NIAMEY- Le président français François Hollande doit s'engager à ce qu'Areva ne fasse pas pression sur le gouvernement du Niger pour obtenir de meilleures conditions d'extraction de l'uranium dans ce pays, a demandé l'ONG Oxfam mercredi. Oxfam-France et le Rotab, une ONG nigérienne, qui avaient publié en novembre un rapport intitulé "Areva au Niger: à qui profite l'uranium?", ont rencontré mercredi des membres d'Areva qui ont "confirmé" leur "refus" de se voir appliquer la "loi fiscale nigérienne" de 2006, selon les deux ONG.
"Les responsables d'Areva nous ont expliqué que l'application à ses mines au Niger des dispositions fiscales actuellement en vigueur dans ce pays était incompatible avec l'avenir économique de leurs mines, et que si leurs impôts augmentaient ils pourraient devoir les fermer", a expliqué Luc Lamprière, directeur général d'Oxfam-France, dans un communiqué. L'ONG, dans ce texte, demande au président Hollande de "s'engager à ce que les négociations, à toutes les étapes, se déroulent dans la plus grande transparence" afin qu'"aucune pression" ne soit faite sur le gouvernement du Niger "pour obtenir des termes plus favorables à Areva", qui "réduiraient les retombées financières pour le Niger". L'Etat français est actionnaire à plus de 80% du géant du nucléaire.
Un sommet France-Afrique se tiendra vendredi et samedi à Paris. Le contrat d'exploitation de l'uranium nigérien arrive à terme au 31 décembre 2013. Sa renégociation occasionne un bras de fer intense entre Niamey et Areva.
Dans un communiqué envoyé à l'AFP mercredi, l'entreprise française a rappelé son "engagement permanent en faveur de la transparence financière". "Le souhait de tous les actionnaires des mines, dont l'Etat du Niger, est de maintenir la rentabilité (des mines) et de permettre leur développement futur. (...) Les discussions actuelles sur les conventions s'inscrivent dans cet objectif de pérennisation", a précisé Areva.
Le géant du nucléaire français extrait près de 40% de son uranium au Niger, mais ce pays reste l'un des plus pauvres au monde. "Au Niger comme ailleurs, la décision de lever des impôts et de les percevoir incombe à la puissance publique", a observé Luc Lamprière, qui a rejeté "les privilèges fiscaux négociés portes closes". Selon Areva, plus de 80% des revenus (taxes et dividendes) générés par les mines depuis leur création sont revenus à l'Etat du Niger. Des chiffres que rejette Oxfam, pour qui Niamey, entre 1971 et 2010, n'aurait perçu que 459 millions d'euros, soit 13% de la valeur totale des exportations d'uranium évaluées à 3,5 milliards d'euros.