En fin de semaine dernière, le Niger a réintégré l'ITIE, l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives, après dix ans d'absence. Niamey a donné des gages en particulier sur la participation de la société civile.
Une « plateforme de la société civile permettant à tous les citoyens d'avoir une visibilité sur les revenus des activités extractives ». C'est, juge le directeur Afrique de l'ITIE Bady Baldé, interrogé par RFI, « le changement majeur » qui a permis le retour du Niger dans l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives. Il y a trois ans le Niger s'était retiré de l'ITIE après en avoir été suspendu. La population nigérienne n'avait pas été jugée en mesure de comparer les revenus déclarés par le gouvernement avec ceux versés par les sociétés minières. Les rapports du Niger comportaient aussi des erreurs.
Rassurer les investisseurs et diversifier le secteur minier
Désormais la Société du patrimoine des mines du Niger (SOPAMIN), qui gère les participations de l'État dans le secteur, se forme au Sénégal. En particulier sur la « propriété réelle », explique-t-elle, afin de de mieux détecter les sociétés écrans et donc les fraudes.
Ce retour du Niger dans l'ITIE intervient alors que le pays sahélien est en plein boum minier. L'an dernier, le gouvernement nigérien a octroyé de nombreux permis de recherche, il a investi dans la cartographie géologique et la prospection.
Le départ d'Orano, ex-Areva, se profile
Le retour dans l'ITIE « va avoir un effet très positif auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds », estime Ludovic Bernet, avocat au barreau de Paris et collaborateur senior du cabinet Fieldfischer LLP (Africa Group), alors que le Niger, qui produisait avant tout de l'uranium et de l'or « cherche à diversifier son secteur minier, notamment dans le fer », et alors que se profile « le retrait d'opérateurs importants et historiques comme Orano, ex-Areva ».
Contexte sécuritaire et électoral
Pour autant cette démarche volontaire du Niger ne garantit pas la transparence à ce stade. « Le pays est encore 120ème sur 180 dans le classement de Transparency international sur la corruption, souligne Pierre-Samuel Guedj, président d'Affectio Mutandi, une société de conseil juridique et réputationnel dans le secteur minier. La situation sécuritaire est très compliquée, on sera en période électorale au second semestre. L'administration, les politiques et les médias seront focalisés sur autre chose, à moins que cette réintégration ne devienne un argument électoral. »
Pas de lien entre l'ITIE et les objectifs de développement durable
Plus largement, l'ITIE n'a pas encore démontré en quoi elle contribuait à lutter contre la faim, à faciliter l'accès des populations à l'eau, à l'énergie ou à la parité homme/femme. « Des objectifs de développement durable qu'il serait bon, juge Pierre-Samuel Guedj, d'intégrer dans l'initiative. »