Dans un récent entretien avec Niamey et les 2 jours, Timbuktu Institute annonçait la fissure de la Katiba Macina suite à de profondes divergences entre Amadoun Khoufa et ses lieutenants qui lui reprochaient d’avoir « dévié du projet d’instauration de la Dina » de Cheikhou Amadou pour la gestion des conflits fonciers et des bourgoutières notamment.
Pour Bakary Sambe, coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA), qui s’est confié à Niamey et les 2 Jours, « ces heurts qui avaient éclaté vers le 10 janvier ont ravivé la tension au sein de la Katiba et ont délesté Khoufa de nombre de ses soutiens notamment ceux qui avaient facilité son installation dans le Macina »
Les chercheurs de Timbuktu Institute détiennent de sources établies dans le Centre que « l’émergence dans la région de Nampala (centre du Mali) d'un nouveau groupe djihadiste, qui a prêté allégeance à l’État Islamique après avoir revendiqué la double attaque du 30 janvier contre des postes militaires à Sarkala dans le Cercle de Ségou ».
Selon les mêmes sources, « ce nouveau groupe terroriste implanté précisément à Nampala dans le cercle de Ségou se présente comme "les soldats du califat au Mali" (Jund al khilafa fi Mali) et a fait allégeance au successeur d’Abou Bakr al-Baghdadi, l’ex-chef de l’֤État islamique, Abu Ibrahim al-Hashemi al-Qurashi, dont le vrai nom serait Amir Mohammed Abdul Rahman al-Mawli al-Salbi »
Pour Bakary Sambe, qui reste encore prudent sur les orientations de ce nouveau mouvement terroriste, « il serait notamment composé de combattants qui faisaient jusque-là partie de la Katiba Macina d’Amadoun Khouffa, affiliée au groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) »
Selon toujours le directeur de Timbuktu Institute, « d’autres ex-fidèles de Khoufa auraient également quitté récemment cette katiba pour se rapprocher de la mouvance de l’État Islamique au grand Sahara (EIGS) d’Abou Walid Al-Sahraoui. Ils reprochent à Khoufa son inféodation à Iyad Ag Ghaly, la manière dont il répartit les butins de guerre et sa gestion des questions foncières ».
« Ces recompositions qui vont sans doute se poursuivre procèdent d’une stratégie d’adaptation des groupes terroristes qui ont subi cette semaine d’énormes pertes suite à une forte pression de Barkhane et des forces de sécurité de la région qui commencerait à porter ses fruits », conclut Bakary Sambe qui s'est entretenu avec "Niamey et Les 2 jours".