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Série Niger (1), la régression démocratique du président Issoufou

Publié le samedi 23 novembre 2019  |  mondafrique.com
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© Présidence par DR
Panel à Paris sur la Sécurité et le Développement au Sahel : « La Communauté Internationale doit marquer sa solidarité avec les pays du Sahel et du bassin Lac Tchad», déclare le Président Issoufou Mahamadou.
Le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou a fait, mardi 12 novembre 2019 à Paris, l’évaluation de la situation sécuritaire au Sahel et évoqué la liaison entre sécurité et développement.
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Destruction des partis de l’opposition et répression de la société civile, Mahamadou Issoufou, élu en 2011, laisse en héritage une démocratie plombée.

En avril 2011, Mahamadou Issoufou devient le Président de la république du Niger à l’issue d’un scrutin consensuel et transparent. Son adversaire du second tour Seini Oumaraou lui adresse ses vœux de succès. Le monde entier salue la bonne santé de la démocratie nigérienne.

En 2016, le changement est total. Issoufou candidat à sa succession jette en prison Hama Amadou son principal adversaire. C’est du fond de sa cellule à la prison de haute sécurité de Koutoukallé que ce dernier fera campagne pour le second tour. En 2016, Issoufou est déclaré vainqueur de la présidentielle avec plus de 92%, un score jamais obtenu lors d’une élection présidentielle au Niger. Mais cette fois, le président réélu n’aura ni les félicitations de son adversaire, ni ses vœux de succès. L’opposition conteste même cette réélection, en mettant en avant les scores de plus de 100% obtenus par le candidat Issoufou dans certains bureaux de vote ou des résultats fabriqués pour des bureaux de vote du nord du pays où les opérations électorales n’avaient pu être organisées, en raison de l’insécurité. Pour la Mouvance pour la renaissance du Niger (MNR), la coalition présidentielle, l’essentiel était la réélection de son candidat. Peu importe le flacon

le ralliement ou la prison
Peu après l’installation de son champion aux commandes de l’Etat, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) s’est installé dans une stratégie de « concassage » des autres formations. Des scissions internes ont été savamment orchestrées par le pouvoir. En échange des promesses de postes, d’avantages matériels ou d’immunité judiciaire, des opposants dissidents rallient la majorité présidentielle. Aucune des grandes formations politiques n’échappera au couperet.

Aujourd’hui allié au président Issoufou, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), l’ancien parti-Etat, a été le premier à faire les frais de la stratégie de concassage. Dès 2013, dix députés élus sous l’étiquette du MNSD s’affranchissent de leur parti pour apporter leur soutien à la politique du président Issoufou.

La dissidence franchit un pas supplémentaire en 2015 en créant un nouveau parti sous le nom de Mouvement patriotique pour la république (MPR), emmené par Albadé Abouba, ministre de l’Intérieur du président Mamadou Tandja jusqu’au coup d’Etat militaire du 18 février 2010. Outre le MNSD, la convention démocratique et sociale (CDS) de l’ancien président Mahamane Ousmane connaîtra les mêmes dissensions encouragées par le pouvoir et finira par éclater en deux entités politiques distinctes.

Après avoir longtemps résisté, le Mouvement démocratique nigérien (MODEN-Lumana) de l’ancien Premier Hama Amadou (2000-2007) a été atteint en aout 2019 par le virus de la division interne. A l’issue de deux congrès organisés le 4 aout à Niamey et Dosso, le MODEN-Luma se retrouve aujourd’hui avec deux directions qui ont porté leur différend en justice. Quelle que soit l’aile victorieuse, le parti sortira affaibli de cette épreuve alors que son fondateur Hama Amadou vit en exil depuis 2016 entre la France et l’Afrique de l’Ouest.

Si elle a affaibli l’opposition, la stratégie de concassage a énormément profité au PNDS de Mahamadou Issoufou qui règne désormais sans partage dans les rangs de la majorité présidentielle et dans l’espace politique national.

Issoufou cherche à rebondir
Dans les rangs de la majorité présidentielle regroupée au sein du MNR, le concassage a été remplacé par la logique de partage du pouvoir. Selon son poids électoral, chaque formation politique alliée a droit à des postes de responsabilité dans le gouvernement, la haute administration, les sociétés publiques ou d’économie mixte ainsi que les représentations diplomatiques nigériennes à l’étranger. C’est au nom de cette logique de partage que le Niger, pays le pauvre du monde au classement du PNUD, se retrouve avec 41 ministres dans son gouvernement. Au moins 25 autres conseillers spéciaux du président de la république ont rang et avantages de ministre.

C’est cette pratique du pouvoir sans commune mesure avec la réalité quotidienne des Nigériens qui a alimenté la contestation de la loi des Finances de 2018 qui prévoyait des mesures impopulaires telles que la taxation de la succession, l’augmentation de la TVA sur les produits de grande consommation (le sucre, l’huile, le lait) mais aussi des avantages fiscaux aux opérateurs de téléphonie mobile.

Le pays avait alors été tenu en haleine par les journées citoyennes organisées par la société civile qui a vu ses figures emblématiques comme Moussa Tchangari, Ali Idrissa et Nouhou Arzika jeter dans différentes prisons. Le front social s’est apaisé depuis plusieurs mois. Mieux, contre attente le président Issoufou cherche désormais à donner des gages à son opposition. Sur ses instructions, le Premier ministre Brigi Rafini a convoqué un dialogue inclusif appelé sobrement « Conférence des leaders des partis politiques ».

Après avoir débattu pendant un mois des élections, de la CENI, du Conseil national pour le dialogue politique (CNDP) et de l’accès aux médias publics, cette instance fera des recommandations au président Issoufou afin de parvenir en 2021 à des élections générales apaisées, consensuelles et transparentes. Comme celles qui lui avaient permis d’accéder au pouvoir en 2011.

L’enjeu pour le président nigérien, qui ne peut pas être candidat à sa succession, est de réussir sa sortie. En 2021, il aura 69 ans, un âge qui n’empêche pas de rebondir à la tête d’une Fondation ou dans une carrière internationale.
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