Les Forces armées nigériennes (FAN) ont un nouveau patron : le général de division Salifou Modi, qui a été nommé ce lundi 13 janvier, en conseil des ministres, chef d’Etat-général de l’Armée (CEMA). A 58 ans (il est né le 12 octobre 1962 à Zinder), il succède au général de Corps d’armée Ahmed Mohamed. Originaire de Niamey, où il est allé à l’école primaire de 1969 à 1975, c’est un officier valeureux de l’armée nigérienne, qui s’est fait un nom sur les différents fronts où il a servit mais aussi sur la scène politique où il a eut à jouer plusieurs rôles au sein des trois derniers régimes militaires de transition post-démocratiques qu’a connu notre pays depuis la Conférence nationale.
De AET à l’école militaire de Bingerville à Chef d’Etat-major général
Le parcours de l’officier supérieur qui trône désormais à la tête de la « grande muette », est un parcours presque sans faute pour tout militaire professionnel malgré les zones d’ombres que quiconque chercherait des poux sur un crane rasé finirait bien par en trouver un. Enfant des troupes (AET), après le cycle primaire, il a fréquenté l'école militaire préparatoire de Bingervile en Côte d’ivoire, d’où il sortit diplômé en 1983. Il intégra ensuite l’armée nigérienne la même année, comme engagé volontaire, et poursuivi parallèlement sa formation militaire dans plusieurs écoles de guerre notamment au Cameroun, en France et à Madagascar. Commandant de diverses unités notamment à N’Guigmi, Agadez et Niamey, il accéda au grade de capitaine en 1993. En 1998, il accéda au grade de lieutenant-colonel, et par la suite nommé Haut commandant de la Garde Républicaine pendant une dizaine d’années. C’est sous son long règne à la tête de ce corps de défense et de sécurité, que la Garde Républicaine (GR) fut transformée en Forces nationales d'intervention et de sécurité (FNIS), avant de devenir aujourd’hui, la Garde nationale du Niger (GNN).
En 1999, Salifou Modi fait parti du Conseil de réconciliation national (CRN), la junte militaire qui a dirigé la transition après la disparition du général Ibrahim Baré Mainassara et le coup d’Etat qui a mis fin à la 4e République. Sous la 5e République, à l’époque de Tandja Mamadou, il fut maintenu à la tête des ex-FNIS et après une nouvelle formation en Chine, il occupa pendant un temps le poste de commandant de zone (Comzone) de la Zone de défense N°1 d’Agadez. C’était au plus fort de la rébellion du MNJ (Mouvement nigérien pour la justice) qui sévissait dans cette partie nord du pays. En 2008, à la fin de la rébellion, et fort de ses faits d’armés sur le front, le président Tandja le propulsa chef d'état-major adjoint des forces terrestres. En 2010, une nouvelle crise politique secoua le pays et l’armée fit encore irruption sur la scène avec le coup d’Etat militaire du 18 février 2010. L’officier Salifou Modi fut nommé membre de l’organe de transition militaire, le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), dirigé par le général Salou Djibo. Il devient alors le chef d'état - major de l’armée de terre (CEMAT) jusqu’à l’avènement de la 7e République, en 2011, date à partir de laquelle il sera envoyé à l’étranger comme attaché militaire à l’ambassade du Niger en Allemagne.
Décoré de plusieurs médailles (chevalier de l’ordre du mérite en 1998 et chevalier de l’ordre national en 2003), il accéda au grade de général de Brigade, par décret du Président de la République, chef de l'Etat, chef suprême des armées, du 11 janvier 2018.
Faits d’armes élogieux
C’est donc à un valeureux officier, estimé dans les casernes où il est réputé comme brave, intègre et rigoureux, qu’a été confiée l’armée à travers le choix du général Salifou Modi, un pur produit de la maison s’il convient de le dire. C’est le cas de le dire puisque son engagement volontaire au service de la nation, crédo de tout soldat, il l’a presque hérité comme une vertu. Fils d’un sous-officier de ce qui était à l’époque une jeune armée nigérienne (son père l’adjudant chef Modi a été exécuté suite à une affaire de tentative de coup d’Etat contre le régime de Diori Hamani sous la 1ère République), le général Salifou Modi est aussi le père de deux enfants : une fille et un fils, qui est lui aussi engagé sous les drapeaux ! Mieux encore, ses faits d’armes plaident pour lui, puisque c’est au front qu’il a bâtit sa réputation notamment dans le nord du pays, où il a eu à tenir la dragée haute, à la tête de ses soldats, aux terroristes du Groupe Salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) du tristement célèbre Abderrazak « el Para », un ancien chef de guerre algérien qui s’est essayé à attaquer notre pays. Une expertise de taille dans cette nouvelle guerre asymétrique imposée à notre pays et que le nouveau patron de la « grande muette » a désormais la lourde responsabilité de contenir et d’enrayer. La plus belle fille ne donnera que ce qu’elle pourra, pour paraphraser un adage de chez nous, il reste maintenant à savoir s’il disposera des moyens et des marges de manœuvres nécessaires pour redorer le blason de notre armée et sauver le pays d’un péril qui la guette. Aura-t-il les coudées franches pour, de concert avec les autres officiers valeureux de nos forces de défense et de sécurité (FDS), déployer une stratégie efficace à même de donner aux soldats, qui n’ont jamais courbé l’échine malgré les derniers revers, de monter véritablement au front et de traquer l’ennemi jusqu’à ses derniers retranchements ? C’est tout ce qu’on lui souhaite, à lui et à tous ceux qui, de jour comme de nuit, dans le froid comme dans la chaleur, s’échinent à nous protéger et à protéger la nation nigérienne, parfois et assez souvent au prix de l’ultime sacrifice.