Un audit au ministère nigérien de la Défense jette un pavé dans la mare et met l’armée dans une zone de turbulences. Cet audit a révélé déjà des cas de soupçons de surfacturation et de non-livraison de matériel militaire. La révélation a secoué l’armée nigérienne et selon les autorités, l’affaire pourrait se terminer devant les tribunaux parce que le dossier est déjà ficelé. Et il semble être déjà sur le bureau du président de la République et le Parquet.
Un audit au sein du ministère nigérien en charge de la défense a révélé des manquements dans la gestion de certains responsables. Les révélations de l’audit ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Elles ont créé la polémique dans l’opinion nationale sur la gestion du pays. Ce sont plus de 1700 milliards qui ont été dissipés à partir des budgets destinés à l’armée. De ces révélations se mêlent fausses commandes, commandes réelles de matériels défectueux et inutilisables, en passant par des prestations de maintenance imaginaires. Ce pillage qui se pratiquait et qui existait de 2017 à 2019, a permis aux auteurs de multiplier les techniques pour s’enrichir sur le dos de l’Etat.
En effet, les révélations de l’audit ont mis en cause plusieurs personnes pour surfacturation et non-livraison de matériel militaire. Ces soupçons qui pèsent sur certains gradés de l’armée nigérienne concernent aussi des hommes politiques, membres influents duparti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), parti au pouvoir et des hommes d’affaires. Les exemples révélés par l’audit expliquent les racines du mal. Deux hélicoptères de 30 millions de dollars ont été surfacturés à 47 millions de dollars. Le manque à gagner pour l’État s’élèverait à près de 100 milliards de francs CFA.
Pendant que l’armée peine à sécuriser des zones du pays comme Tillabéry et Diffa, certains responsables en charge de la sécurité et de la défense ont multiplié les astuces, les stratégies et les complots avec leurs complices pour s’enrichir. Avec de tels actes, l’armée ne pouvait pas faire face à l’ennemi, à plus forte raison entreprendre des actions de représailles justifiées. Ce scandale témoigne comment certains responsables sont prêts à sacrifier leur pays au profit de leur propre bonheur. Et le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katambé de renchérir : « des soldats se font tuer sur le front alors que les hommes d’affaires et leurs complices tapis au sein du ministère se sucrent ».
En Afrique, il faut être dans certains pays pour comprendre la mission de certaines responsables. Au lieu de rivaliser de ruse contre l’ennemi, ils le font pour autres choses. De tels détournements ont eu des conséquences pour les soldats impliqués dans la lutte anti-jihadiste au regard de certains évènements vécus par l’armée.
Pour le gouvernement, cet audit a relevé des insuffisances notamment au niveau des procédures de passations des marchés ainsi que dans le suivi de leur exécution. Ainsi, le gouvernement a décidé « de faire rembourser les montants indûment perçus soit en raison de surfacturation, soit au titre des paiements de service et livraisons non effectuées ou partiellement effectuées, de transmettre aux tribunaux compétents les dossiers des fournisseurs qui refuseraient de s’exécuter, de prendre les sanctions administratives appropriées à l’endroit des agents publics incriminés et de renforcer en compétence l’administration des marchés du Ministère de la Défense, de réviser les procédures de passations des marchés ».
Il a rappelé que « l’équipement et l’amélioration des conditions de vie et de travail des forces de défense et de sécurité constituent un axe majeur des priorités de son programme ». Et dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement a révélé avoir réceptionné deux nouveaux hélicoptères de combat pour renforcer les forces armées nigériennes.