Le 31 décembre 2019 à Tesker, s’est tenu un forum communautaire sur la préservation de l’environnement, sous le parrainage du Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et des Affaires Religieuses et Coutumières, M. Mohamed Bazoum.
Cette rencontre organisée par l’ONG PDD/HAIYA en partenariat avec la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix. Sous le thème de la «préservation de l’environnement dans le département de Tesker» a regroupé sept (7) chefs de cantons et groupements du département de Tesker, le chef de canton de Kellé et plusieurs centaines de participants issus communautés des départements de Tesker et de Gouré. Ce forum a enregistré la présence d’une forte délégation officielle conduite par le ministre d’Etat de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires religieuses et coutumières, M. Mohamed Bazoum et composée du président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), le Général Mahamadou Abou Tarka, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Kalla Moutari, le ministre de l’Environnement et de la Salubrité Urbaine, M. Almoustapha Garba, le ministre du Développement Industriel, M. Aminou Elhadj Zaneidou, le ministre à la Présidence de la République, M. Rhissa ag Boula, et le Gouverneur de la région de Zinder, M.Issa Moussa.
A l’ouverture des travaux du forum, le Ministre d’Etat Mohamed Bazoum a d’abord adressé ses remerciements aux participants pour leur présence à ce forum important organisé pour la première fois dans un département ayant beaucoup souffert de la dégradation de l’environnement et de la poussée du désert. «Une bonne part des raisons qui président à cette dégradation de l’environnement est due à des comportements des humains» a rappelé, le Ministre d’Etat Mohamed Bazoum.
En fin connaisseur du problème, le Ministre d’Etat a détaillé ses propos en indiquant que l’utilisation abusive du bois pour la construction des habitats, des pratiques de cultures dans les zones de pastoralisme exclusif et une «colonisation» des terres d’élevage par l’agriculture sont des pratiques qui persistent en dépit de leur inadéquation au contexte actuel. C’est pourquoi, le Ministre d’Etat Mohamed Bazoum a voulu avoir une discussion franche «pour faire en sorte que ces comportements changent et participent à la régénération de la végétation par la promotion d’un comportement totalement différent».
Pour sa part, le ministre de l’Environnement et de la Salubrité Urbaine, M. Almoustapha Garba, a indiqué que «le département de Tesker dispose jadis des peuplements ligneux très variés et denses dans les vallées et cuvettes; des populations d’animaux sauvages assez diversifiés observables partout et la relation homme/faune en parfaite symbiose partageant les mêmes habitats». Ce qui n’est plus, hélas, le cas aujourd’hui. En effet, sous les doubles pressions anthropiques et climatiques le département enregistre une perte annuelle de 200.000 ha de terres face à l’avancée du désert et 20.000 ha de forêt disparus. D’où l’importance d’une gestion inclusive et concertée de cet écosystème. Le ministre Almoustapha Garba a insisté sur le fait que «les décisions prises et leur mise en œuvre au sortir du présent forum doivent être comprises, acceptées et appliquées de tous».
Quant au ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Kalla Moutari, il a rappelé la place de l’hydraulique pastorale dans le programme sectoriel de l’eau, l’hygiène et l’assainissement (PROSEHA 2016-2030).
Laquelle a fait l’objet d’une stratégie nationale de l’hydraulique pastorale (SNHP) adoptée par décret n° 2014-447/PRN/MH/A du 4 juillet 2014. La mise en œuvre de cette stratégie vise à réduire les risques et prévenir les conflits, ce à travers des outils opérationnels. Il a par la suite noté que les besoins en eau pastoraux «se caractérisent par leur grande fluctuation tant dans l’espace et par leur immensité dans un contexte physique assez complexe sur fonds des contradictions et des mutations sociales très marquées».
Selon le ministre Kalla Moutari, le département de Tesker compte 186 puits pastoraux dont 161 fonctionnels, 7 stations de pompage pastorales dont 5 fonctionnelles et 4 mimi-AEP. «Ce parc représente 63% du parc régional», a-t-il ajouté. L’importance de l’hydraulique pastorale transparait dans les enjeux qui y sont liés. Ces enjeux sont axés sont axés sur «la fluctuation des besoins en eau dans le temps et l’espace imposant la recherche d’une adéquation du couple eau/pâturage; la préservation des écosystèmes dues aux impacts environnementaux de l’exploitation des points d’eau pastoraux; la coupe abusive du bois frais pour la réalisation des puits traditionnels; l’implantation des points d’eau pastoraux sur la base des accords sociaux et conformément aux textes en vigueur; la gestion inclusive et durable des points d’eau pastoraux dans la quiétude et la solidarité; la qualité des infrastructures et de l’eau pour garantir une meilleure santé humaine et animale en milieu pastoral».
Enfin, le préfet du département de Tesker, M. Issa Sakola a souhaité la bienvenue à tous les invités ainsi qu’à tous ceux ayant effectué le déplacement de Tesker. Cette présence est la manifestation, selon lui de l’intérêt qu’accordent les participants et les autorités à la préservation de l’environnement dans cette zone.
A son tour, le président du tribunal de Gouré a relevé l’absence des dates définies pour la libération des champs. Ce défaut constitue une source de difficulté dans l’application de la loi, notamment le code du pastoralisme.
Au terme des échanges, qui ont duré toute une journée, une déclaration a été rédigée dite déclaration de Tesker ainsi que plusieurs recommandations. S’en est suivie une séance de présentation des matériaux pouvant servir à la construction des habitats nomades sans recourir à la coupe du bois. C’est à la suite de cette présentation que le Général Mahamadou Abou Tarka, a expliqué les raisons qui ont motivé la HACP à accompagner la tenue de ce forum. Il s’est agi pour cette institution de contribuer à la résorption d’un problème qui risque de porter atteinte à la quiétude des communautés car souligne-t-il, les tensions et crises naissent autour du contrôle des ressources. Et qui mieux dans un contexte d’une pressions forte pendant que lesdites ressources s’amenuisent.
Correspondance particulière de Abderahmane Ben Hamaye et Mourtala Issa