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Issoufou Mahamadou, la biométrie et la peur de 2021

Publié le vendredi 6 mars 2020  |  nigerdiaspora
Élections
© Présidence par DR
Élections au Niger : Le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou a été enrôlé
Lundi matin 17 février 2020. Le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou ainsi que les Premières Dames Hadjia Aissata Issoufou Mahamadou et Dr. Lalla Malika Issoufou Mahamadou ont été enrôlés en vue des futures élections au Niger
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La démocratie nigérienne, sortant de son parcours accidenté, est depuis des mois dans l’incertitude, vivant des convulsions, et ne peut hélas toujours pas s’apaiser par une attitude responsable de la part de ses acteurs pour rassurer de vivre enfin l’expérience la moins instable. Depuis trente ans nous sommes dans le défaitisme, incapables de nous écouter pour choisir le meilleur pour nous-mêmes et pour notre pays qui ne peut vivre le bonheur auquel le prédestinent ses potentialités énormes. Chaque fois qu’un autre à le pouvoir, il pense qu’il est plus fort, qu’il est plus malin. Et la démocratie souffre de ces suffisances et de ces égoïsmes. Mais on eut l’intelligence, sous la 5ème République, pour mettre fin aux tâtonnements et à l’aventure conflictuelle d’une démocratie plusieurs fois interrompue qui tente de s’installer, de créer un cadre politique, le Conseil National de Dialogue politique (CNDP) pour désamorcer les crises en permettant à la classe politique, cultivant la tolérance, de discuter de ses points d’achoppement, de ses divergences afin de s’entendre sur un minimum qui sauve la démocratie et le pays. Mais les socialistes nigériens, pseudo-démocrates ne donnèrent jamais de chance au CNDP de jouer son rôle de régulateur de tensions et ils le bannirent, certains d’entre eux pouvant même dire qu’il n’est pas indispensable car dans leur entendement, fort d’une majorité, il n’y a plus à se soumettre aux desideratas d’une opposition, estimant qu’ils peuvent agir à leur volonté, dans le mépris des autres et de leur opinion dans la démocratie et dans la nation. La rupture au sein de la classe politique a été des plus brutales ces dernières années car cela fait plus de six ans que les acteurs politiques ne se parlent plus, étant arrivés à un point de détestation qui ne donne aucune chance à la tolérance. Pourtant, lorsque l’opposant que l’on disait charismatique arrivait enfin au pouvoir, au nom des combats qui furent les siens, au nom des valeurs qu’il prêchait, personne ne pouvait croire que sous son magistère, le Niger puisse connaitre les mêmes tares, les mêmes abus, la même mal gouvernance qu’il avait décriée avec hargne. Entre l’homme et ses discours il y avait un grand fossé. En lui, on ne vit jamais le grand démocrate dont il donnait l’image ; ainsi laissaitil se développer au coeur de son système des actes répréhensibles avec une pègre qui est, de toute l’histoire du pays, la plus redoutable, la plus prédatrice, la plus avide : avide d’argent facile, avide d’étages, avide de villas somptueuses, avide de brillance dans une société où, sciemment, ils ont étouffé les autres, pour être seuls à briller. C’est alors qu’on tenta de tuer économiquement et politiquement les autres : concassage des partis politiques et des commerces, exclusion sauvage dans l’attribution des marchés et dans la distribution des rôles dans l’administration, raflant les positions «juteuses» pour n’en laisser que les miettes aux « souteneurs » sans orgueil. Et l’homme n’eut jamais la main forte qu’il fallait, même avec son « Boulala » agité pendant quelques jours pour faire semblant de ses réveiller enfin, pour sévir dans le milieu et dissuader la horde de potentiels prédateurs qui infestent l’empire rose.

C’est dans cette situation de chaos annoncée que le Niger, s’apprête à entrer dans une année électorale faite de risques majeurs avec un processus dompté par le régime et des composantes politiques essentielles mises en marge, ignorées et méprisées. La loi électorale et la CENI ne font pas consensus et l’on a vu au dernier débat citoyen organisé par les réseaux des télévisions privées du Niger, un participant relever et plaindre que le représentant de la majorité maitrise mieux ce qui se fait à la CENI que le représentant de la commission, déduisant ce faisant de la partialité des prochaines élections et toutes les inquiétudes que l’on peut légitimement ressentir face à cette conduite. Mais, alors que le processus est boudée et boycotté par les oppositions politiques à travers ses différentes franges, le président qui devait rendre possible le fonctionnement harmonieux de toute l’administration, faisant fi des déchirures qui impactent la préparation des prochaines consultations, l’on peut entendre le président sortant s’en féliciter, donnant à s’inquiéter de l’issues de ces prochaines élections bancales que le système a pris en otage pour confisquer la victoire du peuple en 2020-2021 comme il en a eu la triste réputation en 2016.

On a vu, la semaine dernière, le président avec sa famille, se rendre à l’Hôtel de Ville pour se faire enrôler, un exercice auquel s’était déjà donné le premier ministre. C’est un fait après tout banal, tout à fait normal. Cependant, après s’être fait enrôler, le président, comme toujours, s’est prêté au jeu des médias pour « lancer un appel aux citoyens » à faire comme lui pour se faire massivement recenser afin de rendre possible l’élaboration pour la première fois d’un fichier biométrique dans le pays et dans notre démocratie. Mais dans ce qu’il a dit à la presse, l’on peut lire davantage que cet appel. L’on a surtout vu, dans une intervention un homme impuissant et inquiet.

Un homme impuissant…

Encore une fois l’on a entendu le président réitérer, sans qu’on y croit trop, sa volonté d’organiser avant de partir en 2021 « des élections justes, inclusives et transparentes ». Pour que cela soit, comme pour se dérober à ses charges, on l’a entendu appeler les « partis politiques » à aller au dialogue politique comme s’il n’a pas les moyens, lui qui est censé se mettre audessus de la mêlée, de rendre possible ce dialogue qui serait alors difficile pour lui à imposer à la classe politique et surtout au thuriféraires de son camp. Sait-il que c’est lui qui répond en dernier ressort pour ne pas écouter des faucons et choisir pour lui-même et pour sa grandeur, la sortie honorable que certains veulent lui éviter ? Qui n’avait pas entendu derrière ces mots l’impuissance d’un homme qui ne peut plus dominer les événements pour les conduire dans le sens souhaité ? C’est comme s’il appelait, suppliait même les partis politiques à rendre possible le dialogue politique. Faut-il dès lors croire que l’homme est l’otage de son système, au coeur de contradictions qui sont alors plus fortes que l’emprise qu’il est censé avoir sur le système qu’il conduit ? Mis à mal par l’ampleur des scandales qui émaillent sa gouvernance révélées chaotique, l’homme est presque sans voix, ne sachant plus à quel saint se vouer ; les siens auxquels il a aveuglément fait confiance l’ont trahi et trahi le pays.

Peut-être envahi par des peurs, l’avenir ne le rassure plus

Lorsqu’il parle de partis politiques qui devraient s’entendre à aller à un dialogue politique, à qui pense-t-il ? Peut-il, lui, ne pas avoir de place dans ce dialogue que l’on sait important pour la suite des événements dans le pays ? A-t-il peur du PNDS de Bazoum pour ne pas l’amener à aller au dialogue étant entendu que tous les observateurs ont compris que c’est lui qui bloque pour son propre agenda ? Pourquoi alors, demandant aux autres de provoquer le dialogue, il se met en retrait comme pour faire endosser la responsabilité aux partis politiques ? Faut-il voir là un manque de courage politique, une fuite de responsabilité de la part d’un chef dépassé par des événements que ses laxismes ont laissé pourrir jusqu’à ces sommets qui ne permettent aucune lecture intelligible du sort d’un pays au confluent de crises multiples et multiformes ?

L’on peut croire qu’enfin – alors que c’est un peu tard – le magistrat suprême réalise jusqu’où, jusqu’à quel extrémité et quel extrémisme, sa politique de bannissement, de provocation, d’ostracisme, d’insouciance, de mépris de l’autre, a fini par conduire le pays aujourd’hui au bord du gouffre. Le Niger, à vrai dire, se porte mal et il y a à faire beaucoup attention. Mme. Bazèye attirait déjà l’attention d’un président qui rentrait en fonction un 7 avril 2011 sur les louanges des courtisans zélés pour ne pas écouter les faucons qui vivent des flatteries qu’ils proposent aux plaisirs du prince. Est-il possible de gouverner pour ne jamais écouter personne et rien ? Pourquoi donc ces socialiste se sont crus si puissants à mépriser tout ce qu’il y a dans la nation pour n’en faire qu’à leur tête, ne répondant qu’à leurs fantaisies et leurs vanités ? Aujourd’hui seulement, peut-il se rendre compte, lui qui aspire à rentrer dans l’histoire du pays, que les agissements des théoriciens de son système l’ont conduit à sa perte car après neuf années de surdité et de persécutions, la Renaissance a créé toutes les conditions objectives pour conduire ce pays fragile à sa perte. La situation est si critique qu’il pourrait s’interroger ces derniers temps sur la fiabilité de la candidature qu’il a imposée à son camp politique, une personnalité controversée qui pourrait être à la base des déboires de son système par ses paroles peu mesurées, à la désaffection et au désamour entre son régime et les Nigériens qui ne peuvent se retrouver à travers les discours que cet homme a toujours tenus pour agacer nos différences et nos divergences. Le président peut dans ces conditions mesurer la part de responsabilité qui serait la sienne dans les déchirements futurs inexorables que son choix pourrait avoir sur le pays.

Aussi, pouvait-on entendre dans la voix du président qui finissait de se faire enrôler, lui et sa famille, les angoisses qui le tenaillent, les inquiétudes qui le minent intérieurement. Plus que jamais, le président Issoufou, l’eut-on compris, sait à quel point sa responsabilité historique est engagée dans ce qui devra être le Niger après lui. C’est pourquoi, il ne doit pas confondre ces silences des Nigériens et notamment de son opposition comme étant le signe d’une faiblesse et d’une renonciation à la lutte.

Les Nigériens pensent leur pays et il est temps de se mettre du côté de ce peuple. Ça grogne dans les villes et pire dans les campagnes où, en plus de ne plus voir l’Etat à leurs côtés dans les moments difficiles qu’elles vivent pendant que le régime, pour son prestige érige des immeubles insolents dans la ville, ne sait plus dormir du fait d’une insécurité qu’il n’a pas été capable de maitrise L’heure est grave : pour ne plus jouer avec le destin du peuple.
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