Le président de l’ONG « Urgences panafricanistes », Kémi Seba a comparu le jeudi 26 décembre 2019 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou pour « Outrage au chef de l’Etat Roch Marc Christian Kaboré et d’autres chefs d’Etat étrangers ». Il a été reconnu coupable par le tribunal. Il écope ainsi de deux mois de prison et une amende de 200 000 francs CFA, le tout assortis de sursis.
Dès l’entame de l’audience, le procureur a demandé la diffusion d’une vidéo de la conférence de Kémi Séba, au cours de laquelle les propos jugés « outrageants » ont été tenus. Une requête que n’a pas partagé la défense. Pour Me Prospère Farama, ce n’est pas en projetant la vidéo que la source sera connue.
Néanmoins, la vidéo sera projetée. A la question du procureur de savoir si le prévenu reconnait l’infraction d’outrage, Kémi Séba a répondu : « Je ne reconnais pas que ces propos sont un outrage. Mais, c’est un cri de douleur du fils qui s’adresse à ses pères pour qu’ils reprennent leur courage parce que Macron est capable de là où il est de téléguider la plupart des présidents. Je regrette que tous les dirigeants obéissent aux ordres d’un marionnettiste comme Emmanuel Macron. Nous n’avons pas fait de tarif préférentiel pour un président par rapport à un autre ».
Parmi les noms des chefs d’Etat étrangers cités par le président du tribunal, l’on retrouve Mahamoudou Issoufou du Niger (traité de fou), Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire (traité de dramatique) et Emmanuel Macron de la France. A la barre, Kémi Séba a déclaré que ses propos sont dits dans le style journalistique de la polémique. « Je me suis senti obligé de provoquer un éléctro-choc afin d’inviter les dirigeants à prendre leurs responsabilités. Je n’ai fait que reprendre tous les propos que j’entends au Burkina depuis quelques temps », a argumenté le Franco-Béninois. Des propos qui ne sauraient être justifiés selon le ministère public, car tous les jours les présidents sont critiqués. « Même si certaines personnes sont acerbes, elles mesurent leurs propos ».
Après une suspension de quelques minutes, le tribunal a livré son verdict. L’activiste a été condamné à deux mois de prison et une amende de 200 000 francs CFA avec sursis.