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Liberté de la Presse au Niger : Les journalistes en parlent…

Publié le lundi 2 decembre 2019  |  niameysoir.com
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© Autre presse par DR
Les journalistes en formation sur la vérification des faits ou ‘’ Fact Checking’’
NIAMEY, 12 Octobre 2019. Le Président du Conseil d’administration de la Maison de la Presse Ibrahim Harouna a présidé ce samedi 12 octobre dans la salle de conférence de la maison de la presse, un atelier de formation des journalistes sur la vérification des faits ou le ‘’Fact Checking’’.
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A l’occasion de la 6ème Edition de la Journée Nationale de la Liberté de la Presse, 30 Novembre 2019, votre média en ligne « NIAMEY-SOIR » a donné la parole aux journalistes.

Ci-dessous, leurs opinions :

M. Ibrahim Harouna, Président du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse :

Même s’il faut reconnaitre que des efforts ont été faits dans le sens de garantir la liberté de la presse et l’épanouissement des médias nigériens, et ce, à la faveur de l’Ordonnance 2010-035 du 4 juin 2010 portant régime de la liberté de la presse et la signature de la Déclaration de la Table de la Montagne, beaucoup reste encore à faire pour une presse totalement libre au Niger….. Les conditions de vie et de travail des journalistes nigériens restent très difficiles, c’est pour moi le moment d’appeler une fois de plus tous les acteurs du processus de signature de la convention collective à plus d’engagement pour finaliser ce processus.

M. Mamane Jaharou, président de l’Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l’Ethique et la Déontologie (ONIMED) :

En vue de promouvoir un journalisme professionnel et responsable, j’en appelle d’une part, aux journalistes de mieux connaître l’environnement juridique et réglementaire qui encadrent la pratique du journalisme au Niger. Je reste convaincu que la maitrise des textes réglementaires constitue la première garantie sécuritaire pour les journalistes.

D’autre part, aux pouvoirs publics de faciliter l’exercice du métier du journalisme favorisant le respect strict des textes. Au Niger, nous avons les meilleurs en matière de la promotion de la liberté de la presse. C’est l’application qui en fait défaut, particulièrement de la part des pouvoirs publics. Et c’est pourquoi, il est d’une impérieuse nécessité de vulgariser la loi sur l’accès à l’information publique et au document administratif.

M. Oumarou Gado, Président du Réseau des Communicateurs sur la Migration (RCM).

La célébration de la 6ème édition de la journée nationale de la liberté de presse me donne l’occasion d’une part, de féliciter l’ensemble des confrères et de l’autre, de les inviter à mûrir la réflexion dans le sens redonner au Journalisme toutes ses lettres de noblesse. Certes, de nombreux efforts sont faits mais le plus grand challenge pour nous et pour la société en général c’est de sécuriser ce noble métier en le valorisant.

Les professionnels doivent renforcer la confraternité, améliorer le contenu fourni au public. Je pense que la confraternité peut contribuer à mieux protéger les confrères contre ceux qui le dénigrent et qui pourtant se servent des médias pour s’informer et se former.

Outre, l’adoption de la convention collective inter professionnelle, au RCM, notre message est surtout un appel aux journalistes d’améliorer la qualité de leurs productions. Les institutions étatiques et partenaires au développement sensibles à ce sujet doivent aider les médias en terme de formation, de renforcement des capacités ou même de spécialisation sur des thématiques de l’heure.

M. Abdoulaye Issaka, Président de l’Association Nigérienne des Journalistes Anticorruption (ANJAC) :

La journée nationale de la liberté de la presse, célébrée le 30 novembre, chaque année est un moment exceptionnel pour les professionnels des médias. Une occasion qu’ils doivent mettre à profit, pour se retrouver afin d’échanger et jeter un regard introspectif sur le métier. Faire le point sur la pratique de la profession. Relever ce qui paraît comme obstacle, comme frein, à l’éclosion d’une presse libre transparente et honnête. Faire l’état des lieux de la liberté de la presse.

Bâillonnement, séquestration, censure, où en sommes-nous ? Mais aussi, les conditions de travail du journaliste nigérien ? De la convention collective ? Qu’est ce qui est fait ? Sommes-nous payés à la hauteur de notre travail ? Les relations entre les structures organisées des médias et le ministère de la communication et du CSC (carte de presse du journaliste professionnel, fonds d’aide à la presse, régulation de la publicité ? Ces institutions agissent-elles pour promouvoir les médias, les journalistes ? Tels sont les véritables enjeux et préoccupations de cette journée. Nous osons espérer que les confrères vont se remuer pour arracher ce qui leur appartient, leurs droits pour mener leur travail dans la dignité.

Aujourd’hui, s’il y’a un combat dans lequel les professionnels des médias doivent s’inscrire : c’est celui de l’avènement de la convention collective interprofessionnelle dans la presse.

M. Ousmane Dambadji, Président du Réseau des Journalistes pour l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement (REJEA) :

La journée nationale de la liberté de la presse est pour nous l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur les conditions de travail du Journaliste et par conséquent de réfléchir ensemble sur les dispositions à prendre. Au REJEA, nous mettons cette journée à profit pour inviter les médias à un changement de paradigmes. Cela consiste à dépasser notre rôle traditionnel de couverture sporadique des évènements factuels pour devenir des acteurs clé du développement. Nous devons contribuer à la mise en œuvre des politiques publiques, des projets et programmes de développement. C’est à ce prix que l’Economie des Médias pourra se développer. En accompagnant nos Etats dans la lutte contre la pauvreté, nous aidons aussi à la création des meilleures conditions pour la pratique du journalisme.

Les médias doivent contribuer à relever les défis de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 à travers une participation active et un engagement productif. Au REJEA, nous insistons sur le journalisme du développement afin que notre pays soit au rendez-vous de 2030. Malgré la situation de précarité dont se plaignent certaines entreprises de la presse nigérienne, nous sommes convaincus que ce défi est à la portée des médias en raison de leur impressionnante capacité de propagation des messages relatifs aux ODD.

Mme Amina Niandou, Présidente de l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC) Section du Niger

Les Femmes nigériennes sont actives dans tous les secteurs de la vie socio-politique et économique de notre pays mais elles sont peu représentées dans les instances de décisions ou la sphère publique. Ce fait établi n’épargne pas le secteur des médias où elles sont confrontées aux contraintes de toutes sortes du seul fait de leur statut. Pourtant, la Constitution de notre pays leur consacre tous les droits, le discours politique leur fait tous les éloges. Mais la réalité est toute autre ! A titre indicatif, on dénombre 88% d’analphabètes femmes contre 72% pour les hommes avec une forte disparité en milieu rural, le maintien de la fille à l’école jusqu’à 16 ans alors que la norme internationale est de 18 ans, 8 femmes sur 42 ministres, les femmes représentent 16% des agents rémunérés du secteur privé et 17% des agents du secteur public dans lequel 74% n’ont qu’un statut d’auxiliaire, etc. C’est vous dire que les défis sont encore énormes en milieu rural ou plus précisément dans nos médias communautaires qui pêchent par l’absence de femmes en leur sein en dépit du rôle considérable qu’elles jouent dans la communication pour le développement.

A l’occasion de cette journée, au nom de l’APAC-Niger, je souhaite une bonne fête à toute la presse Nigérienne, à tous les professionnels, Hommes et femmes, des médias et les exhorte à accompagner les femmes du Niger pour leur implication effective dans les instances de décisions et à tous les niveaux. Nous souhaitons cet accompagnement particulièrement au cours du processus électoral 2020-2021.

M. Abdoulaye Abdourahamane Ahamadou, Président du Réseau des Journalistes pour la Sécurité et la Prévention des Conflits (RJ-SPC) :

La liberté de la Presse c’est la liberté tout court et toute liberté doit rimer avec responsabilité. S’agissant de la presse, nous le savons, cette responsabilité se voudra une constante dans l’exercice du métier de journalisme aussi bien en temps normal qu’à l’heure où notre pays et la région du Sahel en général, font face à une situation sécuritaire complexe. Si elle n’est pas l’âme de la Démocratie, la liberté de la presse est assurément une des forces essentielles qui la déterminent pour peu que les pouvoirs publics respectent sérieusement le droit non négociable du public à l’information. Or, c’est là que le bât blesse. Aujourd’hui, la situation sécuritaire préoccupante, la crainte de démoraliser les troupes au front, la raison d’Etat, les mesures exceptionnelles de l’Etat d’urgence, la sûreté de l’Etat etc. sont subtilement brandis par les detenteurs du pouvoir d’Etat pour justifier de manière implicite la rétention l’information sécuritaire privant ainsi le public de son droit de Savoir. Nous rencontrons la même difficulté en ce qui concerne l’accès du public au document administratif.

Nous profitons de cette journée pour demander au Gouvernement d’améliorer voire de repenser sa communication sur la situation sécuritaire. Qu’il soit détenteur du monopole de l’information sécuritaire et ou de l’urgence humanitaire ne signifie pas de mettre cette information à la disposition du public à son aise quoique de nos jours, les réseaux sociaux le devancent en amplifiant la psychose ou en semant le désarroi.

Sur ce, j’affirme qu’il n’y a pas de liberté de presse effective là où le droit du public à l’accès à l’information fait défaut, quelle que soit par ailleurs la complexité des défis sécuritaires ou de l’urgence humanitaire. Le débat sur la liberté de la presse ne doit pas se focaliser exclusivement sur les questions existentielles du journaliste. C’est pourquoi, j’invite enfin les professionnels des médias à le réorienter sur la problématique de la rétention de l’information par le pouvoir d’Etat.

M. Souleymane Brah, Président de l’association nigérienne des journalistes pour l’éducation à la paix et à la bonne gouvernance (ANJEPAG-Niger) :

À l’occasion de la 6ème édition de la journée nationale de la liberté de la presse célébrée le 30 Novembre, l’ANJEPAG-Niger appelle l’ensemble des acteurs de la presse nigérienne à une union sacrée pour d’abord consolider les acquis ensuite lutter pour obtenir d’autres. Je fais précisément allusion à l’amélioration des conditions de vie de travail des agents de la presse à travers notamment la signature de la convention collective interprofessionnelle des professionnels de la presse. De cela peut découler l’émergence des vraies entreprises de presse.

Aussi, à l’ère du numérique et du passage de la télévision numérique terrestre, il est nécessaire pour les journalistes de se former et d’être au diapason de l’innovation. Les promoteurs des télévisions et des journaux doivent penser à cette transition vers le numérique. Du reste comme le fonds d’aide à la presse sera ‘’indirect’’ il peut être utilisé pour former les agents. Notre pays a besoin des professionnels et non des amateurs dans les médias. Nous travaillons dans ce sens pour rendre la presse plus sérieuse et plus crédible.

Unis, les journalistes sont forts, ils le seront encore plus en travaillant dans le respect de l’éthique et la déontologie. Les promoteurs des organes de presse doivent signer la convention collective et mettre les moyens pour former leurs agents. Le Niger a besoin des grandes entreprises de presse. Quant au régulateur, nous espérons qu’il hâtera la concrétisation du décret sur la publicité, de promouvoir l’égalité de chance entre les médias. Enfin, j’invite les organisations socio professionnelles des médias à poursuivre leur mission de défense des intérêts matériels et moraux des journalistes.

Propos recueillis et rassemblés par Issoufou Ayouba
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