Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a visité, hier 10 décembre, la maison d’arrêt de Niamey (MAN). Il était accompagné du président de la Délégation spéciale de la Ville de Niamey, du Secrétaire général adjoint du ministère de la Justice, des procureurs et responsables de juridictions ainsi que de plusieurs responsables centraux du ministère. En ce jour date anniversaire de la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme et journée internationale des droits de l’Homme, le ministre Marou Amadou est allé s’enquérir, une fois de plus, des conditions de détention au sein du plus grand établissement pénitentiaire du Niger.
Construite en 1948 pour une capacité d’accueil de 450 places, la vieille bâtisse en accueille aujourd’hui plus 1300 détenus. Une situation préoccupante que le ministre de la Justice, Garde des Sceaux et son administration tentent de solutionner autant que faire se peut à travers de nombreuses mesures afin d’humaniser davantage les conditions carcérales. C’est d’ailleurs à cette tâche que s’est attelé le capitaine de la Garde Nationale Fouta Abdourahamane, Régisseur de ladite maison. Depuis près de trois ans qu’il la dirige, l’homme s’est distingué par son esprit d’initiative et son innovation qui ont permis une métamorphose de la MAN. De l’endroit mal clôturé donc mal sécurisé qu’elle était, la maison d’arrêt de Niamey montre aujourd’hui un nouveau visage de l’extérieur, entièrement clôturée d’un haut mur surmonté des fils barbelés. A l’intérieur, c’est une enceinte totalement différente d’il y a quelques années.
Les pensionnaires sont organisés en quartiers pour femmes, hommes et mineurs en conflits avec la loi ; des quartiers totalement distincts et bien compartimentés et séparés mettant à l’abri de toute forme d’abus les couches les plus vulnérables. Dans chaque quartier, la délégation ministérielle a écouté avec beaucoup d’attention les préoccupations et doléances des détenus. Mais au passage, le ministre a visité le local servant d’ateliers de soudure, de couture et de mécanique moto. Les détenus mineurs y apprennent tout un ensemble de métiers comme la confection des grillages, des chaises et d’habits et la réparation des motos et même de la musique. C’est en effet tous décontractés qu’ils ont accueilli la délégation ministérielle entonnant des chants en karaoké sur un fond sonore fait maison. Le but recherché à travers cette activité d’apprentissage est d’une part offrir un temps de distraction d’autre part amener les détenus à pouvoir se prendre en charge et se réinsérer socialement et économiquement une fois sortis de la maison.
La joie se lisait sur leurs innocents visages. La même ambiance prévaut dans la cour du quartier des mineurs où ils vivent sans heurts ni anicroches, disposant d’un téléviseur offert par une bonne volonté avec un abonnement annuel aux chaines sportives et de divertissement. Non loin du quartier, le ministre a visité le chantier de construction de la nouvelle infirmerie de la maison d’arrêt. Le local d’une superficie d’environ 300m2 est financé par le CICR à la demande de la direction de ladite maison. Le ministre a eu d’amples explications sur cette nouvelle infrastructure dont l’importance n’est plus à démontrer pour les détenus et d’autres usagers. En effet, l’infirmerie actuelle dispose d’un local exigu ne répondant pas à la demande qui se fait de plus en plus croissante.
Dans le quartier Hommes qui regorge le plus important lot de détenus (condamnés et prévenus), le ministre a rappelé aux pensionnaires toute la détermination de son département à améliorer les conditions de détention, d’accélérer les procédures judiciaires pour éviter aux détenus les longues attentes. Il a annoncé que des nouvelles mesures seront très prochainement prises non seulement pour améliorer les conditions de séjour mais aussi pour permettre au maximum de détenus d’être rapidement fixés sur leur sort. « Il n’est plus question que les détenus restent en détention plus longtemps sans être jugés » leur a-t-il lancé. Sur les conditions de détention, le ministre a informé les détenus de l’interdiction à partir du 1er janvier 2020 de toute forme de commerce à l’intérieur de la maison et de l’interdiction définitive de la vente et la consommation de la cigarette dans toutes les maisons d’arrêt du Niger à partir du 1er juin 2020. « L’implantation des commerces empiète sur l’espace réservé aux détenus, toute chose qui est inadmissible » a dit le ministre tout en soulignant l’importance de l’espace dans l’amélioration de la qualité de la vie d’un être humain.
Avant l’entrée en vigueur de la mesure d’interdiction, le ministre de la Justice a instruit la régie de la MAN de trouver un endroit mieux adapté ou à créer une sorte de cantine où les détenus peuvent s’approvisionner en produits de première nécessité. Il a également instruit la direction à procéder au démantèlement des hangars anarchiques personnalisés pour les remplacer par des hangars plus spacieux pour tous les détenus. S’agissant des mesures d’accélération de procédures judiciaires et de décongestionnement de la maison d’arrêt, le ministre Marou Amadou a annoncé la mise en place d’un système de vidéoconférence permettant aux juges d’entendre les détenus sans avoir à se déplacer. Il a promis que les moyens conséquents seront également mis à la disposition des juridictions.
Réagissant à la doléance des détenus sur la remise gracieuse et la libération, le ministre a demandé aux détenus qui remplissent les conditions d’en faire la demande et de déposer au bureau du régisseur qui les fera parvenir pour examen. Entre autres mesures, le ministre a évoqué la question du travail d’intérêt général. Sur place le président de la Délégation spéciale de Niamey M. Mamoudou Mouctar a rassuré le ministre que la mairie est ouverte à toute proposition pour amener les détenus à travailler dans le cadre d’un contrat de travail concerté. Il a par ailleurs promis de mettre un site à la disposition de la maison d’arrêt pour entreprendre des activités productives. Outre le fait qu’elles vont générer des ressources, ces activités permettront aux détenus de vivre comme s’ils ne sont pas privés de leur liberté en exerçant une activité génératrice de revenus comme tout autre citoyen libre.