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Les femmes victimes de violences sexuelles sur le trajet migratoire

Publié le jeudi 6 fevrier 2020  |  Agence Nigerienne de Presse
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© Autre presse par DR
Les femmes victimes de violences sexuelles sur le trajet migratoire
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Considérée comme un palliatif aux divers chocs alimentaire, sécuritaire, politique et économique, la migration met sur la route de … l’aventure des cohortes des jeunes, des personnes plus âgées, d’enfants et des femmes en Afrique, ces dernières sont les plus souvent victimes de violences sexuelles.

Le Niger est surtout connu pour être un pays de transit important des candidats à l’immigration venant d’Afrique de l’ouest, du centre et des rives du golf de Guinée, en route vers l’Algérie, le Maroc et l’Europe.

Le phénomène dopé ces dernières années par la crise en Libye avec ses réseaux de trafics – traites de personnes, prostitutions et ses lots de drames dans le désert du Sahara et de Méditerranée a pris des allures telles que le gouvernement nigérien a adopté en 2015 une loi anti-migratoire criminalisant la migration.

Les opérations coup de poing ont permis de détruire des ghettos qui servent de maison de passe et de dortoirs aux candidats à la migration, d’immobiliser des véhicules de trafiquants et de refouler des milliers des migrants.

Ces tours de vis ont certes réduit la cadence mais ils n’ont pour autant pas réduit à néant le mouvement qui prend des voies de contournement avec les risques d’égarement et de décès dans le désert sans compter le renchérissement des frais de transport et de route.

Les profils et l’origine géographique de ces candidats à l’immigration sont divers. On retrouve des jeunes de 18 à 35 ans comme des quinquagénaires, des femmes et des mineurs accompagnés ou non.

Le plus souvent l’aventure tourne court et le rêve devient un cauchemar. C’est le cas de Sabrine âgée d’une trentaine d’années, rencontrée à Niamey dans un camp de refoulés.

‘’Je viens de la Libye où j’ai été contrainte de pratiquer la prostitution dans un réseau, maintenant j’envisage de changer de cap mais en attendant il me faut me prostituer pour pouvoir avoir de quoi continuer mon chemin’’.

Les femmes dont une proportion importante de femmes venant d’Afrique de l’ouest ou du Centre ‘’échoue’’ …aux rives du Niger et du Ténéré.

La prostitution s’offre l’alternative pour rembourser les ‘’dettes’’ de transport et faire face aux divers frais tant le voyage est ruineux et impliquant divers réseaux (transporteurs, logeurs, intermédiaires, agents de sécurité).

Agée de 28 ans mère de 2 enfants et enceinte, Victoria est aussi au Niger depuis septembre 2019 elle affirme avoir fuit un conflit dans la zone anglophone du Cameroun où elle a perdu son père et son grand frère et des membres de sa famille ont également été kidnappés.

‘’Actuellement, a-t-elle affirmé, j’ai pu avoir le statut de refugié ici au Niger et je compte me former en informatique plus précisément en Secrétariat informatique en attendant de voir ce que l’avenir me réserve’’.

Marine, qui est au Niger depuis 3 mois suite à une opération de refoulement d’Algérie, a quitté son pays, le Cameroun, en mai 2015 juste après son Baccalauréat. Les larmes aux yeux, elle raconte :

‘’J’ai une copine qui avait fait juste 8 mois en Algérie et qui était revenue avec beaucoup d’argent, soit disant qu’elle travaillait dans un supermarché là-bas et qu’elle gagnait 450 Euros l’équivalant de 300.000f CFA’’.

‘’Ayant proposé de retourner avec moi, je n’ai pas hésité un seul instant à la suivre, car je me suis dit que si dans un supermarché elle gagne 450 Euros, avec mon Baccalauréat, je pourrais gagner plus, mais en réalité, elle m’avait menti ‘’ regrette t- elle.

‘’Du Cameroun j’ai passé par le Nigéria, que j’ai dû vite quitter à cause de Boko Haram, après j’ai fait le Bénin et le Niger. Une fois au Bénin, la police des frontières après une fouille minutieuse m’a pris tout mon argent et les gens étaient séparés dans plusieurs bus pour Niamey, d’autres ont emprunté la voie fluviale et une fois à Dosso nous avons été confrontés à d’énormes difficultés à cause de nos nationalités car c’est par poste de contrôle qu’on paie’’ a-t-elle poursuivi.

Marine a par ailleurs indiqué qu’on les a faits passés à Arlit par le désert où des femmes ont été violées et des hommes dépouillés de leur argent et biens.

‘’Mais déjà au Bénin, on a croisé des gens qui ont été refoulés d’Algérie mais je me suis entêtée pour continuer vers ce pays, advienne que pourra’’ a-t-elle ajouté.

‘’Une fois en Algérie, j’ai séjourné chez cette même copine qui m’a donné un ultimatum de deux semaines pour trouver mon propre abri si jamais je refusais d’intégrer leur réseau de prostitution ’’ a-t-elle souligné.

Marine de faire savoir qu’ ‘’au début j’ai ouvert un maquis avec le peu d’argent que j’ai gagné en faisant le trottoir quand encore sous les ordres de ma copine, mais les policiers venaient tout le temps m’intimider, ils me menaçaient de me refouler en me demandant de coucher avec eux au début je refusais jusqu’à ce que j’ai succombé à leurs injonctions’’.

‘’Mais ces derniers n’ont pas arrêté et j’ai continué à accepter jusqu’au jour où ils m’ont refoulée sans rien’’ a-t-elle lâché le cœur meurtri.

Certaines ONG qui militent dans le domaine de la migration aux côtés de l’Etat conscientes des risques qu’encourent les migrants lors de leurs traversées, tirent la sonnette d’alarme.

Basée à Niamey au Niger, l’ONG Migrant en route se bat au quotidien pour informer, sensibiliser les candidats à la migration en général et en particulier les femmes sur les dangers qu’elles encourent au cours de leurs traversées surtout celles qui s’adonnent à la prostitution.

‘’Le Projet Migrant en route s’est donné pour tâche d’informer les migrants sur les dangers liés à la migration irrégulière et les risques physiques et financiers qu’on peut rencontrer sur le chemin, les conditions de vie dans les pays de transit, tout comme le Niger, la Libye, l’Algérie, le Maroc mais aussi les dangers liés à la traversée de la Mer et les conditions de vie en Europe, car voyager est une chose et vivre dans ces pays là en est une autre’’ a notifié le chargé des relations avec les médias du Projet Migrant en route M. Guevanis Doh.

‘’Nous apportons les informations nécessaires pour que le migrant en toute connaissance de cause, en toute maturité prenne sa décision’’ a-t-il ajouté.

L’ONG Migrant en route propose également à ces derniers des alternatives de sortie, ‘’nous leur donnons des informations sur des opportunités qui sont là, à travers les bourses d’étude afin de voyager légalement et éviter tous les dangers de la traversée du désert’’ a expliqué M. Guevanis Doh.

‘’Il y a également, la formation professionnelle pour ceux qui ont le niveau moyen, avec la GIZ (ONG allemande) ici au Niger qui apporte un soutien aux communautés locales pour faire face à l’arrivée des migrants, les jeunes porteurs d’idées sont également ciblés parmi eux afin de les accompagner jusqu’à ce qu’ils mettent leurs projets en place et réaliser ce qu’ils veulent’’ a-t-il conclu.

Œuvrant dans le cadre de la défense des droits des migrants, selon le Président de l’ONG Jeunesse, Enfance, Migration, Développement (JMED) M. Manou Nabara Hamidou , ‘’il ya une loi à savoir l’Ordonnance relative à la lutte contre la traite des personnes qui date de 2010 qui protège les migrants, les femmes et les enfants de l’exploitation et des activités des passeurs, mais également des risques sur le chemin où intervient la loi de 2015 relative à la lutte contre le trafic illicite des migrants, cette loi essaie de les mettre à l’abri entre autres de l’abandon, des abus menés souvent par les passeurs, les transporteurs’’.

‘’Ces deux textes ont prévu une institution à laquelle il faut s’adresser lorsqu’il y a ces genres de situations à savoir l’agence nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants (ANLTP)’’ a-t-il précisé.

‘’Cette agence est opérationnelle et représentée dans toutes les régions à travers les tribunaux de grande instance au niveau desquels elle a des représentants, mais également les acteurs de la société civile peuvent écouter des potentielles personnes victimes pour les orienter à aller vers des services compétents’’ a ajouté M. Manou Nabara Hamidou

Pour l’acteur de la société civile M. Massaoudou Ibrahim, en dépit des difficultés qu’il rencontre le Niger, essaie tant bien que mal de mette en application le protocole de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) quant à la sécurisation des citoyens de l’espace et de leurs biens.

‘’Le problème qui se pose est que, nombreux sont les candidats à la migration irrégulière, clandestine qui traversent les pays de l’espace de la CEDEAO avec des couloirs tels que celui du Niger, qui passent par Agadez, Arlit, la frontière libyenne, la frontière algérienne pour enfin traverser la mer à destination de l’Europe’’ a-t-il a notifié.

‘’Pour régler ce problème, il faut que les Etats membres de la CEDEAO soient beaucoup plus soudés sur des questions de l’emploi, du bien être, du mieux être des citoyens de l’espace communautaires’’ a ajouté M. Massaoudou Ibrahim Acteur de la société et Consultant en Gouvernance, Paix et Stabilité.
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