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«Tambourinier» de lutte traditionnelle : Saley Koura sur les traces de Guiwa

Publié le mardi 7 janvier 2020  |  Le Sahel
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© Autre presse par DR
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Lors des compétitions, c’est une coutume, la délégation de lutteurs est accompagnée par des acteurs infatigables à savoir les griots, les tchali-thcali, et les chanteurs qui sont détenteurs d’une certaine tradition. Guiwa, le célèbre joueur de tam-tam a marqué la lutte traditionnelle au Niger en général à travers son pouvoir de mobiliser et de galvaniser les lutteurs à produire des belles prestations pour les amateurs des spectacles de lutte. Après le décès de Guiwa, la troupe a, très vite, trouvé son hériter artistique en la personne de Saley Koura.

Cela fait déjà 15 ans que Saley Koura accompagne la délégation de la région de Maradi aux compétitions de lutte traditionnelle, poursuivant ainsi ce que faisait son mentor. Issu d’une famille d’agriculteurs, le destin a décidé autrement pour cet homme âgé maintenant d’une quarantaine d’années, qui a orienté ainsi sa carrière dans la musique.

C’est depuis son enfance dans les hameaux peulh que Saley Koura a entamé sa carrière en se produisant comme artiste amateur. A force d’engagement et avec son talent, il s’est investi pour se faire une place dans l’environnement musical local. Il jouait de la musique, dit-il, pour les jeunes peulhs lors de la célébration de certains événements particuliers à travers les danses du terroir à savoir ‘’ Ragajayé’’, ‘’Mardo’’, ‘’ Na er Saboua’’. Au fil de temps, Saley Koura a commencé à être convié lors des cérémonies dans les villages environnants, et dans les grandes localités de la région.

Pour ce qui est des instruments qu’il utilise, Saley Koura les confectionne lui-même. Il choisit les meilleures matières dont le bois d’arbres de ‘’Dania’’, du ‘’Gao, du Kirya, du Farou, du Majé (des espèces locales) et le cuir pour fabriquer son tam-tam. «Le bois de Majé est le meilleur pour fabriquer un instrument de qualité. C’est un bois résistant et il donne une qualité sonore exceptionnelle agréable à écouter pour ceux qui s’y connaissent bien», précise-t-il. Chaque instrument musical joue un rôle spécifique en matière d’animation et de résonnance. Saley Koura se donne une semaine pour fabriquer ses instruments dont entre autres ‘’Goundouwa’’ (le grand tam-tam) et ‘’Baragoda’’ surtout utilisé pour galvaniser les chefs traditionnels. Quant à la ‘’Badjoudala’’, elle est utilisée pour la danse des jeunes filles et garçons au cours d’une cérémonie.

Ses compétences lui ont valu à Saley Koura d’être retenu pour accompagner les lutteurs du département de Tessaoua lors des compétitions. C’est ainsi que Saley Koura s’est investi pour la lutte et la préservation des richesses culturelles à transmettre aux générations à venir. Parlant de son choix pour accompagner la délégation de la région de Maradi, il a confié avoir été désigné par Guiwa de son vivant lors d’une compétition de lutte en présence des autorités régionales. «C’était à Dakoro dans le cadre de la sélection régionale de lutteurs devant représenter la région au Sabre national. J’avais alors emprunté l’instrument préféré de Guiwa qui est le ‘’Goundouwa’’et dès que j’ai commencé à jouer les anciens lutteurs sont entrés en transe. C’est ainsi qu’ils ont apprécié ma façon de manipuler l’instrument, et ils ont trouvé en moi un digne successeur de Guiwa. C’est ainsi que Guiwa a informé les autorités régionales pour leur dire, c’est moi qui dois lui succéder après son décès», relate-t-il.

« Les lutteurs ont plus que jamais besoin de la musique pour être galvanisés, parce que ce sont les griots et autres artistes qui connaissent le secret pour mettre les lutteurs en transe lors des compétitions», confie Saley Koura. C’est pour quoi, les lutteurs se sentent en sécurité quand ils les voient autour de l’aire de combat pour leur transmettre des messages pouvant les inciter à changer la cadence du combat. Cependant Saley Koura déplore le fait que la lutte perd de plus en plus certaines de ses valeurs culturelles, et que les instruments musicaux traditionnels sont mal perçus dans la société. «Malgré tout nous continuons à perpétuer ce savoir-faire en dehors des arènes au cours des cérémonies dans les palais des chefs traditionnels, lors des cérémonies officielles ainsi que les mariages et les baptêmes», explique-t-il. Avec ses assistants, Saley Koura poursuit ainsi l’œuvre pour préserver le rôle des griots et les instruments traditionnels dans la société.

Laouali Souleymane Envoyé Spécial (onep)
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