Le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/FA Lumana Africa) a tenu, ce samedi 21 décembre au CCOG de Niamey, les assises de sa Conférence nationale extraordinaire. A l’issue de cette rencontre statutaire, Elhaj Tahirou Seydou, président de la coordination régionale de Dosso, a été élu à l’unanimité des délégués, président intérimaire du parti. Il assurera cette fonction, jusqu’au prochain congrès du principal parti de l’opposition politique, prévu début 2020.
Cette conférence extraordinaire a été convoquée à la suite de l’annulation par le ministère de l’Intérieur du Congrès organisé le 4 Août dernier à Niamey, alors que le MODEN Lumana traversait une crise de leadership suite à la décision de justice qui a frappée son président-fondateur, l’opposant Hama Amadou. C’est pour se conformer aux textes et surtout tenir compte des arguments mis en avant par la tutelle pour annuler le Congrès du 4 Août, que le bureau politique a pris soin de faire les choses dans les règles. C’est d’ailleurs en présence, dûment constatée par un huissier de justice, de la majorité absolue des membres du bureau politique, ainsi que du mandat des délégués représentants les 8 coordinations régionales et celle de la diaspora, que s’est tenue la Conférence extraordinaire de ce samedi 21 décembre.
Un congrès pour tourner la page de la crise de leadership
Selon un membre du bureau politique, c’est en prenant acte des griefs retenus par le ministère de l’intérieur qu’une nouvelle procédure a été initiée pour tourner cette page et se consacrer à la préparation des prochaines échéances électorales. On se rappelle que la tutelle avait annulé le Congrès du 4 Août en raison du fait qu’il n’a pas été convoqué conformément aux textes statutaires du parti notamment par le président ou son intérimaire. A l’époque, c’est le bureau politique qui avait démis, dans des circonstances assez troubles, Oumarou Noma, l’intérimaire déchu par le président Hama Amadou, et avait convoqué le Congrès de Niamey. Or, ajoute notre source, les dispositions de l'article 125, alinéa 1er des statuts du Moden Lumana stipulent « qu’en cas de démission, d'incompatibilité ou l'empêchement définitif, l'intérim du Président du parti est assuré par élection, parmi les vice-président siégeant au Bureau Politique National. La Conférence nationale tient lieu de collège électoral ». C’est tenant compte du fait que Oumarou Noma n’a jamais été légalement confirmé comme président intérimaire, que le bureau politique a décidé de revoir la procédure. Ainsi, une conférence nationale extraordinaire a été convoquée et après la constatation, conformément aux textes, de la démission d’office du président intérimaire désigné par Hama Amadou, le chef de file des contestataires Oumarou Noma, il a été procédé à l’élection d’un nouveau président intérimaire en la personne de Elhaj Tahirou Seydou, dit « Parc 20 ». Celui-ci a donc désormais toute la qualité pour convoquer en toute légalité un Congrès, selon les arguments développés par notre source, une personnalité influente du bureau politique nationale. Par la même occasion, la conférence de ce samedi a pourvu aux autres postes vacants, en attendant le renouvellement de l'ensemble du Bureau politique national au prochain congrès ordinaire.
Avec la tenue de cette conférence nationale extraordinaire, instance statutaire du parti, le MODEN Lumana se conforme ainsi à ses textes et aux remarques soulevées par la tutelle. Comme l’a annoncé le nouveau président intérimaire, qui a appelé à une « union sacrée », le parti va désormais se préparer à la reprise de son 3e congrès ordinaire, pour espérer tourner la crise de leadership qui l’a secouée ces derniers mois. Il reste toutefois à attendre la réaction de l’autre aile dirigée par Oumarou Noma, qui se prévaut toujours de la légalité, ainsi que la décision finale du ministère de l’Intérieur. Des étapes décisives pour le parti de l’ancien président de l’Assemblée nationale, qui a récemment mis fin à son exil pour se mettre à la disposition de la justice qui l’a condamnée à une (1) année de prison dans l’affaire de « trafic de bébés », un obstacle qui risque de contrarier ses ambitions présidentielles.