Niamey a abrité, du 16 au 17 décembre, le premier forum annuel des partenaires du projet Gouvernance démocratique et des droits humains (GDDH), financé par l’ambassade du Danemark et administré par Oxfam Niger. Durant deux jours, la cinquantaine de participants ont échangé sur les voies et moyens devant permettre la mise en œuvre d’un processus de gestion de qualité des interventions afin de favoriser l’atteinte de l’objectif général et de ceux des partenaires du projet.
Le premier forum annuel des Organisations de la société civile (OSC) partenaires du projet Gouvernance Démocratique et des Droits Humains au Niger (GDDH), financé par l’Ambassade du Royaume du Danemark, s’est tenu du 16 au 17 décembre dans les locaux du LASDEL à Niamey, avec la participation d’une cinquantaine d’acteurs représentant les ONG, les institutions publiques bénéficiaires ainsi que les partenaires techniques et financiers. La cérémonie solennelle d’ouverture du Forum a été marquée par plusieurs interventions notamment celle de la Directrice pays d’Oxfam au Niger, partenaire de mise en œuvre du projet GDDH, et de SE. Leif Thorenfeldt Kokholm, représentant de l’Ambassade du Royaume du Danemark (avec résidence à Ouagadougou), qui a officiellement lancé le projet.
Dans son allocution, la directrice pays d’Oxfam au Niger, Mme Sidi Assalama Dawalack a tenu tout d’abord à remercier les participants pour leur présence au Forum, ce qui prouve, « leur engagement à bâtir une relation stratégique et synergique de nos missions respectives au Niger ». Mme Sidi Assalama Dawalack a ensuite rappelé le contexte dans lequel intervient le Forum, ainsi que les enjeux et objectifs du projet PGDDH, dont la mise en œuvre s’inscrit dans le cadre de la politique pays 2016-2020 de l'Ambassade Royale du Danemark auprès du Niger, particulièrement dans son volet renforcement de la stabilité et la paix au Niger. D’une durée de 4 ans (2019-2022), la gestion opérationnelle de ce projet a été confié à Oxfam, dont il cadre également avec la Stratégie, à travers l'axe programmatique « Gouvernance démocratique et citoyenneté active ». Pour la directrice pays d’Oxfam, c’ est « une preuve s'il en est besoin du partenariat dynamique entre notre organisation et le royaume du Danemark ».
« Ce projet d'un montant de total de 60 millions de couronne danoise soit environ 5, 290 milliards de Franc Cfa, entend contribuer au renforcement de la gouvernance démocratique et à la consolidation des droits humains au Niger par une recevabilité accrue des structures de pouvoir formel et informel, en appuyant l'activité d'autorités administratives indépendantes que sont la Commission nationale des droits humains (CNDH) et le Conseil Supérieur de la Communication (SC), ainsi que des organisations de la société civile nigériennes (OSC) partenaires ». Mme SIDI Assalama DAWALACK, directrice pays d’Oxfam au Niger
Selon les explications de la directrice pays, le projet GDDH, s’articule autour de trois composantes qui sont la promotion et la protection des droits humains, la gestion des conflits, et la promotion et l’accès a une information diversifiée et de qualité. En 2020, un quatrième axe sur le sujet majeur de la Migration s'y ajoutera. « Ce projet repose sur le développement des capacités des organisations de la société civile nigérienne, toutes catégories et expériences comprises », a poursuivi Mme Assalama Dawalack, avant d’ajouter que c'est dans ce cadre qu’Oxfam au Niger a lancé il y a quelques mois, un appel a propositions pour appuyer les initiatives des OSC en vue de renforcer leurs engagements et leurs actions sur les trois (3) thématiques susmentionnées. C’est ainsi qu’à l'issue de ce processus, onze (11) Organisations de la société civile (OSC) ont été identifiées. « Le présent forum annuel auquel vous êtes conviés, constitue alors un espace de découverte, de partage et d'interactions aussi bien entre OSC bénéficiaires, et entre celles- ci et les autres acteurs ici présents », a indiqué la directrice pays d’Oxfam au Niger, qui a aussi émis le vœu que ce forum soit un cadre déclencheur de la réflexion au sein des Partenaires techniques financiers œuvrant dans le renforcement des organisations de la société civile, sur l’élaboration et l’amélioration du model partenariale, « afin d’éviter d’éventuelles duplications et de mieux coordonner nos interventions ». En terminant son allocution, Mme SIDI Assalama Dawalack n’a pas manqué de réitérer ses remerciements à l’Ambassade Royale du Danemark pour son soutien et sa confiance. « Nous avons la ferme conviction que par l'entremise de notre accompagnement, nous contribueront effectivement a induire des changements probants dans la vie des femmes, des hommes, des jeunes, bref, des communautés pour lesquelles nous sommes engagés », a conclut la directrice pays d’Oxfam au Niger.
La promotion de droits humains, un axe prioritaire de la coopération dano-nigérienne
En procédant au Lancement du projet GDDH et à l’ouverture officielle du Forum, S.E. Leif Kokholm , représentant de l’Ambassade Royale du Danemark au Niger, a sacrifié à la tradition en manifestant toute sa satisfaction pour l’honneur qui lui échoit pour lancer le projet et l’occasion qui lui a été offerte pour présenter les grands axes de la coopération entre le Danemark et le Niger. Ce qui selon lui, offre l’opportunité de situer le contexte dans lequel s’inscrit le programme financé au Niger par la coopération danoise (DANIDA). Selon Leif Kokholm, la coopération dano-nigérienne remonte à 1974 et, « le Niger reste un pays de grande priorité pour le Danemark ». La coopération bilatérale entre les deux gouvernements, a-t-il poursuivi, repose notamment sur le « Programme Pays Niger – Danemark » 2017-2022 qui comprend trois programmes thématiques (Gouvernance démocratique, stabilité et gestion de la migration ; Eau et l’assainissement; et Promotion de l’emploi et la Croissance économique dans l’Agriculture), avec un budget global de 518 millions de couronnes danoises, soit environ 45 milliard Franc CFA.
« Le Programme Pays vise à aider le Gouvernement et la population du Niger en vue de maintenir la paix et la stabilité, de renforcer les valeurs démocratiques et de permettre à la population de travailler sur l’amélioration de ses conditions de vie à long terme Dans le cadre de sa mise en œuvre, l’approche danoise a un focus spécifique sur le développement des capacités institutionnelles des acteurs nationaux afin qu’ils puissent s’acquitter de leur mandat et de leurs propres politiques – l’inclusion et la participation sont au cœur de tous nos engagements. Ainsi, c’est dans ce contexte qu’intervient le programme thématique : Gouvernance démocratique, stabilité et gestion de la migration ». S.E. Leif Kokholm, représentant de l’Ambassade du Danemark au Niger
Selon Leif Kokholm , le développement de la gouvernance démocratique, de la stabilité et de la promotion des droits humains au Niger est une priorité pour le Danemark. C’est pour cette raison que le Royaume accompagne des partenaires étatiques et de la société civile depuis de nombreuses années dans ces domaines. Et depuis 2017, les questions relatives à la migration constituent un nouveau domaine d’intervention important pour le Danemark au Niger, selon le diplomate danois qui a présenté l’objectif global du programme thématique ainsi que les engagements du gouvernement danois en la matière. « Le programme a pour objectif global de contribuer à réduire la probabilité de conflit et à établir un fondement stable pour le développement, par le renforcement des capacités d’acteurs clés de l’Etat et de la société civile à s’attaquer aux facteurs qui sous-tendent l’instabilité, y compris l’extrémisme violent, la migration irrégulière et la croissance démographique, avec un accent particulier sur la participation des femmes et de la jeunesse” a poursuivi M. Leif Kokholm. Ainsi, dans le cadre du programme thématique, il a été retenu quatre (4) engagements dont le premier concerne le renforcement de la stabilité au Niger et est mis en œuvre par la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) et administré par le PNUD avec comme objectif de renforcer les capacités stratégiques et opérationnelles de la HACP à coordonner les initiatives nationales de prévention de conflits et de consolidation de la paix. Le deuxième engagement, dans lequel s’inscrit le présent forum, concerne le renforcement de la gouvernance démocratique et des droits humains et est mis en œuvre par Oxfam Niger. « L’objectif de projet est de contribuer au renforcement de la gouvernance démocratique et au respect des droits humains au Niger par une redevabilité accrue des structures de pouvoir formel et informel, en appuyant l’activité d’autorités administratives indépendantes et d’organisations de la société civile nigériennes sur les thématiques des droits humains, de la gestion des conflits et l’accès à une information diversifiée et de qualité », a expliqué le conseiller de l’ambassade du Danemark au Niger. Pour le Danemark, a mis en avant M. Leif Kokholm, « il est important de soutenir la promotion d’une gouvernance responsable et inclusive en mettant l’accent sur l’expression de voix plurielles, le dialogue et les contributions aux débats et politiques publiques. Il convient de s’assurer plus particulièrement que les droits des groupes les plus vulnérables – femmes, jeunes, groupes marginalisés – soient entendus et pris en compte ».
Poursuivant sa présentation, le représentant de l’Ambassade Royale du Danemark a expliqué que le troisième engagement concerne le renforcement des capacités nationales de maitrise accrue de la croissance démographique, en partenariat avec l'UNFPA Niger. Enfin, le quatrième engagement est un appui au renforcement de la gestion de la migration au Niger en partenariat avec l'OIM, avec une phase pilote qui s’est terminée cette année avec l’objectif de « contribuer au renforcement de la gestion de la migration concertée et respectueuse des droits de l’homme des flux migratoires aux Niger, y compris de contribuer à améliorer la gestion du retour des migrants et de prévenir la migration irrégulière à travers notamment un renforcement des sensibilisations ». Le diplomate a confirmé qu’une nouvelle phase pour une période de trois ans est en train d’être formulée.
Appuis techniques intstutionnels et échanges enrichissants
Auparavant, les présidents des deux institutions nationales partenaires, ont également pris la parole au cours de la cérémonie officielle. Dans le discours qu’il a prononcé, Dr. Sani Kabir, président du Conseil supérieur de la communication (CSC), s’est également réjoui du lancement de ce projet qui vient enrichir la coopération entre le Niger et le Danemark, une coopération vieille de 40 ans et qui a considérablement contribué aux efforts de l’Etat du Niger dans ses efforts de lutte contre la pauvreté dans plusieurs domaines, notamment, la santé, I ‘hydraulique, l’éducation . « Ces dernières années la coopération a élargi son champ d’intervention pour accompagner le processus de démocratisation amorcé par notre pays depuis les années 90 », a fait remarquer Dr Kabir, qui s’est réjouit du fait que le Programme de gouvernance démocratique et droits humains va permettre d’ accompagner le Niger dans le cadre du renforcement de la gouvernance démocratique, du respect des droits humains au Niger, de la gestion des conflits et de l’accès des populations à une information diversifiée et de qualité. « Cette dernière thématique justifie la présence des organisations socioprofessionnelles des médias et du CSC dans ce forum des OSC », a estimé le président du CSC qui a souligné que son institution en tant que partenaire stratégique du projet, a bénéficié d'un accompagnement financier en vue du renforcement de son cadre organisationnel, du renforcement des capacités des médias et de la promotion de la liberté d’expression au Niger. Selon Dr Sani Kabir, cet appui a permis à l’institution qu’il dirige de recruter une dizaine d’agents de a monitoring qui permettent aujourd’hui à notre dispositif de monitoring d’être totalement opérationnel ; de former les agents du CSC notamment les relais régionaux ; de doter le CSC d'un logiciel de gestion comptable ; de renforcer les capacités des conseillers à travers des missions d’échanges et, de contrôler la qualité de production des médias et l’accès des partis politiques, syndicats, associations aux médias publics. Tout en se réjouissant du choix porté sur les OSC sélectionnés, Dr Sani Kabir a réitéré l’engagement du CSC « à travailler et a accompagner main dans la main ces organisations qui sont venues nous accompagner dans l’accomplissement de nos attributions notamment la professionnalisation du secteur médiatique pour l’accès des populations à une information de qualité ». De son coté, le Président de la Commission nationale des droits humains (CNDH), Pr Khalid Ikhiri, s’est réjouit du thème extrêmement important qu'est la gouvernance démocratique pour lequel 11 OSC ont été sélectionnés dans le cadre du projet GDDH pour apporter leur contribution en matière de promotion et de mise en œuvre. En effet, a-t-il indiqué, « lorsqu'on y réfléchit profondément, on doit se rendre compte que l'essentiel de nos problèmes au Niger et dans la sous-région se cristallisent dans la gouvernance ». « Je voudrais donc à ce titre remercier la clairvoyance des responsables pour avoir cibler les bons points afin d'aller de l'avant au niveau du Niger », a poursuivi Pr Khali Ikhiri, pour qui, « on assiste aujourd'hui au Niger et dans la sous-région à des velléités de déstabilisation pour des raisons diverses ». C'est donc, a ajouté le président de la CNDH, « le bon moment d'amener nos OSC, d'armer toutes structures y compris gouvernementales pour qu’elles restent debout et défendre la Patrie, et défendre la sous-région... En effet la lutte contre le terrorisme, c'est une lutte planétaire, et chacun peut jouer sa partition aussi minime soit-elle, personne ne peut et ne doit être abandonné ». Il a enfin tenu à remercier Oxfam Niger et la coopération danoise pour les différents appuis dont son institution a bénéficié depuis le démarrage de ses activités.
Il convient de noter qu’après la cérémonie officielle d’ouverture, les travaux se sont poursuivis avec notamment la tenue, lors de la première journée, d’un « Café International » sur une exposition-présentation des projets, le dépôt du condensé des questionnements reçus par les OSC partenaires ainsi qu’une première session d’initiation aux politiques et procédures OXFAM. Pour la seconde journée, les participants ont été formés aux outils de rapportage ; d’apprentissage, du système de suivi évaluation et du système de recevabilité, et ont suivis une seconde séance d’initiation aux politiques et procédures OXFAM. Le Forum s’est clôturé après deux journées d’intenses travaux se rapportant à l’objectif global du Forum, qui est pour rappel, « de « contribuer au renforcement de la gouvernance démocratique et au respect des droits humains au Niger par une recevabilité accrue des structures de pouvoir formel et informel, en appuyant l’activité d‘autorités administratives indépendantes et d‘organisations de la société civile nigériennes sur les thématiques des droits humains, de la gestion des conflits et l’accès à une information diversifiée et de qualité ».