La problématique de l’autonomisation des femmes est une question toujours d’actualité dans notre pays. De plus en plus les femmes, à tous les niveaux, s’affirment dans plusieurs domaines d’activité. A Doguéraoua où l’activité de production de la tomate remonte, historiquement, au début des années 1990, les femmes ont pris conscience de cet atout. Dans le but de profiter de leurs efforts les producteurs et productrices de la tomate de Doguéraoua ont créé des Groupes d’intérêt économique dont le Groupement Alhéri. Ce groupement regroupe plusieurs productrices et transformatrices de la tomate.
Située dans le Département de Malbaza et à quelques kilomètres du chef-lieu dudit département, Doguéraoua se trouve sur la RN1 en allant vers Madaoua. Sur le plan des cultures irrigués, la commune rurale de Doguéraoua est une zone à fortes potentialités avec une terre riche et des ressources en eau suffisantes, car traversée par la vallée de la Maggia sur près de 40 km selon les services techniques de la localité.
Les principales productions sont la tomate, l’oignon, la courge, le choux, et bien d’autres. La tomate attire de plus en plus, un nombre important de producteurs. Historiquement, selon les membres du groupement, la production de tomate à Doguéraoua date de plusieurs années et est, à ses débuts, destinée à la consommation locale. Mais depuis près de trois décennies, la tomate de Doguéraoua intéresse les pays de la sous-région, notamment le Nigéria, le Bénin, le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Burkina Faso. Selon les responsables de l’Association des producteurs de tomate, ce sont environ 10.000 tonnes de tomates qui sont produites chaque année.
Cette abondante production a stimulé les femmes de cette localité à la transformation artisanale de ce produit. Organisées autour du groupement Alhéri, ces braves femmes ne ménagent aucun effort pour contribuer à la promotion de la consommation de la tomate localement produites par les ménages. Elles se battent pour faire de Doguéraoua une référence dans la filière tomate au Niger. «Notre souhait c’est d’avoir du matériel nécessaire de travail. C’est aussi notre ambition de contribuer à faire de Doguéraoua une référence dans la production et la transformation de la tomate au Niger et une référence dans la sous-région», déclare Mme Rabi Chéhou.
La transformation de la tomate se fait en deux formes : la tomate mise en boite sous forme de concentré et la tomate séchée. Elles sont environs 50 femmes membres du groupement qui exercent soit dans la production, soit dans la transformation. Les produits transformés sont vendus dans les différents marchés du Niger, à Maradi, à Zinder, à Tahoua et à Niamey. Mais aussi, selon Mme Rabi Chéhou, les produits sont exposés à toutes les foires agroalimentaires.
Parlant des difficultés rencontrées, elle a évoqué un grand besoin en termes de renforcement des capacités (formation) et en matériel de travail (pour la transformation). «Car si on veut faire de Doguéraoua une référence dans la filière de la tomate, comme nous le souhaitons tous, il faut aller vers la qualité. Et pour avoir des produits de qualité, il nous faut du matériel et des formations», a-t-elle dit.
Pour la consommation locale, le produit est déjà apprécié par la population qui de plus en plus abandonne les tomates importés. Au niveau des autorités communales de Doguéraoua, une attention et des soutiens sont en train d’être apportés en vue d’accompagner les groupements et les différentes organisations de la filière tomate. Hindou Attawel, une autre membre dudit groupement, estime que si elles sont arrivées à ce niveau, c’est aussi grâce aux appuis des autorités et à celui de certains partenaires au développement. Avec la construction d’une unité de transformation en cours d’équipement, elle a indiqué que l’espoir est permis. Toutes ces productrices de tomate souhaitent voir l’opérationnalisation effective de cette unité qui ouvrira beaucoup d’opportunités pour les femmes de la commune rurale de Doguéraoua.