Le Palais des sports de Niamey a refusé du monde, cet après-midi du lundi 16 décembre, à l’occasion de la Convention nationale d’investiture du Mouvement patriotique nigérien (MPN Kiishin Kassa). Pour cet évènement, initialement prévu la veille mais repoussé en raison du deuil national, les rouges et jaunes ont littéralement pris d’assaut les lieux pour également célébrer, et en fanfare, le 4e anniversaire de la création du parti. Une double célébration donc pour les adeptes de la « Yacoubia », qui ont triomphalement investit leur candidat pour les prochaines présidentielles de 2020 et 2021, en la personne du président du parti, Ibrahim Yacouba, ancien ministre et ancien syndicaliste. C’est du reste, la principale résolution qui est issue de la convention nationale du MPN Kiishin Kassa, qui s’est tenue dans la matinée de la même journée.
Démonstration de force
Préparée de longue date, la cérémonie d’investiture du candidat du MPN Kiishin Kassa a tenu toutes ses promesses. En plus des dirigeants et des militants du parti qui ont massivement fait le déplacement, elle a enregistré la présence des présidents des principaux partis de l’opposition politique mais aussi de la majorité. Pour son sacre, Ibrahim Yacouba s’est également entouré de plusieurs leaders politiques de la sous-région, à la tête de formations se réclamant d’une nouvelle mouvance « panafricaniste ». Ainsi, étaient présents au Palais des Sports de Niamey : le sénégalais Ousmane Sonko (Pastef- Les Patriotes), le guinéen Siaka Barry (Guinée Débout), le tchadien Succès Masra (Les Transformateurs), le malien Oumar Mariko (SADI) et le burkinabé Abdoulaye Soma (Soleil d’avenir). On notait également la présence très remarquée, d’une forte délégation venue du Nigeria, ainsi que des militants de la diaspora.
Rythmée par des animations à la gloire du parti et de son président, la cérémonie a été marquée par plusieurs allocutions dont celle très attendue, de celui qui va désormais, et sans surprises, porter les couleurs du MPN Kiishin Kassa, à la prochaine présidentielle.
Discours-programme
Dans son intervention d’investiture, le président Ibrahim Yacouba s’est tout d’abord félicité du choix porté sur sa personne comme candidat du parti. Il s’est ensuite largement épanché sur la situation politique, socioéconomique et sécuritaire du pays qu’il a peint tout en noir, dénonçant un tableau sombre de la gestion des autorités de la 7eme république depuis leur arrivée au pouvoir en 2011. Pour l’ancien allié du régime de la Renaissance, « rien ne va au Niger », et cela dans tous les secteurs comme en témoigne la situation qui prévaut au niveau de la gestion sécuritaire, la santé, l'éducation ou la gouvernance caractérisée par la dilapidation des biens publics. L’ancien chef de la diplomatie a particulièrement tiré à boulets rouges sur celui dont il fut le bras droit, le président Issoufou Mahamadou, en s’insurgeant notamment sur les propos qu’il a tenus la veille, à l’occasion du sommet extraordinaire du G5 Sahel, sur la présence des forces étrangères dans la zone. Des propos que Ibrahim Yacouba a qualifié de « très graves », mettant en avant le fait qu’un pays ne saurait sous-traiter sa sécurité à des pays étrangers, « au risque de s’aliéner sa propre souveraineté ». Une prise de position qui lui a valut les acclamations d’un auditoire totalement acquis à son idole, et qui a conforté le président « Iyac » dans ses critiques virulentes sur la gestion des autorités actuelles. « Nous ne voulons pas le Niger comme ça », a martelé, à la fin, Ibrahim Yacouba, qui a esquissé les grands axes du programme qu’il compte mettre en œuvre une fois élu, et qu’il va devoir d’abord proposer et vendre aux nigériens, durant la prochaine campagne électorale.
"Jamais un régime n’a eu autant les mains libres avec une majorité mécanique, une société civile embastillée, une opposition persécutée. La mise en œuvre des programmes pertinents, si telle était leur préoccupation, ne saurait être plus facilitée". Ibrahim Yacouba, Président et candidat du MPN Kiishin Kassa
Avec cette investiture, Ibrahim Yacouba va se présenter pour la seconde fois à une élection présidentielle. En 2016, lors de la dernière présidentielle et pour sa première participation, il s’est classé cinquième avec 4,34 % des voix. Pour la prochaine échéance, l’ancien syndicaliste devenu une des figures montantes de la scène politique nigérienne, entend faire nettement mieux, avec comme principale ambition : la magistrature suprême !