La république du Niger est sous le coup d’une plainte pour atteintes « aux droits à un environnement sain, à un niveau de vie suffisant, à la santé et au droit des peuples à disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles ».
Dans un communiqué de presse rendu public mercredi par leur avocate, Me Élise LE GALL, trente ressortissants du Niger ont annoncé avoir déposé une plainte contre l’Etat du Niger auprès de la Cour de Justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette plainte est déposée pour dénoncer la lassitude dont ont fait preuve les autorités nigériennes en ce qui concerne le respect des normes de sécurité sanitaire et environnementale dans le cadre des activités des sociétés COMINAK et SOMAIR, filiales d’ORANO (ex-AREVA). Selon le communiqué, ces sociétés nigériennes, exploitent depuis quatre décennies les ressources en uranium dans les mines situées à Arlit et Akokan au Niger. Cependant elles ne respecteraient aucune des conventions préétablies en matière de santé et d’environnement.
Des mesures de sécurité bafouées
En effet, selon le document, « en dépit de son obligation positive de contrôle des sociétés extractives exploitant les ressources en uranium sur son territoire, la République du Niger a failli à ses engagements internationaux en s’abstenant de mettre en place un suivi effectif de l’impact des activités minières tant sur les salariés des sociétés extractives situées à Arlit et Akokan que sur la population environnante vivant dans ces cités minières. Préférant se rallier aux rares études et analyses menées directement par les sociétés extractives, avec lesquelles les différents rapports scientifiques menés par la CRIIRAD et les ONG tant nationales qu’internationales rentrent en dissonance, la République du Niger a manqué à son devoir de contrôle et de vigilance en laissant ainsi à la seule discrétion des sociétés extractives le sort des populations ».
Des travailleurs exposés
La plainte déposée contre l’Etat du Niger qui est actionnaire à hauteur de 31% pour la COMINAK et de 36,6% pour la SOMAIR par l’intermédiaire de la société SOPAMIN, est parti de l’initiative de trente nigériens dont des ex-employés des sociétés incriminées. Selon le communiqué, les plaignants, « touchés par l’exploitation des mines d’uranium dans les villes d’Arlit et d’Akokan au Niger se disent aujourd’hui atteints de diverses pathologies qu’ils estiment liées à l’exposition aux rayons ionisants et à la pollution environnante. La plupart souffrent d’affections respiratoires, de cancers, de paralysies, ou encore de malformations. Tous font le récit d’anciens salariés décédés des suites de ces maladies ».
Il va sans dire que le non-respect, par l’Etat du Niger, des règles strictes de sécurités dans l’exploitation des mines, aurait eu de graves dommages sur les travailleurs comme sur les populations environnantes des carrières. Les victimes dénoncent « la démission totale des cadres de l’administration nigérienne dans le suivi des impacts environnementaux issus de l’exploitation des mines d’uranium à Arlit et Akokan ». Les trente plaignants disent avoir « déposé cette plainte afin que leurs demandes soient entendues pour que des études scientifiques et épidémiologiques sérieuses, indépendantes et transparentes puissent être menées dans le respect de leurs droits, que les pathologies liées aux activités minières puissent réellement être prises en charge et que les sites exploités puissent être effectivement décontaminés ».