Le 21 décembre prochain, le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/FA Lumana/Africa) sera en conclaves à Niamey. Il s’agit pour le parti du Président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou de faire ses comptes, après son retrait de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), à savoir l’alliance des partis au pouvoir.
En effet, le divorce du parti au symbole de cheval ailé d’avec les socialistes nigériens au pouvoir ne s’est pas passé sans problème. Des compagnons et non des moindres de Hama Amadou ont préféré rester dans leurs « coquilles vides » se « rebellant » ainsi contre la décision du bureau politique national du parti de suspendre sa participation au gouvernement dit de large ouverture composé et formé en août dernier, en attendant sans doute l’octroi des « coquilles pleines ».
Au nombre de ceux-ci, Mano Agali, Ministre de la Santé « coquille vide », ex président de la coordination régionale Lumana d’Agadez, Sala Habi, Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat « coquille vide », président de la coordination régionale Lumana de Tahoua mais également le jeune et bouillant Omar Hamidou Tchana plus connu sous le nom de Ladan Tchana, Ministre d’Etat, des Mines et du Développement industriel « coquille vide ». C’est surtout le ralliement de ce dernier au gouvernement Brigi 2, qui fait grincer les dents des fidèles de Hama Amadou. Secrétaire Général du parti, Ladan Tchana est également le président de la coordination régionale de Tillabéry (le fief du MODEN/FA Lumana/ Africa) et animateur principal des PH (Partisans de Hama Amadou).
Pour la parenthèse, retenons que le groupe dit PH est le nom que s’était attribué les partisans de Hama Amadou lorsque ce dernier avait été embastillé à la prison de haute sécurité de Koutoukalé. A l’époque, Ladan Tchana s’était fait remarquer pour sa détermination à défendre celui qu’il appelait récemment encore « patron » (Hama Amadou). Il se raconte que peu avant l’embastillement de Hama Amadou, le même Ladan aurait remis à l’avocat de son « patron », les 100 millions de FCFA en cause et à charge contre Hama dans ce qu’on appelé « affaire fonds d’aide à la presse 2001 ». C’est donc cette complicité bâtie dans du ciment que l’épisode du gouvernement dit de large ouverture est venue ébranler.
Si pour l’entourage de Hama Amadou, Ladan Tchana apparait comme un « rebelle » à la cause de Hama Amadou, le président de la coordination régionale de Tillabéry, lui, contre-attaque ouvertement avec, à chacune de ses sorties, le slogan : « la fin de la servitude politique ». Son départ a fait mal à Hama Amadou et continue à blesser le MODEN/FA Lumana Africa.
En effet, plusieurs personnalités du parti ont fait leur adhésion à la « Convergence Tchana », à l’image de Babalé, gouverneur de la région de Maradi, président de la coordination régionale Lumana de Zinder, de l’ancien Ministre de l’Intérieur, Mounkaila Modi, de la coordination départementale de Ouallam pour ne citer que ces deux- là. C’est surtout à Niamey (second fief du MODEN/FA Lumana/Africa) que la « Convergence Tchana » compte le plus de recrues et enregistre de grandes victoires comme le sacre récent de son adhérent Assane Seydou à la présidence du Conseil de Ville après la révocation du hamiste Oumarou Dogari sur décision d’un Conseil des Ministres.
Le congrès extraordinaire du MODEN/FA Lumana/Africa du 21 décembre prochain viendra donc pour chercher à limiter les dégâts, resserrer les liens de ceux qui ne reconnaissent que Hama Amadou comme leader et pour, enfin, mettre un embelli à l’événement, présenter les nouveaux militants, histoire de montrer que si certains s’en vont, d’autres arrivent. Pour ce qui est de la purge proprement dite, ce sont les coordinations régionales du parti qui tentent tant bien que mal de donner le ton. Si à Tillabéry et Tahoua, on dit avoir réussi l’épuration, non sans des échauffourées et des contestations, à Agadez et à Zinder, les choses s’annoncent plus difficiles. Selon plusieurs sources, l’expulsion d’un Mano Agali, Ministre de la Santé, du Lumana ne laissera qu’une « coquille vide » à Hama Amadou dans la région de l’Aïr. Le même effet risque de se produire dans le Damagaram et le Damergou en cas d’éjection d’Amadou Babalé. De toutes les coordinations régionales du parti de Hama Amadou, seule, celle de Dosso dirigée par l’ancien président du bureau provisoire du MODEN, Oumarou Noma semble avoir gardé jusque-là sa sérénité.
Comme on peut le constater, le parti de Hama Amadou est à la croisée des chemins. 3ème force politique du pays au sortir des dernières élections, le MODEN/FA Lumana/Africa, la plus jeune des formations politiques en vue de l’échiquier national, va-t-elle parvenir à stopper son auto- flagellation ? A moins que le véritable défi pour le parti au symbole de cheval ailé ne soit d’être capable de se regarder dans un miroir au lendemain des prochaines élections. On n’en est pas encore là mais l’âpreté de l’adversité, elle, est pratiquement à la porte de la « maison » du Président de l’Assemblée nationale du Niger.