La subordination de la satisfaction aux critères de convergence à la création d’une zone monétaire de la CEDEAO est un faux débat , ce débat doit être dépassé et tendre vers la mise en œuvre de la zone monétaire des États de l’Afrique de l’Ouest, la ZMAO.
Le processus de la création de la zone monétaire des États de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest , la CEDEAO, avait commencé depuis 2000, selon une communication du professeur Moustapha Kassé , en effet, déjà en 2000, les critères de convergence arrêtés ne sont pas éloignés de ceux en vigueur au sein de l’UEMOA. En effet , l’inflation devrait être réduite à 10 % en 2000, puis 5% en 2003, le déficit budgétaire doit être réduit à 5 % en 2000 , puis 4% en 2003 , la limite maximale des avances de la Banque Centrale devrait être plafonnée à 10% des recettes fiscales de l’année précédente, les réserves de change de trois mois en 2000 et six mois en 2003, la pression fiscale d’au moins 20% des recettes fiscales , la masse salariale ne doit pas dépasser 30 % des restes fiscales.
La zone qui devrait être créée à l’époque, regrouperait au départ : le Nigéria , le Ghana, la Guinée, la Sierra-Léon , Le Libéria, le Cap-vert et la Gambie . Aujourd’hui la zone s’est élargie avec l’arrivée des huit pays membres de l’UEMOA, la Côté d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée Bissau, le Bénin, Le Togo,le Burkina Faso, le Mali et le Niger,l ‘ensemble de ces quinze pays forme la CEDEAO.
De reports en reports , des divergences inutiles sur les fameux critères de convergence inventés de toutes pièces , ajouté des crocs en jambes, empêchent la mise en œuvre des instruments de la zone monétaire des l’Afrique de l’Ouest, la ZMAO . Et pourtant lorsque la zone monétaire de l’Union Européenne a été créée , tous les critères de convergence , n’étaient pas remplis . Actuellement tous les pays membres de l’union européenne ne remplissent pas les mêmes critères de convergence.
La locomotive de l’Union Européenne reste toujours l’ Allemagne.
La France est aujourd’hui 5ème puissance mondiale grâce à l’apport des devises de la zone franc. Desque qu’elle perdra la mainmise sur les devises du franc CFA ,elle perdra son rang de 5ème rang mondial . C’est ça la vérité, c’est ça la raison des crocs en jambes, des menaces voilées.
Le maintien de la parité fixe de l’ECO à l’EURO, de la garantie de la convertibilité de l’ECO par la France est encore une soumission au relent néocolonialisme.
Beaucoup des pays européens reprochent à la France cet état de fait, cette mainmise sur les devises africaines.
La parité fixe nuit aux relations économiques internationales des pays africains avec le reste du monde , nos pays ne peuvent se développer avec la parité fixe, le taux de change flexible est plus propice à booster le développement des entreprises industrielles et la création d’emplois en Afrique.
La CEDEAO a grandement besoin de sa souveraineté monétaire pour y parvenir il faudrait abandonner cette exigence de critères de convergence incompatible avec la réalité socio-économique africaine. Les économistes africains, la société civile, les intellectuels , se devraient de s’investir farouchement pour l’avènement d’une véritable souveraineté monétaire africaine.
Le projet de la création de la zone a pris forme et âme lorsque la conférence des chefs d’État de la CEDEAO a confié aux trois chefs d’État, à savoir : Muhammad Bouhari du Nigéria, Issoufou Mahamadou du Niger et Nana Akufo Addo du Ghana, la mission de coordonner la création et la mise en œuvre de la monnaie commune unique Africaine de la CEDEAO. Cette mission a été accomplie avec succès et professionnalisme. L’ECO a été créé le 29 juillet 2019 , à la 56 ème conférence de la CEDEAO, tenue à Abuja, au Nigéria, la mise en œuvre de la dite monnaie est prévue en juillet 2020. Les réflexions et la mise en œuvre de l’ECO, devraient se poursuivre en tenant compte des travaux adoptés à Abuja , au Nigéria le 29 juillet 2019.
Le taux d’échange retenu est le taux de change flexible, c’est le plus efficace en raison des relations économiques que la zone entretient avec beaucoup des pays hors de la zone euro ,ce qui facilitera les échanges commerciaux, porteurs des créations des entreprises industrielles, de création d’emplois.
La centralisation des devises africaines devrait être faite désormais dans un compte de la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest dont le siège devrait probablement être à Accra, au Ghana.
La gestion de l’ECO devrait être assurée en toute souveraineté par les pays membres de la CEDEAO sans aucune ingérence extérieure.
La garantie de la convertibilité devrait également être assurée grâce aux avoirs africains rapatriés du compte d’opérations logé au trésor français , aux lingots d’or et aux apports en devises des autres banques centrales africaines qui devront disparaître au profit de l’unité.
Cependant les partisans du maintien du franc CFA, de l’ancien ordre éhonté , ont trouvé une autre astuce, une grande ruse, pour annoncer pompeusement la fin du franc CFA le 21 décembre 2019 , à Abidjan, qui sera remplacé par l’ECO, la parité fixe à l’euro est maintenue, la France se désengagera de la gestion de l’ECO, mais elle restera garante de la convertibilité de l’ECO.
Comment peut-on se désengager de la gestion d’une monnaie et prétendre garantir sa convertibilité ?
Il est très difficile de croire à la sincérité de cette annonce dite historique et surtout, elle est faite par un farouche adversaire de l’avènement de l’ECO. Les vrais artisans, les partisans crédibles, de la création de l’ECO étaient absents à la fameuse annonce historique, ce qui crée des doutes légitimes dans l’esprit des citoyens ouest africains.
Par conséquent nous préconisons une grande vigilance aux quinze pays membres de la CEDEAO. Une entreprise de sabotage de la mise en œuvre de l’ECO par les partisans de la Françafrique serait habilement, subtilement , organisée.
Les Etats membres de la CEDEAO se devraient de continuer la lutte et rester très vigilants jusqu’à la victoire finale. L’ annonce d’Abidjan est un leurre. L ‘ECO sera un sous-multiple de la devise française Euro.
Il serait hautement nécessaire d’abandonner cette exigence des critères de convergence qui est un obstacle pour parfaire cette union tant souhaitée par les citoyens ouest africains.
La lutte pour la souveraineté monétaire de l’Afrique doit continuer, la jeunesse panafricaniste africaine, et les dirigeants convaincus de la souveraineté monétaire africaine doivent continuer la lutte, ce qui s’est passé à Abidjan est encore un obstacle très surmontable.
Par Issoufou Boubacar Kado MAGAGI. (Contribution Web)