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Enquête sur les fonds de l’armée détournés : Le ministre Issoufou Katambé va-t-il démissionner ou ravaler sa rage en silence ?

Publié le dimanche 1 mars 2020  |  Le Courrier
Issoufou
© Autre presse par DR
Issoufou Katambé, Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement
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« Je suis prêt à mourir pour faire payer les responsables de ces indélicatesses », a déclaré le ministre de la Défense nationale, Issoufou Katambé. Or, selon toute vraisemblance, l’affaire de l’audit des fonds destinés à l’armement et à l’équipement de l’armée est sans doute en train de tourner court. L’enquête, bouclée, il y a peu, a révélé, selon le ministre Katambé, des monstruosités d’une telle énormité au point qu’il dit craindre, si justice n’est pas rendue, des actions de représailles et/ou de vengeance de la part de soldats révoltés par le contenu ou de parents de victimes militaires. Pour Issoufou Katambé, au regard de la cruauté des actes posés, les auteurs des détournements mis à nu ne méritent autre chose que la potence. Une opinion largement partagée et répandue par l’opinion nationale, choquée de découvrir que des hommes ont fait de l’insécurité un fonds de commerce qui les a considérablement enrichis. Indiquant que l’audit l’a conduit en Israël, en Chine, en Russie et en Ukraine, le ministre de la Défense informe avoir déjà fait savoir au Président Issoufou que les personnes responsables du massacre des soldats nigériens, dont certains ont à peine 20 ans, devraient être exécutées. Katambé ne décolère pas. Il souligne ainsi qu’il a découvert, lors de ses tournées dans les différents casernements et autres postes avancés, que les militaires manquent pratiquement de tout. Pire, les armées et munitions dont ils disposent sont défectueuses.

Quid du rapport sur les fonds de l’armée qui lui a été remis ? Le Président Issoufou n’en a dit mot. C’est l’omerta totale.

Bouclé et remis au président de la République, chef suprême des armées, le rapport risque de ne jamais être rendu public. Aussitôt qu’il l’a reçu, le Président Issoufou, que l’on dit fâché, a décidé d’un audit généralisé de l’administration publique. Selon l’information diffusée, non pas par les canaux officiels, mais par l’association des jeunes socialistes, les enquêtes à entreprendre concerneront aussi bien les ministères que les autres institutions de la République, notamment les gouvernorats, les préfectures et les représentations diplomatiques. Un projet titanesque qui prendrait sans doute des années, le Niger ne disposant pas d’auditeurs en suffisance pour mener lesdites enquêtes. Quid du rapport sur les fonds de l’armée qui lui a été remis ? Le Président Issoufou n’en a dit mot. C’est l’omerta totale.

La réaction du Président Issoufou n’a rien de surprenant.

De l’avis de nombreux observateurs, le Président Issoufou va mettre le coude sur ce rapport, des rumeurs persistantes faisant courir le bruit que les personnes impliquées sont plus que rassurées quant au sort qui sera réservé à cet audit. Du général Waly Karingama qui a refusé de répondre aux enquêteurs aux ministres et autres grands commis de l’Etat, c’est la confiance totale en un système qui a fait déjà la preuve que les membres du club ne triment jamais. Pourtant, il y a eu des centaines de morts du fait de leurs actes. La réaction du Président Issoufou n’a rien de surprenant. Maintes fois, en pareilles circonstances, les auteurs de crimes économiques ont bénéficié de sa protection et de son soutien.

Les individus protégés et promus par le Président Issoufou sont légion

L’ancien directeur général de la douane, Issaka Assoumane, a été nommément épinglé dans un rapport d’inspection de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) dans un dossier de dissipation de matériels divers d’une valeur de plus de six milliards de francs CFA à la Soraz (Société de raffinerie de Zinder). Alors que la Halcia a ordonné le blocage de ses comptes bancaires, le Président Issoufou, pour le soustraire à la procédure, l’a nommé directeur de Cabinet auprès de lui. Le blocus sur ses comptes a été également levé. Il y a eu d’autres cas, notamment celui de l’ancien directeur général de la Caima (Centrale d’achat d’intrants et de matériels agricoles), Maïzama Gaya. Officiellement accusé d’avoir dissipé près de huit milliards de francs CFA, il a été nommé consul du Niger à Kano.

Le ministre Katambé, désormais face à sa propre conscience.

Le ministre Katambé a peutêtre trop vite parler. Il s’est lancé un défi qu’il ne pourra sans doute pas relever. Le Président Issoufou à qui il a remis le rapport n’a montré, en neuf ans de pouvoir, aucune prédisposition, encore moins d’engagement quelconque dans la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Des discours, rien que des discours qu’il ne se gêne pas du tout de prendre à contre-pied. Katambé n’est manifestement pas sur la même galaxie qu’Issoufou Mahamadou. L’ignore-t-il vraiment ? C’est improbable. Pris entre le marteau et l’enclume, entre un peuple qui l’a subitement adulé et considéré comme le modèle du gouvernant dont le Niger a besoin, et un magistrat suprême peu enclin à châtier les voleurs de l’Etat, y compris ceux qui ont les mains tâchées de sang, le ministre Katambé est désormais confronté à sa propre conscience. Va-t-il démissionner ou ravaler sa rage en silence ?

Laboukoye
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