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M. Mahaman Elhadji Ousmane, ministre de l’Elevage : ’’Depuis les indépendances, jamais un tel effectif de cadres n’a été spontanément recruté et mis à la disposition du monde rural pour aider les éleveurs à booster leur production’’
Publié le vendredi 6 decembre 2013   |  Le Sahel


M.
© Le Sahel
M. Mahaman Elhadji Ousmane, ministre de l’Elevage


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Monsieur le ministre, le Niger est un pays d’élevage par excellence. Pouvez-vous nous présenter succinctement la situation de notre cheptel ?

Je voudrai tout d’abord vous remercier de l’occasion qui m’est offerte à travers votre journal, d’entretenir les lecteurs et lectrices sur des questions liées à l’élevage dans notre pays.
Comme vous le savez, au Niger, l’élevage constitue la 2ème activité économique du pays, occupant 87% de la population dont 20% de pasteurs. Deuxième ressource d’exportation du pays après les industries extractives, les productions animales contribuent pour près de 11% à la constitution du Produit Intérieur Brut et 24% au PIB agricole, se plaçant au 1er rang des recettes totales d’exportation des produits agro sylvo pastoraux, avec 22%.

L’élevage contribue également à plus de 15% au budget des ménages, et assure la satisfaction des besoins alimentaires, à hauteur de 25%. Il constitue un pourvoyeur de recettes pour l’État et les collectivités territoriales. Le cheptel national est estimé à environ 36 millions de têtes, toutes espèces confondues. En dépit du déficit de la balance commerciale agricole (tous produits confondus), le Niger présente un avantage comparatif dans l’exportation de certains produits d’élevage, notamment le bétail, les cuirs et peaux. De plus, l’appartenance du pays à plusieurs organisations d’intégration économique régionale constitue un atout en soi.

L’élevage occupe près de 87% de la population rurale. Quelle stratégie votre département ministériel compte-t-il adopter afin de le moderniser ?

Effectivement, l’élevage c’est une activité pratiquée par plus de 87% de la population, et c’est l’activité rurale pratiquée 12 mois sur 12 et dans tous les villages, hameaux et campements du pays. Aussi, c’est connu de tous, et je le dis souvent, l’uranium et le pétrole ne sont pas les vraies richesses de ce pays, c’est le bétail notre trésor et notre ressource incommensurable et renouvelable.

Comme vous pouvez le constater, l’élevage mérite une attention particulière des hautes autorités de ce pays qui sont convaincues que la lutte pour la sécurité alimentaire, ou même la sécurité tout court, passe par le développement du secteur de l’élevage.

C’est pourquoi, dans sa déclination du PDES et de l’I3N pour le secteur de l’élevage, il a été élaboré et adopté une Stratégie de Développement Durable de l’Elevage et de son plan (SDDEL 2013-2035). En matière de modernisation et d’intensification de l’élevage, objet de votre question, la SDDEL 2013-2035 prévoit, entre autres : l’amélioration génétique des animaux domestiques; la promotion des fermes modernes, de l’embouche, des petites unités familiales etc. ; la sécurisation des systèmes pastoraux ; la promotion des cultures fourragères et la valorisation des résidus des récoltes; la mise place un mécanisme régulier d’approvisionnement en intrants zootechniques.

Hier, vous avez initié une prise de contact et d’orientation des agents de l’élevage nouvellement recrutés à la Fonction Publique. Quel est le sens de cette initiative, et quelle est la situation des cadres de l’élevage intégrant la Fonction publique, toutes spécialités confondues?

Effectivement, nous avons choisi d’effectuer une prise de contact et d’orientation des agents de l’élevage nouvellement recrutés à la Fonction Publique pour le compte de mon département ministériel, car, il s’agit là d’une opération inédite en matière de dotation des services de l’Etat en ressources humaines. En effet, depuis les indépendances, jamais un tel effectif de cadres n’a été spontanément recruté et mis à la disposition du monde rural pour aider les éleveurs à booster leur production. Tenez-vous bien, nous venons de faire passer le ratio d’encadrement d’un cadre d’élevage pour 51 210 UBT en 2012 à un cadre pour 36 520 UBT en 2013. Et, ce n’est pas tout, car 211 auxiliaires et 72 agents cadres sont en processus de recrutement afin de compléter les 700 agents programmés.

Il s’agit aussi de l’accomplissement d’un engagement de SEM le Président de la République en faveur du recrutement des jeunes diplômés à la Fonction Publique, et sur ce plan on peut aujourd’hui se réjouir du fait qu’il n’y a présentement aucun médecin vétérinaire ou agent de santé animale nigérien en chômage.

Il s’agit surtout de la création des conditions optimales pour la mise en œuvre du PDES, de l’Initiative 3N ’’Les Nigériens Nourrissent les Nigériens’’, de la Stratégie de Développement Durable de l’Elevage et de son plan (SDDEL 2013-2035) sur lesquelles nos vaillantes populations fondent l’espoir de vaincre à jamais le spectre de l’insécurité alimentaire et la pauvreté. En effet, les cadres de l’élevage intégrant la Fonction Publique embrassent toutes les spécialités à même de permettre la mise en œuvre efficace et efficiente de la Stratégie de Développement Durable de l’Elevage et de son plan (SDDEL 2013-2035).

Dans le cadre du Programme de la Renaissance, une des huit priorités est l’initiative 3N. Est-ce qu’il a été prévu une stratégie pour améliorer les conditions de vie des acteurs de l’élevage ? Si oui, dites-nous comment se présente-t-elle ?

Comme vous le savez, l’élaboration et la mise en œuvre de l’I3N se justifie par la recherche de la souveraineté alimentaire, ou en terme clair, ’’vaincre la faim’’ est un objectif primordial dans le Programme de Renaissance du Président de la République. Il s’agit d’une réponse pratique et pragmatique à la situation de sécheresses répétées, avec une tendance évidente de chronicité mise en exergue notamment par les crises alimentaires successives de 2005 et 2010.

Au-delà d’une réponse à cette situation d’insécurité alimentaire et de malnutrition endémique, l’I3N traduit aussi une ferme volonté politique de mettre en valeur les énormes potentialités de production du pays (36 millions de tête de bétail, 270 000 ha de terres irrigables...) à travers particulièrement un soutien approprié aux petites exploitations agricoles, agro-pastorales et pastorales. Il s’agira d’aller au-delà des réponses classiques ’’urgence-résilience’’, vers la création des conditions d’amélioration des revenus au niveau des ménages ruraux, seule façon pour ceux-ci de ’’vaincre la faim’’ et stabiliser la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

A cet effet, il est attendu du secteur de l’élevage, l’augmentation des productions animales (viande, lait et œuf), ainsi que l’amélioration des revenus de producteurs. Pour répondre à cette préoccupation, mon département ministériel a élaboré une Stratégie de Développement Durable de l’Elevage et de son plan (SDDEL-2013-2035) avec comme vision ’’Un Niger où l’élevage, à l’horizon 2035, contribue significativement à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et améliore les conditions socio-économiques des populations à travers une gestion durable de l’environnement ’’ qui est un des axes de l’initiative 3N.
Monsieur le ministre, est-ce qu’on peut dire qu’avec ce recrutement massif, la répartition des agents de l’élevage par zone répond à l’objectif recherché par le Gouvernement ?
Comme je le disais tantôt, avec ce recrutement massif, nous venons de faire passer le ratio d’encadrement d’un cadre d’élevage pour 51 210 UBT en 2012 à un cadre pour 36 520 UBT en 2013. Et, ce n’est pas tout car 211 auxiliaires et 72 agents cadres sont en processus de recrutement afin de compléter les 700 agents programmés.


Ce recrutement a donc porté l’effectif global du personnel du ministère à 1467 agents. Avec ce personnel additionnel, la répartition des agents de l’élevage par zone répondra, bien entendu, à l’objectif recherché par le Gouvernement, notamment chaque commune se verra dotée d’un agent de l’élevage, car, comme vous le savez, la porte d’entrée de la mise en œuvre de l’I3N est la commune.

Seini Seydou Zakaria

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