Au Niger, des centaines de milliards de francs CFA manquent à l'appel. En effet, un audit a mis au jour d'importants détournements de fonds dans le secteur de la défense. Des détournements qui ont des conséquences directes pour les soldats impliqués dans la lutte anti-jihadiste.
L’audit révèle des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées dans des achats d'équipements pour l'armée. Selon le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé : « des soldats se font tuer sur le front alors que les hommes d’affaires et leurs complices tapis au sein du ministère se sucrent. »
Cet audit, mené sur instruction du chef suprême des armées, le président Issoufou Mahamadou, a mis en évidence des malversations financières entre 2011 et 2019. Des sources bien informées au ministère de la Défense indiquent que la gabegie concerne surtout les trois dernières années 2017-2019 : surfacturation, fausses factures, faux bons de livraison et bien sûr décaissement de plusieurs milliards de francs CFA au Trésor public.
Des proches de la mouvance présidentielle cités
Les exemples donnés sont légion : deux hélicoptères de 30 millions de dollars ont été surfacturés à 47 millions de dollars. Plusieurs hommes d’affaires proches de la mouvance présidentielle ont été cités dans l’audit. Sur un marché de 151 milliards de francs CFA par exemple, 75% sont allés à une seule société, celle de l’homme d’affaires Boubé Hima, alias « Petit Boubé ».
Le manque à gagner pour l’État s’élèverait à près de 100 milliards de francs CFA (15 millions d'euros). Aussi pour rentrer dans ses droits, le gouvernement a décidé de faire rembourser le montant indûment perçu entre autres, et de transmettre aux tribunaux compétents les dossiers des fournisseurs qui refuseraient de s’exécuter.