juin 2016, définit le changement climatique et la prévention des conflits comme l'une de nos priorités en matière de politique étrangère. « La paix durable, impliquant une action forte en matière de changement climatique, a toujours été et demeurera au cœur de l'action extérieure de l'Union européenne », a rappelé M. Olai Voinmaa.

Poursuivant son intervention, le représentant de la Délégation de l’UE au Niger a indiqué que ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme d'Investissements Prioritaires du G5 Sahel, qui s'articule autour de trois des quatre axes stratégiques de la Stratégie pour le développement et la sécurité, à savoir : Gouvernance, Infrastructures, Résilience et Développement humain. « L'objectif est d'agir sur les causes profondes de la vulnérabilité et s’inscrire dans une approche globale en réponse aux besoins urgents d’alimentation en eau potable; de renforcer les moyens d’existence des populations agricoles et pastorales de ces zones et appuyer les communautés et institutions locales dans la prévention des conflits et le renforcement de la cohésion sociale » a ajouté M. Olai Voinmaa, qui a indiqué que c’est en réponse directe des Chefs d’Etat du G5 Sahel dans le cadre de l’Alliance Sahel, que l'Union européenne finance le projet à la hauteur de 98.000.000 d'euros avec un cofinancement de I'AFD, membre de l'alliance Sahel de 10.000.000 euros. Dans l’esprit d'une approche intégrée, il s’est réjouit du fait que ce financement de l’UE comprenne également des contributions additionnelles du Royaume du Danemark (25millions DKK) et de la République fédérale d’Allemagne (25 MEUR).

« Le Sahel est une des régions au monde les plus touchées par les effets néfastes du changement climatique. Ici la sécheresse a un impact concret sur la vie des personnes. En exacerbant les clivages, le changement climatique sème le conflit. C'est ainsi que ce projet de médiation agro-pastoral au Sahel prend toute son importance. Et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le focus sur le défi des éleveurs et les cultivateurs est plus que nécessaire. Les conflits agropastoraux sont à l’ origine, dans certaines régions du Sahel, à plus de pertes de vies humaines que d'autres types de conflits. Il s'agit d'un défi de premier ordre pour nous tous. La mise en avant des méthodes et techniques de résolution de conflit comme moyen d'atténuer, voire d'adresser les différends permet une autre approche complémentaire des engagements de développement, et de sécurité qui ont aussi toute leur place. Le caractère régional de ce projet est un vrai atout. Les effets du changement climatique ou les déplacements des troupeaux ne suivent pas les tracés des frontières. Tout en respectant les spécificités locales, il est utile de mettre en commun toute I ‘expérience et l'expertise dans les différents pays du G5 Sahel ». M. Olai Voinmaa, conseiller politique de la délégation de l’UE et Représentant du chef de la délégation de l’Union européenne au Niger.

Dans son allocution, M. Olai Voinmaa, a indiqué que le Centre pour le Dialogue Humanitaire, est un interlocuteur et un partenaire de premier rang, tout en insistant sur le fait qu’il est crucial de mobiliser des moyens et techniques de résolution des conflits pacifiques à partir des communautés elles-mêmes : « II est important de s'appuyer sur des structures déjà existantes, comme les leaders des communautés ». C’est dans ce sens, a estimé le conseiller politique de la Délégation de l’UE au Niger, que l’articulation de l'engagement du G5 Sahel, à la fois de sa composante militaire et policière, est a encourager. « La médiation agropastorale ne pourra se faire que si elle est bien articulée aux autres modes d’action. Ce projet permettra-t-il une vraie présence sur le terrain, avec une étendue impressionnante à 120 communes dans l'ensemble des pays du G5 », qui a tenu à souligner, une fois de plus, I ‘importance d’agir ensemble avec les leaders locaux, les autorités locales et nationales et l'ensemble des partenaires du Niger. « Seule par une action conjointe, est-il possible de répondre à l'impératif de la prévention », a conclut M. Olai Voinmaa.

Les leaders de communautés engagés en faveur de la paix et du développement

Dans le message qu’ils ont adressé aux autorités et aux partenaires, les leaders de communautés ont rappelés, qu’au cours de ces dernières décennies, le Niger est en proie à des urgences sécuritaires, économiques et sociales conjuguées aux effets du changement climatique et de l’instabilité dans la sous-région. « Cet état de fait a eu un impact négatif sur la cohésion sociale et le vivre ensemble au niveau local surtout dans les zones frontalières », ont-il relevé, soulignant que « face a cette situation, des efforts ont été et continuent à être consentis tant au niveau des autorités nationales que des partenaires pour résorber les difficultés qui assaillent le quotidien de nos populations rurales ». C’est pourquoi, en tant que leaders communautaires, ils se sont engagés à apporter leur modeste contribution dans cette noble mission de consolidation de la paix, la cohésion sociale et du vivre ensemble. Toutefois, ont-ils poursuivi dans leur message, ils sont quotidiennement confrontés a des problèmes la multiplication des crises sociales dans le Sahel qui a créée un climat de méfiance entre les autorités et les communautés et entre les communautés elles-mêmes, la dégradation du climat sécuritaire qui est aussi une source de tensions intercommunautaires avec son corollaire de méfiance, d’'amalgame et autres accusations de toute nature, ainsi que la faible implication des communautés dans le processus d’élaboration des textes régissant leurs activités économiques. Ils ont également relevé la faiblesse des échanges directs entre les communautés bénéficiaires et les partenaires techniques et financiers, relevant qu’il est important que « les partenaires renforcent leur intervention directe au niveau des communautés a la base notamment l’accompagnement dans les cadres traditionnels de dialogue, de médiation, de concertation et de sensibilisation des populations ».

Tout en formulant des propositions ainsi que le vœu d’avoir, « un Niger en paix dans lequel tous les fils et filles de la nation se donnent la main pour bâtir une nation forte, solidaire et prospère », les leaders communautaires ont tenu à remercier les autorités ainsi que les partenaires.

Une étude de base pour s’imprégner des défis et des attentes des populations

Peu après cette cérémonie solennelle de lancement du projet « Médiation agropastorale au Niger », les participants ont assisté a une présentation sur le Centre pour le dialogue humanitaire (HD), qui a été suivie par une présentation sur les objectifs, les activités et la zone d’intervention du projet. Les activités de lancement ont été clôturée par la présentation des résultats de I’ étude de base, qui a été menée en amont du lancement du projet, ainsi qu’une projection de film et le témoignage de quelques leaders.

L’étude de base, qui a servit de contexte pour justifier la mise en œuvre de ce projet. Elle a permit de s’imprégner de l’évolution de la situation sur les dernières années, les défis auxquels font face les pays ainsi que les différentes communautés dans le Sahel, ainsi que les attentes des populations. Au Sahel, en effet, les activités agropastorales sont fortement tributaires de la variabilité climatique. C’est ainsi que les agropasteurs sont en permanence la recherche de stratégies leur permettant une adaptation efficace de leurs systèmes de production aux changements climatiques. Ces dernières années, les crises politico-militaires et l’occupation de certaines zones par les groupes extrémistes violents ont fortement perturbé les mouvements traditionnels des animaux et provoqué une crise de confiance entre les communautés pastorales et agropastorales partageant les mêmes espaces géographiques et les mêmes ressources. C’est dans ce contexte que le Centre pour le dialogue humanitaire, sur financement du Royaume du Danemark et de l'Union Européenne, conduit un programme de médiation agropastorale afin d’appuyer les communautés dans leurs efforts de prévention et de gestion des conflits d’accès aux ressources naturelles. C’est à l’issue de cette étude de base, HD a facilité la mise en place de réseaux de médiateurs communautaires qui œuvreront à la résolution des conflits identifiés et dialogueront avec les autorités sur les enjeux de gestion du foncier rural.


A.K. Moumouni
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