Dans la plus grande discrétion, Brigi Rafini, le Premier ministre et président du Conseil national de dialogue politique (Cndp) s’affaire, en concertation avec les leaders des trois blocs politiques avec qui il échange régulièrement, à poser les jalons des pourparlers politiques que les Nigériens attendent avec enthousiasme et espoir. Il faut dire que le retour du chef de file de l’opposition a mis de l’huile au moteur. Si, l’on note qu’aussitôt arrivé à Niamey, Hama Amadou s’est déclaré à la disposition des autorités et qu’il a pris les devants pour regagner la prison, les autorités, elles aussi, ont affiché un bel esprit de conciliation. Entré par l’aéroport international Diori Hamani de Niamey, la porte la plus officielle, Hama Amadou n’a rien vu de tout ce qu’il a vécu le 14 novembre 2015. Les responsables du commissariat de police de l’aéroport lui auraient même accueilli à la passerelle de l’avion et lui ont facilité les formalités d’usage. Cette volonté partagée de vider les contentieux politiques en vue de décrisper le climat politique est à mettre au compteur des préliminaires du dialogue politique. Les gestes de bonne foi pourraient d’ailleurs aller audelà, selon des sources politiques crédibles.
Les Nigériens sont pressés de voir le cadre de dialogue politique mis en place. S’il y a quelques petites incompréhensions entre le président du Cndp et le groupe de l’opposition politique, tout est presque, aujourd’hui, fin prêt pour l’installation du cadre et le démarrage des pourparlers. Selon des sources au parfum des choses, l’opposition, qui a tenu à relever certaines incongruités dans les premiers pas, n’entend pas toutefois s’y arc-bouter au risque de compromettre la tenue de ces assises. Après deux lettres échangées de part et d’autre, un vrai dialogue de sourds au début, les parties semblent avoir mis un peu d’eau dans leur vin. La poire sera, selon toute probabilité, divisée en deux. L’opposition risque de lâcher la bride en ce qui concerne la dénomination du cadre tandis que le pouvoir pourrait accepter de remettre sur la table la question des règles de fonctionnement du cadre et des personnes-ressources.
Interprété par nombre de Nigériens comme l’expression d’une volonté de favoriser un climat sain pour le dialogue politique, le retour de Hama Amadou au bercail sera en principe une valeur ajoutée aux pourparlers. Non seulement sa présence au pays ajoute à la sérénité de l’opposition qui voit ses rangs renforcés, mais elle favorise également un esprit de tolérance, la classe politique ayant fait pratiquement bloc autour de l’intéressé pour lui témoigner sa compassion.