Niamey abrite, les 8 et 9 janvier, un atelier international sur le programme des enfants non scolarisés, « Out of school chlidren» au Niger. Organisé à l’initiative du Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement (FSID), l’atelier vise à réunir et mobiliser les partenaires de la coalition pour la scolarisation des enfants et le gouvernement du Niger pour, entre autres, évaluer la situation au Niger et déterminer les interventions nécessaires pour atteindre l’objectif du retour des enfants à l’école.
Au Niger, malgré les avancées enregistrées grâce à des investissements et différentes politiques publiques accompagnées par les partenaires techniques et financiers, le système éducatif continue à faire face à de nombreux défis qui constituent un sérieux frein à l’atteinte par le pays, des Objectifs de Développement Durables (ODD). Une situation qui interpelle au plus haut niveau de l’Etat comme l’a souligné, ce mercredi 8 janvier à l’hotel Radison Blu de Niamey, le ministre de l’Enseignement primaire et de l’Alphabétisation, Dr Daouda Mamadou Marthé. «En dépit d’un investissement de 21% de ses ressources budgétaires dans le domaine de l’éducation, traduisant ainsi I’ engagement du Président de la République Son Excellence Issoufou Mahamadou en faveur du système éducatif, de nombreux défis restent encore à relever. La prise en charge des enfants déscolarisés et non scolarisés en fait partie », a fait savoir le ministre lors de son intervention à l’ouverture de l’atelier international sur le programme des enfants non scolarisés, « Out of school chlidren», au Niger. «C'est notre défi, pas seulement celui du Niger. La Banque islamique de développement (BID), usera de son soutien moral et financier pour œuvrer avec le gouvernement et les partenaires au développement à assurer une éducation de qualité aux enfants non-scolarisés » », a indiqué à ce sujet, le Président de la BID, Dr Bandar Hajjar, qui intervenait en marge de l’atelier. Et d’ajouter : « notre solution face au défi des enfants non-scolarisés comprend utilisation de la science, la technologie et l’innovation, en partenariat avec les ONG, les universités et le secteur privé, pour assurer une solution durable à nos pays membres ».
Une coalition des partenaires en faveur de la scolarisation des enfants
Cet atelier entre dans le cadre de l’initiative du Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement (FSID), une des branches du groupe de la Banque islamique de développement (BID) en charge de la réduction de la pauvreté, de lancer une coalition qui vise à ramener tous les enfants non scolarisés à l’école d’ici 2030 dans tous les pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Des évaluations récentes menées dans plusieurs pays de l’organisation ont, en effet, montré que, bien que les taux d’inscription bruts et nets des enfants scolarisés se soient considérablement améliorés dans le monde entier, il existe encore un nombre important d’enfants non scolarisés dans les pays membres de l’OCI. Ces pays constituent la majorité des pays où 2 enfants sur 5 ne sont pas scolarisés. Il est clair que si cette tendance se poursuit, un grand nombre d’enfants grandira sans les compétences dont ils ont besoin pour sortir eux-mêmes et leurs familles de la pauvreté. Cette dure réalité est à la base de la décision du Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement (FSID), de lancer cette initiative qui vise à rassembler les banques multilatérales de développement, les organisations internationales, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, la société civile et les médias. Une première phase pilote a été lancée en 2018 en partenariat avec Education Above All (EAA) dans un cadre appelé « ISFD-EAA Out-of-School Program », avec comme objectif, de financer le retour de 2,4 millions d’enfants non scolarisés au Mali, au Nigéria et au Pakistan.
C’est dans ce contexte que le FSID et la Vice-présidence des programmes de pays de la BID, en marge de la 44ème réunion annuelle du Groupe de la BID, ont organisé un événement sur le problème afin de galvaniser les pays membres de l’OCI et leurs partenaires à agir en les sensibilisant au problème et en créant des liens et des partenariats autour du problème conformément au P5P du président de la BID. Cet événement parallèle a permis aux participants de mettre en évidence un certain nombre de défis, notamment un financement insuffisant, une mauvaise planification et un manque de coordination. Ils ont particulièrement souligné la nécessité de cadres de planification pluriannuels avec des cycles de financement prévisibles utilisant des mécanismes de financement innovants et abordables. Tout en appelant à l’engagement politique des gouvernements, les participants ont exhorté les donateurs à travailler avec les gouvernements et de soutenir les plans et stratégies du secteur de l’éducation nationale. L’événement a également permis au FSID et à plusieurs partenaires de signer une déclaration, créant une coalition pour l’éducation, et à exprimer leur engagement à travailler ensemble pour réintégrer 28 millions d’enfants non scolarisés à l’école. L’événement de Marrakech a été suivi d’une consultation informelle en marge de la réunion annuelle des groupes de la Banque mondiale et FMI à Washington en avril 2019, entre le FSID, Save the Children, le Partenariat mondial pour l’éducation, Education Cannot Wait, l’International Réseau d’agences dans les situations d’urgence et le gouvernement du Niger. Il a été suggéré lors de la réunion de Washington d’utiliser le Niger comme pilote d’intervention coordonnée dans le cadre de la Coalition mondiale pour l’éducation. L’atelier proposé se situe dans ce contexte.
Au Niger, des défis persistants malgré les efforts de l’Etat et des partenaires
C’est dans ce cadre que se tient l’atelier de Niamey qui a pour principal objectif, de réunir les partenaires de la coalition et le gouvernement du Niger pour évaluer de manière exhaustive la situation des enfants hors école au Niger, leur nombre et leur répartition par région ; d’échanger sur les différents dispositifs existants pour la prise en charge des déscolarisés et non scolarisés et les évaluer ; de s’accorder sur le rôle de chaque partenaire dans la prise en charge des enfants hors école. Durant les deux jours des travaux, les participants à l’atelier vont aussi analyser les plans et politiques du gouvernement concernant les enfants non scolarisés ; et déterminer les interventions nécessaires pour l’atteinte de la cible.
C’est par une cérémonie solennelle que s’est ouvert l’atelier, en présence du ministre de l‘Enseignement Primaire et de l’Alphabétisation, M. Daouda Mamadou Marthé ; du directeur général du FSID, Dr Waleed Alwahaib, du représentant de la BID ; de la directrice de cabinet de la ministre du Plan ; ainsi que des représentants des partenaires techniques et financiers et des Organisations de la société civile. Dans l’allocution qu’il a prononcée à cette occasion, le ministre de l’Enseignement primaire a fait une brève présentation de la situation des enfants déscolarisés au Niger, les défis qui assaillent le secteur éducatif mais également les efforts du gouvernement, soutenus par les partenaires, pour prendre en charge ces défis aux enjeux stratégiques pour le développement du pays. Sur ce dernier point, le ministre Daouda Marthe a, entre autres et à titre d’exemple, indiqué que pour le compte du budget 2020 consacré à l’alphabétisation et à l’éducation non formelle, l’Etat prévoit de consacrer 4 milliards de FCFA, soit un peu moins de 7 millions de dollars américains, pour des besoins évalués a environ 240 millions de dollars américains. « C’est dire combien L’Etat du Niger a plus que jamais besoin du soutien de ses partenaires techniques et financiers », a souligné le ministre de l’Enseignement primaire qui a tenu à exprimer sa profonde reconnaissance aux partenaires de l’éducation en général et à la BID en particulier, « pour leur détermination sans faille à accompagner le Niger ».
« Le système éducatif nigérien est aujourd’hui caractérisé par un taux de scolarisation de 70% au niveau du cycle primaire et un taux d’achèvement de 65%. Ce qui signifie qu’environ 30% des enfants en âge d’être scolarisés n’ont pas encore accès à l’école. De même, parmi ceux qui y accèdent, 35% quittent l’école avant d’avoir achevé le cycle primaire, entrainant ainsi un taux de déperdition très élevé. Cette situation a pour résultante un nombre important d’enfants hors école, mais engendre aussi le rehaussement du taux d’analphabétisme de la population nigérienne de 15 ans et plus, déjà très élevé qui se situe à 71,6%. En effet, selon le rapport de l’étude sur les enfants et adolescent(e)s en dehors de l’école (EADE) au Niger de mars 2018, les enfants hors école de 7 à 16 ans sont estimés a 4.938.574, dont 2.626.576 de 9 a 14 ans, soit 53,2%. A la lumière de ce constat pour le moins préoccupant, nous nous devons collectivement d’apporter une réponse rapide et efficace à ce fléau que nous ne pouvons laisser perdurer. Ce d’autant plus que dans un contexte d’insécurité au Sahel, l’Etat se doit de tendre la main a ces jeunes, afin d’éviter que les groupes terroristes constituent leur refuge naturel ».M. Daouda Mamadou Marthé, ministre de l‘Enseignement Primaire et de l’Alphabétisation.
Les partenaires mobilisés pour accompagner le gouvernement
Intervenant à son tour, la représentante résidente de l’Unicef au Niger, Mme Félicité Tchibindat, et chef de file des Partenaires techniques et financiers du secteur de l'Education et de la Formation, a indiqué que le Niger est un pays vaste, avec 14 millions d'opportunités pour accompagner le développement du pays, en référence aux 14 millions d’enfants et de jeunes de moins de 18 ans, « qui ont des souhaits et des rêves pour eux-mêmes, leurs familles et leur pays ». Cependant, a-t-elle poursuivi, plus de 50% des enfants d’âge scolaire n'ont pas la chance d’aller à l'école et d'acquérir les compétences nécessaires pour saisir les opportunités de changer leur vie et le futur de leur pays. S’appuyant sur les résultats des enquêtes et études en la matière, et qui ont relevés des défis persistants et des disparités, elle a relevé, dans son intervention, « des avancées remarquables du secteur qui se traduisent par une augmentation du nombre d’enfants à l’école et plus de filles qui arrivent aux collèges ont été enregistrées et aussi par les efforts de pilotage et de coordination du gouvernement du Niger ».
Poursuivant son discours, Mme Félicité Tchibindat a indiqué que le Fonds Islamique de Solidarité pour le Développement, qui organise l'atelier, constitue un partenaire nouvellement arrivé au Niger. « C'est avec un grand plaisir que nous les Partenaires techniques et financiers accueillons le FSID en notre sein », s’est réjouit la chef de file des partenaires du secteur de l’Education et de la Formation, qui a par la même occasion, invité le Fonds à les rejoindre en endossant le Plan de Transition Sectoriel de Education et de la Formation (PTSEF) 2020-2022 qui a été adopté en novembre dernier par le gouvernement, et à signer le Cadre Partenarial qui constituent les documents de référence pour tous les acteurs et partenaires en matière d'alignement de leurs appuis au secteur. A travers ces documents, a souligné Mme Félicité Tchibindat, « les ministères de l'éducation et de la formation, accompagnés par les partenaires techniques et financiers et les organisations de société civile, ont pris des engagements forts pour redresser ensemble la situation et sont en train de faire des efforts considérables pour assurer une éducation inclusive et de qualité à chaque enfant vivant au Niger ».
« Le moment est opportun pour la formulation d’une stratégie de résorption des enfants hors système scolaire, accompagnée par un plan d'action qui permettra l'alignement de tous les acteurs. Pour le faire, il est important d’analyser les besoins et les contextes de tous les enfants qui se trouvent en dehors du système scolaire. L'exercice de formulation du Plan de Transition Sectoriel de Education et de la Formation (PTSEF) 2020-2022 a effectué un travail de diagnostic global du secteur de l'éducation et la formation y compris la question des enfants en dehors de l'école. Cette stratégie sous sectorielle sera la déclinaison opérationnelle spécifique pour permettre de définir et d'aligner les actions pour adresser la problématique des enfants en dehors de l'école ». Mme Félicité Tchibindat, chef de file des Partenaires techniques et financiers du secteur de l'Education et de la Formation.
En clôturant son allocution, la représentante de l’Unicef au Niger a annoncé qu’une autre étude participative est en cours pour analyser les attentes éducatives de la population nigérienne. Par ailleurs, a indiqué Mme Félicité Tchibindat, la stratégie nationale de réduction de la vulnérabilité du système éducatif nigérien est également en cours de rédaction et adressera la question spécifique des enfants en situation d'urgence. « Nous devons donc tous assurer la cohérence avec chacun de ces documents et alignés sur la gestion du flux proposée dans le PTSEF », a plaidé la chef de file des PTF du secteur de l’Education, pour qui, « cet atelier offre l'opportunité importante pour enclencher l'analyse approfondie et aboutir à la formulation d’un document opérationnel réaliste qui permettra de mieux résorber les enfants hors système scolaire ».
Le FSID et la BID engagés aux cotés du Niger et ses partenaires
Les travaux se sont poursuivis avec une présentation de M. Amadou Thierno Diallo, le directeur général des pratiques globales à la BID. Auparavant, le directeur général du FSID, Dr Waleed Alwahaib, a également prononcé une allocution lors du lancement de l’atelier, et dans laquelle il a fait la genèse de l’initiative du Fonds, ainsi que les objectifs poursuivis.
« L'éducation de qualité est la meilleure et même la plus importante solution durable à la pauvreté. Les interventions du FSID se veulent des solutions permanentes. Nous ciblons les enfants non-scolarisés au Niger et dans d’autres pays membres pour nous assurer qu’aucun enfant n'est laissé pour compte. Lors de la réunion annuelle de la BID à Marrakech, nous avons signé une déclaration avec nos partenaires au développement pour inscrire 28 millions d'enfants d'ici 2030 ». Dr Waleed Alwahaib, directeur général du FSID.
L'atelier sur les enfants non-scolarisés de Niamey a vu la participation active de hauts responsables du gouvernement et de représentants d'organisations internationales et régionales, comme Education Can not Wait, la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Zakat house, la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, Education Above All, le forum des jeunes de l'OCI, le PNUD, L’UNICEF, l' UNESCO, Spark, DFID, le Partenariat pour l'éducation, Plan Canada, Light for the World, Save the Children, EAA, IHH et Direct Aid. Au cours des travaux, les participants vont échanger sur la situation de l’éducation au Niger, en particulier le cas des enfants non scolarisés, ainsi que les voies et moyens permettant de prendre en charge cette situation avec l’élaboration d’un Plan d’actions au sortir de l’atelier, et qui va permettre d’atteindre la cible de l’initiative. Une visite sur le terrain est également prévue au second jour de l’atelier, dans une école de la capitale pour s’enquérir de la situation sur le terrain.
Il convient de noter qu’en marge de l’atelier, le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM. Issoufou Mahamadou a accordé, dans la matinée du mercredi 8 janvier, une importante délégation du FSID, conduite par le Directeur général dudit fonds, Dr Waleed Alwahaib. Le Chef de l’Etat a eu une séance de travail avec la délégation dans la salle des Conseils des Ministres avant de recevoir en audience le Directeur général du Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement (FSID), Dr Waleed Alwahaib, qui séjourne à Niamey, dans le cadre de l’atelier international sur la situation des enfants non scolarisés.