Depuis environ deux mois les inspecteurs d’Etat, Messieurs Soumana Idrissa et Jingarey Banakoye sont respectivement dans les locaux du ministère de santé et du conseil de ville de Niamey pour fouiller dans la gestion de ces deux boîtes.
Nous venons d’apprendre que ces travaux d’investigations et de vérification des comptes sont pratiquement finis dans les deux entités et les inspecteurs sont au stade de compilation de documents en vue de leur transmission au Président de la République.
Si l’on en croit les premières informations qui filtrent des conclusions de ces deux rapports d’inspections, elles sont révélatrices des lourds soupçons qui pèsent sur la mauvaise gestion et les malversations financières à grande échelle, concernant particulièrement la gestion de l’ancien ministre de la santé M. Soumana Sanda et de l’ancien président du Conseil de ville de Niamey, Oumarou Moumouni Dogari, tous deux militants du parti Moden lumana. On susurrait déjà dans certains milieux politiques tous les scandales qui ont éclaboussé ces structures au cours de ces derniers mois. Les stigmates de l’affaire du fonds GAVI même si elle ne relève pas exclusivement de Soumana Sanda, sont vivaces dans les esprits des nigériens. Mais la grosse affaire dont on parle récemment et qui va sans doute retenir l’attention des inspecteurs est liée à l’utilisation des fonds des partenaires du Niger et les différents marchés accordés dans des conditions douteuses à la clientèle politique.
Tout récemment, le Niger s’est confronté à une rupture du vaccin BCG, pour la première fois depuis plus de trente ans tout simplement parce que l’Unicef et bien d’autres partenaires au développement ont exigé des justifications suffisantes sur l’utilisation faite du montant d’environ 800 millions de FCFA mis à la disposition de notre pays sous la gestion de Soumana Sanda. Le dossier de prêt à la Bagri de 100 millions de FCFA où le nom du ministère de la santé a été utilisé n’est encore totalement élucidé à la date d’aujourd’hui. On parle également d’une sombre affaire au niveau de l’Hôpital National de Niamey tournant autour d’une question de prêt bancaire relativement à un marché litigieux se chiffrant à plusieurs centaines de millions. Au niveau du Ministère de la santé, il semble même que des interpellations ont été opérées dans le cadre du traitement de certains dossiers. Autant on parle de grabuges au niveau des ressources financières, autant on parle d’une politisation à outrance dans les nominations par l’ancien Ministre de la santé Soumana Sanda.
Une situation qui n’a pas manqué d’embarrasser le nouveau ministre de la santé Mano Aghali qui n’a procédé à aucune nomination depuis son arrivée en attendant d’avoir une situation claire de l’organisation du ministère et du personnel. S’agissant de la ville de Niamey, comme on le sait, l’ancien président du conseil Oumarou Moumouni Dogari a été révoqué suite à la mise en hypothèque du garage administratif et de sa résidence officielle, toute chose qui a été jugée non conforme aux lois par le gouvernement. Depuis lors, des investigations ont été enclenchées au niveau de la ville de Niamey pour fouiller la gestion du Maire central sortant et ainsi permettre à la justice de mener à bien son travail en temps opportun. Avant sa révocation déjà, dans les milieux des élus de Niamey, on parlait de son contentieux avec le gouvernorat de Niamey dans lequel la Gouverneure Mme Aïchatou Boulama le sommait dans une correspondance de justifier une bagatelle somme de l’ordre de trois cent millions.
Dans la même période, le président de la commission d’attributions des marchés de la ville de Niamey, le Conseiller Gérard Delanne jetait l’éponge pour protester contre les multiples irrégularités dans les attributions de certains marchés aux opérateurs économiques proches de M. Oumarou Dogari. A son arrivée à la tête du Conseil de ville, en tant qu’intérimaire, le premier vice Maire Ibrahim Oumarou a annulé tous les marchés douteux qui étaient dans le pipeline. Dans les prochains jours, ces inspections d’Etat vont se multiplier et se généraliser au niveau de toute l’administration publique et surtout au niveau des sociétés d’Etat et Etablissements publics, conformément à des instructions données par le Président de la République Issoufou Mahamadou, pour détecter et sanctionner les indélicats.