Au Niger, l’année 2019 a été marquée par une dégradation continue de la situation sécuritaire, avec une recrudescence sans précédent des attaques terroristes en dépit des efforts de l’Etat et de ses partenaires. Tout au long de l’année, le pays a subi sur plusieurs fronts les assauts d’organisations terroristes, notamment de groupes proches d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d’Ansar Dine et d’autres mouvements basés dans le Nord du Mali, et de la secte Boko Haram, logée au Nigeria depuis 2009 et qui sème la terreur dans la région de Diffa (extrême sud-est). Un nouveau foyer djihadiste est venu s’y ajouter depuis près de deux ans, dans l’extrême sud-ouest du pays, au niveau de la région des Trois Frontières (Niger-Mali-Burkina Faso). Le Niger a payé cette année encore un lourd tribut, avec la perte de plusieurs centaines de civils et militaires, des milliers de déplacés et plusieurs écoles fermées dans les zones concernées, malgré les moyens consistants mobilisés par le gouvernement (19% du budget national, selon les autorités) ainsi que les différentes opérations engagées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) nigériennes sur différents théâtres, appuyées par les armées des pays voisins et amis. Les armées du Tchad, du Cameroun et du Nigeria contribuent à la Force multinationale mixte dans le bassin du lac Tchad contre Boko Haram et celles du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie et du Tchad participent à la force conjointe G5 Sahel, avec l’aide des armées des partenaires occidentaux. La plus tragique de ces attaques reste incontestablement la perte de 71 militaires le 10 décembre dernier dans un assaut d’une rare violence mené par plusieurs centaines de terroristes lourdement armés à bord de colonnes de véhicules et de motos, contre une garnison près d’Inates, dans la région de Tillabéry, près de la frontière avec le Mali. Alors que les Nigériens étaient sous le choc de cette tragédie, la pire connue par le pays depuis l’arrivée des mouvements djihadistes dans le Sahel, de l’avis des observateurs, deux semaines plus tard, le 25 décembre, 14 éléments des FDS ont été tués et un autre a disparu dans une embuscade tendue par « plusieurs terroristes lourdement armés », près de Sanam (ouest), à proximité de la frontière malienne, selon le ministère nigérien de l’Intérieur. Toujours parmi les attaques les plus meurtrières cette année, les Nigériens gardent également en mémoire celle perpétrée à l’aide d’engins explosifs par plusieurs terroristes lourdement armés le 14 mai dernier, contre une colonne des Forces armées nigériennes (FAN) près de Tongo Tongo (ouest), non loin de la frontière avec le Mali, qui a tué 28 militaires, et l’attaque du 24 juin contre le camp militaire d’Inates, qui a tué 18 soldats et fait 4 disparus. De leur côté, ces groupes terroristes ont également essuyé d’importants revers face aux forces nigériennes cette année à l’Est et à l’Ouest du pays. Face à cette montée en puissance du terrorisme et du crime organisé, notamment dans la région dite des Trois Frontières où les attaques, assassinats ciblés et enlèvements demeurent fréquents, et face aux difficultés des Etats concernés à combattre individuellement ces forces, le président nigérien Mahamadou Issoufou a toujours plaidé pour une coalition internationale pour y faire face. « Nous avons besoin de plus d’alliés. C’est le sens de notre appel, plusieurs fois renouvelé, à la mise en place d’une coalition internationale de lutte contre le terrorisme dans le Sahel et le bassin du lac Tchad », a-t-il souligné à l’occasion du sommet extraordinaire des chefs d’Etat du G5 Sahel le 15 décembre dernier à Niamey. Cet appel a été réitéré le 24 décembre dernier à l’issue d’une réunion du Conseil nigérien de sécurité (CNS) à Niamey, présidée par le chef de l’Etat, qui a appelé « au renforcement de la coopération militaire dans le cadre du G5 Sahel et à la mise en place d’une large alliance internationale » pour lutter contre le terrorisme au Sahel.