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Labo Mahamadou, président de la délégation spéciale de Tchadoua : «Le marché de Tchadoua est l’un des pôles économiques de la région de Maradi et c’est en réalité le poumon de la commune»

Publié le vendredi 13 mars 2020  |  Le Sahel
Labo
© aNiamey.com par DR
Labo Mahamadou, Maire de la commune de Tchadoua (Maradi)
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Monsieur le Maire, certaines communes de la Région de Maradi sont confrontées à l’insécurité, comment se présente la situation à Tchadoua ?

Avant de répondre à votre question permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue ici à Tchadoua. En ce qui concerne la sécurité à Tchadoua, par la grâce d’Allah, la situation est très bonne, elle est calme. Nous n’avons pas de problème majeur. Ne me demandez pas notre recette. Ce que je peux dire c’est que la population est pleinement impliquée dans tout le dispositif que nous avons mis en place et que l’ensemble des 103. 600 habitants dorment bien et vaquent régulièrement à leurs occupations. De ce point de vue, la sécurité est assurée en grande partie par la population. C’est vrai, il y a le concours des forces de Défense et de sécurité, notamment la patrouille départementale qui est régulièrement chez nous surtout dans la bande sud où nous partageons presque la frontière avec le Nigéria et une commune où, c’est vrai il y a des soucis d’insécurité, la commune de Dan Issa. Sinon globalement ici, on peut dire que ça va sur ce plan là. Nous avons un commissariat ici et nous travaillons en parfaite collaboration avec

l’effectif de la police.



Vous avez tantôt parlé de la collaboration de la population. Est-elle organisée en brigade ou bien comment ça se passe concrètement ?

C’est pourquoi, je vous ai demandé de ne pas nous poser la question, on ne va pas vous donner notre recette. Madame a effleuré un peu la question mais pour un souci d’efficacité, nous n’allons pas vous décliner ce que nous faisons, mais c’est bien l’implication pleine et entière de la population.



Tchadoua dispose d’un grand marché de renommée, quel est l’apport de ce cadre d’échange dans les recettes fiscales de la commune ?

C’est vrai et vous l’avez visité. Le marché de Tchadoua est l’un des pôles économiques de la région de Maradi et c’est en réalité le poumon de la commune. C’est un marché de renommée internationale même. Ces activités drainent l’essentiel des ressources financières de la commune. C’est vrai au cours des années comme celles-ci où la campagne agricole n’a pas répondu à nos attentes, on a pris un coup, mais bon an mal an, ça a permis à la commune de faire face à ses obligations de souveraineté et même à investir. Donc nous pouvons dire que ce grand marché est vraiment le poumon économique de la commune.



La commune rurale de Tchadoua est une référence dans le domaine de la culture et la production du souchet, quelle est la contribution de cette filière dans l’économie locale ?

Comme je le disais tantôt, au même titre que les autres spéculations, le souchet rapporte beaucoup aussi bien à notre population qu’à la commune. C’est vrai, je le disais en octobre dernier à un de vos collègues, le souchet ici à Tchadoua représente notre « uranium», il représente l’oignon violet de Galmi, il représente le poivron de Diffa. Ici, à Tchadoua, c’est le souchet qui est notre principale spéculation qui rapporte suffisamment des devises pour les producteurs et pour la commune. Ce qui est un peu regrettable et peut être on va en parler plus loin, c’est que la commercialisation du souchet de Tchadoua souffre sérieusement d’un manque de structuration. Vous l’avez sans doute constaté que la commercialisation du souchet de Tchadoua évolue dans l’informel ; ce qui n’est pas sans conséquence aussi bien pour le producteur que pour le circuit de vente.



Qu’est-ce que vous envisagez alors dans le cadre de la structuration de la filière ?

Nous sommes une délégation spéciale qui a été installée le 8 avril 2019 suite au décret du 25 Mars 2019 issu du Conseil des Ministres du 25 Mars 2019. Il est vrai que nous connaissons parfaitement cette collectivité territoriale et partant de là, l’un des nos objectifs depuis que nous sommes installés, c’est justement la structuration du commerce de souchet avant de passer le flambeau au conseil municipal élu. C’est ainsi que nous comptons avec nos partenaires comme le PRODAF mettre sur pied la filière souchet en la dotant d’une structure et d’une organisation de son circuit de commercialisation. Cette filière qui sera mise en place prendra en charge tout ce qu’il faut pour que le producteur soit sécurisé ; que celui-ci gagne le maximum possible du fruit de son dur labeur. Par ailleurs, il faut qu’au-delà de l’aspect financier, Tchadoua soit connu même à l’extérieur. Cela peut aussi nous permettre d’avoir à l’extérieur des relations. Il ne suffit pas seulement de vendre la production, mais plutôt de créer les conditions pour que le souchet de Tchadoua soit aussi un ambassadeur de la Commune. Le souchet de Tchadoua va jusqu’en Europe. Mais très malheureusement avec le nom d’un autre pays voisin alors que ce sont nos producteurs d’ici qui le cultivent. C’est pourquoi, nous comptons avec cette filière rehausser significativement les revenus des producteurs d’une part et d’autre part faire en sorte que Tchadoua, Aguié, le Niger soit connu sur ce plan là. Le violet de Galmi a fait connaitre la Région de Tahoua au niveau de toute l’Afrique de l’Ouest. Pourquoi pas le souchet de Tchadoua ? Le souchet de Tchadoua peut aussi faire connaitre la Région de Maradi même en Europe. Cela est extrêmement important pour nous. Le PRODAF qui est l’un des rares partenaires de la commune rurale de Tchadoua va construire tres prochainement un marché de demi-gros. La réflexion sur ce projet est à un stade avancé. Nous sommes en train de mettre en commun nos efforts pour que la filière souchet naisse pour combler ce vide qui existe actuellement.



Les producteurs de la filière souchet sont-ils organisés pour faire de Tchadoua un véritable pôle de commercialisation et de transformation de ce produit ?

En réalité, vous l’avez sans doute constaté qu’il n’y a pas une organisation digne de ce nom. Ce qui se passe actuellement obéit à une organisation au stade traditionnelle. Le producteur vient de lui-même ; il vend au prix qu’il veut. Mais depuis que nous sommes là, nous avons mis en place un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) qui a eu déjà son agrément. Et très prochainement, nous allons lui trouver son NIF, un registre de commerce etc. pour une bonne structuration du marché. Nous avons surmonté la première difficulté. Il faut que la culture du souchet qui est un aspect de l’agriculture ne soit plus comme avant. Pour que les Nigériens puissent nourrir les Nigériens, il faut que tous les aspects de l’agriculture y compris la commercialisation soient bien structurés. Pour ce qui est de la transformation, il est vrai que nous n’envisageons pas pour l’instant cet aspect, mais nous voulons mettre l’accent sur l’organisation de la commercialisation.



Le commerce est l’activité phare des populations après l’agriculture, quel est l’impact de la fermeture des frontières du Nigeria sur les activités commerciales dans votre entité administrative ?

Ah oui ! C’était tombé comme un couperet. C’était précisément le 20 Août 2019 que le Nigeria a décidé de fermer ses frontières d’avec le Niger. C’était une très mauvaise nouvelle pour le Niger et son peuple. Le souchet dont on parlait tantôt est écoulé à presque 99,99 % vers le Nigeria. Les intermédiaires et d’autres revendeurs faisaient le plein tous les vendredis et parfois même depuis le jeudi. D’un seul coup, tout ce beau monde a été désagréablement surpris. Tous les véhicules qui transportaient ce souchet là se sont vus carrément stoppés à l’entrée du Nigeria parce que c’était sans sommation. Personne ne voyait venir la fermeture des frontières du Nigeria. Depuis, cette date, nos recettes ont baissé de plus de 80%. La fermeture de la frontière ici à Tchadoua a mis à genou un moment l’économie surtout dans les deux premières semaines voire le tout premier mois. Le pouvoir d’achat de tous ceux qui sont dans le système a sérieusement baissé. La fermeture des frontières du Nigeria n’était vraiment pas la bienvenue. Cette situation qui est venue s’ajouter à la mauvaise campagne agricole constitue un problème difficile à supporter par les populations. Pour ce qui est de la commune, nous avons redoublé les efforts avec d’autres taxes sur lesquelles nous avons appuyé sur l’accélérateur. Ce qui nous a permis de maintenir ce cap.



Quelles sont ces taxes sur lesquelles vous avez appuyé pour maintenir le cap ?

Nous avons par exemple dépoussiéré la taxe sur l’occupation du domaine public. Cette taxe n’était pas payée avant notre arrivée. Dès notre arrivée, nous avons fait le recensement exhaustif de tous les kiosques, et les parties du domaine public occupé. Dans un premier temps, nous avons approché ceux qui en bénéficiaient. Nous nous sommes entendus par la grâce de Dieu. Ce sont des recettes très importantes qui sont rentrées dans les caisses de la commune. Nous sommes en train d’explorer d’autres taxes que nos prédécesseurs n’avaient pas pensées utiles de prélever. Avec la sensibilisation et le fait que nous investissons les taxes que nous prenons de la population, cela n’est pas un problème pour les populations. Peut-être que vous avez vu du goudron au marché, toute cette voie était impraticable pendant la saison des pluies. Ce problème est désormais derrière nous parce que dès notre arrivée, avec l’appui du génie rural, nous avons règlé ces maux avec les ressources propres de la commune. Nous avons aussi construit des classes à structure évolutive ; des appuis dans le domaine de la santé etc. Bref, nous avons fait beaucoup de choses au profit exclusif des populations de telle sorte que lorsque nous demandons à la population de mettre la main à la poche, cela ne grince plus des dents comme avant. Nous avons trouvé la taxe municipale de la commune à 2, 4 %. Pour l’exercice 2020, déjà sans trop de pression, nous sommes à plus de 50 %. Ce qui veut dire qu’avec un peu de sensibilisation, la population n’hésite pas à payer la taxe.



Dans le cadre du processus de la décentralisation au Niger, l’Etat a décidé depuis quelques années de transférer aux collectivités territoriales un certain nombre de domaines de compétences, peut-on dire que ce transfert est effectif à Tchadoua ?

Ah oui ! C’est extrêmement important. Le transfert de compétences est une étape décisive dans le processus de la décentralisation au Niger. Vous nous avez trouvé en réunion avec l’inspecteur départemental de l’enseignement primaire d’Aguié et d’autres acteurs de l’éducation. C’est la preuve que le transfert de compétences du côté de l’éducation est effective. Tout ce qui se passe est décidé ici parce que nous sommes l’acteur principal surtout du côté de l’éducation. C’est pareil au niveau de la santé ; de l’Hydraulique et de l’Environnement. Toutefois, il ne faut pas se voiler la face, le transfert de compétences est progressif. Je suis un peu gêné d’entendre certains collègues penser que ce transfert sera systématique à 100%. Non. Je suis tout à fait d’accord que ce processus continue de cette manière. Ici à Tchadoua, on peut dire sans risque de se tromper que les quatre domaines transférés marchent bien. Et l’option de transférer progressivement les domaines apparait à nos yeux la bonne démarche. Nous pensons que tous les domaines transférés seraient un peu précipités.


Réalisé par Mme Fatouma Idé et Hassane Daouda
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